Le groupe Paul-Émile Victor réclame notamment un inventaire permanent des eaux, l'accélération du programme de stations d'épuration et un meilleur contrôle de leur fonctionnement, des vérifications systématiques des canalisations, des contrôles plus fréquents et plus sérieux de l'eau potable, surtout en milieu rural. Comme pour souligner cet avertissement, l'été ensoleillé de 1975 a vu 8 départements et des dizaines de communes déclarés sinistrés par manque d'eau. Dès le printemps 1976, la sécheresse touche la Bretagne. Saint-Malo craint une pénurie d'eau avant la fin de l'été.

Air

Il existe un aspect de leur environnement propre à réjouir les Français ; leur air est de moins en moins pollué. C'est ce que révèlent les mesures effectuées en 1975 dans 13 grands centres industriels et urbains. Deux seulement, Caen et Montpellier, font exception, sans qu'on sache exactement pourquoi.

En revanche, Rouen, qui était en 1972 la ville la plus polluée de France, a vu la teneur de l'air en dioxyde de soufre diminuer de 25 % en un an. Cette ville avait connu une « alerte à la pollution » le 30 juillet 1975 : par suite de conditions météorologiques particulières, la teneur de l'atmosphère en anhydride sulfureux risquait d'atteindre le seuil critique. Les industriels reçurent la consigne de réduire immédiatement leur production et de contenir leurs effluents acides. Cinq heures plus tard, la situation redevenait tout à fait normale.

À Paris, la pollution par le monoxyde de carbone des gaz d'échappement a diminué de près de 40 % entre 1973 et 1975.

Cette amélioration générale résulte de trois facteurs : le ralentissement de l'activité économique et la diminution de la consommation du fuel lourd ; la réduction de la teneur en soufre des fuels domestiques, décidée le 1er octobre 1974 ; la politique de surveillance de la qualité de l'air. Trente-deux des cinquante agglomérations de plus de 100 000 habitants possèdent déjà un réseau automatique de mesure de la pollution atmosphérique. Les autres en seront dotées avant cinq ans.

Prévention

Lutter contre la pollution est une tâche longue, difficile et coûteuse. Mieux vaut donc la prévenir. Tel est l'objet du premier Congrès des technologies propres réuni à Toulouse du 16 au 18 décembre 1975. Pour les participants (industriels, techniciens, fonctionnaires), il ne s'agit plus d'équiper les usines avec des filtres et des systèmes d'épuration efficaces, mais de concevoir des usines qui produisent moins de déchets et de nuisances.

Économie

Imitant leurs confrères des pays Scandinaves, que la réglementation en vigueur soumet à des normes rigoureuses, des industriels français audacieux se sont déjà lancés dans la recherche et la mise en œuvre de technologies plus propres. Ils ont eu parfois l'agréable surprise de faire des économies, comme cela s'était produit dans les pays Scandinaves.

À Gandrange, une aciérie économise près de 8 millions de francs par an grâce à un procédé de fabrication moins polluant que l'ancien : avec les poussières récupérées, elle produit désormais 62 000 t de boulettes d'acier. Une fabrique de Villers-sous-Saint-Leu, qui rejetait de la craie dans l'Oise, en récupère maintenant 400 t par an. Avec un investissement de 300 000 F réalisé il y a dix ans, pour recycler les poussières qu'elle rejetait auparavant dans l'atmosphère, une usine d'étain de la région parisienne récupère chaque mois 13,5 t de matière première, soit un bénéfice de 4 330 F par jour et une augmentation de rendement de 2,5 %.

Au congrès de Toulouse, on a cité des exemples analogues dans des papeteries, des raffineries de pétrole, des carrières, des sucreries, des usines chimiques. L'État encourage ces études et accorde des aides financières qui peuvent atteindre jusqu'à 50 % des investissements nécessaires.

Gaspillage

Ces recherches sont aussi l'un des aspects de la lutte contre le gaspillage que les autorités continuent de mener selon les principes proposés l'année précédente par le rapport Gruson (Journal de l'année 1974-1975). Un groupe de travail présidé par le ministre du Commerce et de l'artisanat, Vincent Ansquer, formule 56 propositions pour prolonger la durée des objets et supprimer les gadgets. Il propose même d'instituer des taxes spéciales sur les emballages perdus. V. Ansquer encourage les industriels à limiter l'importance et le nombre des pièces à changer, et à organiser la récupération et le recyclage des pièces usées. Il suggère que la durée des contrats de garantie soit allongée et que les fabricants soient tenus de fournir des notices d'entretien et de réparation.