Auto

La saison des cent fleurs

Vraiment, l'automobile a la vie dure. À tous ceux qui, au plus fort de la crise de l'énergie, prophétisaient sa fin prochaine, la période 1975-76 aura apporté un démenti cruel.

Reprise

Sur les routes et les autoroutes, au moment des grandes migrations estivales et hivernales, dans les rues des grandes villes comme dans celles des bourgades plus modestes, l'auto a retrouvé (voire accentué) une position que rien (ni la hausse de l'essence ni les limitations de vitesse ou la floraison des parcmètres) ne semble désormais pouvoir entamer. Parce que, sans doute, aucun substitut valable n'a été trouvé pour remplacer cet (encore) irremplaçable moyen de transport qu'utilisent des millions de vacanciers et de travailleurs, les banlieusards des agglomérations démesurées comme les campagnards, que la voiture tire de leur isolement.

Si le sociologue peut à bon droit s'interroger sur la profondeur des motivations (goût de la liberté, sens de l'individualisme) qui poussent les automobilistes à rester fidèles à leur symbole sur quatre roues de la société de consommation, le spécialiste, quant à lui, ne peut que constater la multiplication des naissances.

Après une saison 1974-75 qui avait vu, pour ne parler que de la France, la sortie de modèles aussi importants que la Renault 30 TS, la Peugeot 604 ou la Citroën CX, on aurait pu imaginer une pause. Et, certes, ces arrivées étaient, si l'on peut dire, compensées par la disparition de modèles anciens tels que la 404 Peugeot ou la célèbre DS — que la 604 Peugeot allait, symbole d'une autre époque, remplacer comme voiture officielle dans les cours des ministères et les allées de l'Élysée.

Nouvelles gammes

Mais, très vite, le mouvement qui poussait les constructeurs à aller de l'avant est reparti. Au Salon de Paris, en octobre 1975, c'est Simca qui tient la vedette avec ses 1307 et 1308, intelligentes voitures moyennes qu'un jury de journalistes élira justement comme voitures de l'année. Le changement, pourtant, ne s'arrête pas là. Peugeot avec sa nerveuse 104 ZS, Renault avec sa R 20, Citroën avec ses versions Pallas et Prestige et diesel de la CX, montrent qu'à partir d'un modèle de base il est possible de faire fleurir « les 100 plans ».

À l'étranger, Opel renouvelle entièrement ses modèles Ascona et Manta, Ford Allemagne lance une nouvelle gamme Taunus, tandis que Mercedes n'hésite pas à modifier les lignes et les cylindrées de sa flotte moyenne. Leyland, le géant britannique en difficulté, accentuera la mêlée des petites voitures en lançant une soeur italienne de la Mini, l'Innocenti, qui rencontrera sur les routes la nouvelle Opel City. Et Porsche, avec sa 924, n'hésitera pas à abandonner tout à la fois son traditionnel moteur arrière et ses prix élevés pour emprunter la plupart de ses éléments mécaniques à la grande série. Un signe des temps !

Sans coup férir, le printemps 1976 verra l'éclosion d'une voiture entièrement nouvelle, la Renault 14, par laquelle la Régie entend répondre au succès des Simca 1307 et 1308. Car le fait est là : non seulement les nouveaux modèles prolifèrent, mais encore (et c'est là la vraie surprise) ils se vendent très bien.

Or ce n'était pas là une évidence pour les constructeurs automobiles qui, au début 1975, regrettaient pour la plupart d'avoir prévu, plusieurs années auparavant (c'est-à-dire à une époque où personne n'aurait osé prophétiser la fin prochaine de l'âge d'or de la consommation), la fabrication d'un aussi grand nombre de nouveautés. Les regrets s'exprimaient surtout autour des grosses cylindrées (R 30 et 20, CX, 604), gourmandes consommatrices d'énergie en ces temps d'austérité.

Nouveautés françaises

Renault 20 L. Berline : 5 places, 5 portes, 1 647 cm3, traction AV, 9 CV, 90 ch (DIN) à 5 750 tr/mn. Freins à disque AV, tambour AR. Vitesse : 165 km/h. Prix : 31 000 F.

Renault 14 L. Berline : 5 places, 5 portes, 1 218 cm3, traction AV, 7 CV, 57 ch (DIN) à 6 000 tr/mn. Freins à disques AV. Vitesse : 143 km/h. Prix : 22 900 F.

Citroën CX 2200. Diesel. Berline : 5 places, 4 portes, 2 175 cm3, traction AV, 9 CV, 66 ch (DIN) à 4 500 tr/mn, Freins à disque AV et AR. Vitesse : 146 km/h. Prix : 38 300 F.