Deux chercheurs américains, Galld et Gallagher, isolent en 1975 des particules virales chez une malade atteinte d'une forme particulière de leucémie. Un an après, rien ne permet de dire qu'il existe une relation de cause à effet entre la présence de ces particules et la maladie sanguine elle-même.

Protéine

Sur le plan expérimental, un pas important est franchi grâce à deux équipes de chercheurs, l'une allemande (W. Schafer, Tübingen), l'autre américaine (Fischinger, Institut du cancer, Bethesda). Ces chercheurs ont réussi, à partir d'une protéine extraite d'un virus provoquant certaines leucémies chez la souris, à fabriquer un vaccin qui protège les animaux. Cette vaccination ne consiste pas à injecter aux animaux qu'on veut immuniser le virus inactivé par des procédés chimiques, mais à inoculer à l'animal une protéine virale isolée dont le pouvoir protecteur est suffisant pour éviter la maladie.

Cette technique originale pourrait éventuellement être appliquée à l'homme si on réussissait à identifier un virus causal d'une leucémie, virus qu'on hésiterait à inoculer, même inactivé, à des sujets sains pour les protéger contre une maladie dont la fréquence reste relativement faible dans la population.

Greffe du cœur : l'heure du bilan

Le Collège américain des chirurgiens, qui tient à jour le registre mondial des transplantations d'organes chez l'homme, révèle que 296 greffes de cœur ont été réalisées au 1er janvier 1976. À la cadence d'une trentaine de transplantations cardiaques chaque année, le nombre de 300 pourrait être dépassé à la fin de 1976. Sur ces 300 transplantations, une centaine environ auront été réalisées par l'équipe chirurgicale de Norman Shumway, à Standford (Californie). Il convient de préciser que les 296 greffes n'ont porté que sur 288 receveurs : 8 d'entre eux ont reçu un second greffon cardiaque après rejet du premier cœur transplanté. Sur ces 288 receveurs, 52 étaient vivants le 1er janvier 1976 (35 plus d'un an après la transplantation, 10 entre un et cinq ans, 5 au-delà de six ans et 2 au-delà de sept ans, dont le Marseillais Emmanuel Vitria).

Conditions

De janvier 1968 au 1er mars 1975, Norman Shumway a opéré 82 malades ; le 1er mars, 28 d'entre eux étaient encore vivants. Pour N. Shumway, la réussite de la greffe est, en partie, conditionnée par l'âge du receveur : plus il est jeune, plus il a de chances de survivre, la transplantation cardiaque étant contre-indiquée après 55 ans. Le malade doit présenter des caractéristiques pathologiques très précises : la présence d'une infection systématique ou d'un infarctus pulmonaire interdit l'opération. Le receveur doit être très équilibré et ne souffrir d'aucun désordre psychiatrique qui pourrait limiter sa réinsertion sociale. Le donneur ne doit présenter ni traumatisme initial, ni affection coronarienne, ni état infectieux. Pour les 82 greffes considérées, l'analyse rétrospective des données sur l'histocomptabilité (système HLA) entre donneurs et receveurs n'a pas montré une « corrélation significative entre les antigènes HLA et le taux de survie postopératoire ainsi que l'histoire des rejets postopératoires ». Surpris par ces résultats, Norman Shumway a décidé de reprendre cette étude, qu'il espère mener à son terme en 1976. Le traitement des crises de rejet aigu, le traitement du receveur après l'opération, celui des crises de rejet tardif, les conditions de la réinsertion sociale des greffés (1 sur 2 peut reprendre son travail) sont maintenant parfaitement bien codifiés par l'équipe américaine.

N. Shumway et ses collaborateurs estiment que « leur expérience en matière de transplantations cardiaques a démontré la valeur thérapeutique potentielle de ce procédé ». Une conclusion prudente, neuf ans après la première greffe cardiaque réalisée au Cap par le professeur Barnard (Journal de l'année 1967-68).

Une greffe de foie à Montpellier

À Montpellier, le 18 mars 1976, le professeur Marchal réussit une greffe de foie chez un malade parvenu au stade d'une très grave maladie hépatique. C'est la 243e transplantation hépatique réalisée chez l'homme depuis 1963 ; au 1er janvier 1976, 28 transplantés étaient encore vivants, la plus longue survie avec un foie fonctionnel étant de six ans. En France, la dernière greffe de foie, pratiquée par le professeur Henri Bismuth (hôpital Paul-Brousse, Villejuif), en janvier 1975, avait été couronnée de succès : quatorze mois après la transplantation, le greffé menait une vie normale.

L'athérosclérose

Dans le sillage du VIIe Congrès mondial de cardiologie (Journal de l'année 1974-75), plusieurs réunions se sont tenues en France, aux États-Unis et en Suisse dans l'espoir de démêler l'énigme de la genèse de la sclérose artérielle. L'athérosclérose est-elle la même maladie, dépendant des mêmes facteurs, aux niveaux des artères coronaires, des artères des membres inférieurs et des artères cérébrales, ou, au contraire, constitue-t-elle le lieu d'aboutissement de phénomènes qui ne sont pas identiques, mais qui prennent, à un stade avancé de leur évolution, une morphologie semblable ?