Mais les normes de sécurité s'opposent formellement à la seule utilisation de ces circuits pour transmettre les ordres de pilotage ; l'un des premiers avions à utiliser une commande à transmission électrique sur la gouverne de profondeur, le Mirage 111, resta donc équipé d'une timonerie mécanique montée en parallèle, et susceptible de pallier instantanément toute défaillance des circuits électriques. L'intérêt de la formule réside dans la possibilité d'utiliser la souplesse de la transmission électrique pour ajouter, aux ordres du pilote, des ordres complémentaires élaborés par des calculateurs qui prennent automatiquement en compte d'autres données. On aboutit ainsi à un système complexe qui permet d'obtenir un pilotage plus sûr, plus agréable et plus précis, quel que soit le régime de vol (subsonique ou supersonique).

Stabilité

Concorde a franchi un pas de plus, la totalité de ses commandes étant à transmission électrique : mais, bien que les circuits électriques aient été triplés afin d'obtenir une très grande sécurité, il subsiste toujours une timonerie mécanique de secours, lourde et coûteuse, et qui limite finalement singulièrement le bénéfice qu'on pourrait tirer de l'utilisation exhaustive des commandes électriques.

Les ingénieurs, depuis soixante-dix ans, dessinent tous les avions avec pour critère no 1 l'obligation d'aboutir à des appareils dotés d'une stabilité naturelle, dite de forme. En supprimant cette condition et en demandant à un pilote automatique de compenser, grâce à la rapidité de ses réactions, l'absence de stabilité naturelle, on peut réaliser des appareils dotés par exemple d'empennages plus petits, et dont les limites de centrage seront beaucoup plus larges.

Améliorations

L'avion ainsi conçu sera plus léger et plus petit, pour une même mission, et plus performant ; mais il faut alors accepter de s'affranchir entièrement d'une timonerie mécanique dont la lourdeur et le manque de précision sont incompatibles avec la rapidité et la souplesse de réaction d'une logique électronique. Mieux même : les gouvernes peuvent être réparties différemment et utilisées en totalité et en permanence (y compris les volets de portance, sortis jusqu'à maintenant pour le décollage et l'atterrissage seulement) de telle sorte que le domaine de vol possible sera considérablement élargi ; c'est le contrôle automatique généralisé, ou CCV, des Américains. Les avions de combat, en particulier, deviennent capables d'effectuer des manoeuvres nouvelles ; quant aux avions de transport, ils pourront décoller à des poids plus élevés, avec des marges de centrage inaccessibles aux machines actuelles. Sur Concorde, par exemple, on pourrait supprimer le système de transfert de carburant utilisé pour faire varier le centrage entre le vol subsonique et le vol supersonique, et faire décoller l'appareil avec un centrage plus arrière, compatible avec une masse plus élevée, d'où un gain important sur la charge payante ou la distance franchissable.

Après des essais sur des avions-laboratoires, les Américains ont été les premiers à oser franchir le pas : le chasseur YF-16 de General Dynamics (l'avion qui a remporté le marché du siècle) est doté de commandes exclusivement électriques. Le Mirage 2000 de Dassault fera de même ; et il est possible que, fin 1976, Concorde no 1, doté de calculateurs spéciaux, soit utilisé pour des essais en vol de commandes électriques intégrales. Des études sont également en cours sur des hélicoptères.

Optoélectronique

Le véritable problème reste cependant celui de la sécurité ; aux transmissions analogiques succèdent déjà les transmissions numériques, plus sûres. Et les circuits sont parfois quadruplés, ce qui les rend encore plus complexes. On s'est aperçu par ailleurs que les commandes électriques pouvaient être déréglées par des perturbations électromagnétiques (orages, faisceaux-radar) : on peut donc imaginer une nouvelle méthode de défense antiaérienne, fondée sur la création volontaire de telles perturbations, par exemple au moyen de mini-explosions nucléaires. D'où les études en cours de transmission par fibres optiques, rigoureusement insensibles à l'environnement. C'est le domaine de l'optoélectronique, qui progresse à pas de géant, puisque des essais en vol de circuits réalisés sur ce principe commencent déjà, aux USA comme en France.