Il est révélateur que les localisations diffèrent selon les pays : en Europe occidentale, l'athérosclérose affecte de préférence les artères coronaires et les artères des membres inférieurs ; en Afrique, les coronaires et les artères des membres inférieurs sont très peu touchées, alors que l'artère aorte et les artères cérébrales sont fréquemment atteintes ; au Japon, ce sont les artères cérébrales qui sont le plus souvent lésées.

Athérome

On connaît, certes, les facteurs de risque d'une athérosclérose (hérédité, obésité, hypertension, taux élevé des lipides sanguins et de l'acide urique, diabète, tabagisme, sédentarité) et on sait aussi que l'association de ces facteurs augmente globalement le risque.

Mais le primum movens de l'athérome, cette lésion complexe qui frappe essentiellement les artères de type élastique, reste encore mal connu. On sait qu'il ne peut se développer que sur des artères déjà lésées, chez lesquelles il produit, dans un premier temps, une altération dégénératrice de la tunique interne de la paroi artérielle, accompagnée de dépôts lipidiques et d'une sclérose autour de la lésion. Dans un deuxième temps, l'apparition de cristaux lipidiques et de cholestérol, et la venue de réactions biochimiques peuvent aboutir à la calcification irréversible du vaisseau.

Plaquettes

Dans cet ensemble pathologique complexe, le rôle des plaquettes commence à être élucidé. Un congrès international, réunissant 1 200 spécialistes de 43 pays (Paris, août 1975), a fait le point sur cette approche nouvelle du phénomène athéromateux.

Les plaquettes, normalement présentes dans le sang (150 000 à 400 000 par mm3), sont des éléments anucléés qui jouent un rôle capital dans la coagulation ; c'est grâce à elles que les saignements sont arrêtés. Mais des travaux récents semblent indiquer qu'elles sont aussi capables, à elles seules, de modifier le flux sanguin, puis de libérer certains constituants de la paroi artérielle, qui s'en trouvera ainsi modifiée, risquant de commencer son processus de sclérose.

Thérapeutique

De ces constatations (certaines ont été vérifiées grâce au microscope électronique) peut naître une nouvelle thérapeutique, qui viserait à protéger directement la paroi artérielle des atteintes plaquettaires, plutôt que d'agir, comme on le fait actuellement, sur la thrombose oblitérante, complication majeure de l'athérosclérose, ou de tenter d'éliminer certains des facteurs de risque.

Déjà des antiagrégeants plaquettaires (l'aspirine, la persantine) sont utilisés et « peuvent avoir un rôle de fond dans le traitement de l'athérosclérose elle-même, mais il faut bien reconnaître que tout est encore à faire dans cette nouvelle voie de recherche pharmacologique » (P. R. Loire). L'antiagrégeant plaquettaire idéal reste encore à trouver.

Entretiens de Bichat : maigrir grâce à l'ordinateur

Aux entretiens de Bichat (Paris, 25 septembre-11 octobre 1975), le professeur H. Apfelbaum a présenté une idée originale pour les régimes antiobésité.

Pour le moment, on le sait, la prescription d'un régime est la seule thérapeutique (ou presque !) qui permette à l'obèse de perdre ses kilos excédentaires. Or, dans ce régime, il est aléatoire de se borner à remettre au malade une liste des aliments interdits, et tout à fait vain de recommander un aliment qu'il n'aime pas !

Contraintes

Le professeur Apfelbaum est parti de cette constatation de bon sens que prescrire un régime c'est « tenter de satisfaire simultanément trois contraintes » : médicale (apport optimal des calories quotidiennes), nutritionnelle (pas d'autre déficit que calorique), gastronomique (minimum vital de satisfaction gustative pour le patient). De là à élaborer un régime personnalisé pour chaque candidat à l'amaigrissement, il n'y avait qu'un pas, que l'ordinateur permet de franchir.

Dans un premier temps, le sujet répond à un volumineux questionnaire (45 pages) où il indique en détail ce qu'il mange (toujours, souvent, parfois, ou jamais) ; comment il mange (par grignotage ou par grands repas) ; s'il a des apéritifs préférés ; s'il est friand d'« amuse-gueule » ; s'il préfère le maquereau au vin blanc au maquereau au beurre... Il dresse aussi son profil gustatif de consommateur ; ses réponses sont alors transmises à l'ordinateur.

Satisfaction

L'appareil a en mémoire la composition, en leurs différentes substances nutritives, de tous les aliments qui figurent sur le questionnaire. Le médecin programme l'appareil avec sa prescription adaptée au patient. Et l'ordinateur fait le reste : connaissant les règles à appliquer selon tel ou tel type de syndrome, il combine le meilleur régime possible pour le malade, un régime positif qui comporte à la fois ce que le sujet doit obligatoirement manger pour avoir un équilibre nutritionnel satisfaisant, ce qu'il peut consommer sans que cela gêne son état de santé, les interdits ne venant qu'en dernière place.