Créé dans le courant de 1958, le Comité consultatif de la recherche scientifique (dit Comité des douze sages), dont l'influence était incertaine, voit sa mission précisée et son effectif porté à seize membres, par un décret du 24 novembre 1975. Placé auprès du ministre de l'Industrie et de la recherche et de la Délégation générale à la recherche scientifique et technique (DGRST), il donnera son avis sur les orientations de la politique scientifique et en particulier sur les problèmes de structures, de programmes et de budgets des organismes de recherche.

Le Comité consultatif a ainsi à connaître des programmes qui jusqu'ici étaient proposés directement à la DGRST et au gouvernement par des organismes tels que le Centre national d'études spatiales (CNES) ou le Centre national pour l'exploitation des océans (CNEXO). À travers la DGRST, un contrôle gouvernemental plus étroit s'exerce sur l'ensemble de la recherche civile, y compris la recherche privée. C'est ainsi qu'un Centre technique informatique a mission d'aider l'Administration et le secteur parapublic à utiliser au mieux les ordinateurs et à renouveler le matériel : par les accords CII — Honeywell Bull, l'État a garanti un montant de 3,7 milliards de F de commandes à la nouvelle société, ce qui implique des installations importantes dans les secteurs contrôlés par l'État.

CNRS

De 1950 à 1968, cet organisme avait bénéficié d'un taux de croissance de 7 % par an du nombre des chercheurs. Après la crise de 1968, les crédits et les moyens de recherche furent stoppés. Les jeunes préparant une thèse de troisième cycle ne se voyaient pas offrir de postes, ce qui entraînait un vieillissement de l'âge moyen des chercheurs. Le budget de 1976 prévoit un redémarrage avec un taux annuel de croissance de 3 % du nombre des chercheurs, qui devrait se poursuivre sans à-coups durant les années suivantes. Le CNRS regroupait à la fin de 1975 environ 7 000 chercheurs. Avec les taux de recrutement proposés. 2 200 chercheurs nouveaux auront été recrutés en 1980, s'ajoutant aux 6 000 anciens restants.

À titre expérimental, en 1976, les directeurs des organismes de recherche pourront accorder à certains chercheurs souhaitant quitter la recherche publique une indemnité de départ volontaire égale à un an de traitement. Des allocations de recherche seront attribuées à des étudiants du troisième cycle, pour leur permettre de se consacrer pleinement à leur travail : d'un montant de 2 000 F par mois, elles leur seront versées pendant les deux années qui doivent leur suffire pour préparer leur thèse de troisième cycle. Après quoi, la thèse de doctorat devrait être effectuée en trois ou quatre ans tout au plus dans le grade d'attaché de recherche. Cette période probatoire, qui s'achèvera au plus tard à l'âge de vingt-sept ans, permettra aux intéressés d'éprouver leur vocation.

L'ensemble de ces mesures devrait, dans l'esprit des promoteurs de la réforme, mettre fin aux à-coups dans le recrutement des chercheurs et maintenir leur âge moyen dans des limites favorables à la créativité.

CEA

Le Commissariat à l'énergie atomique voit séparer sa mission de recherche fondamentale de ses activités proprement industrielles. La direction des productions (recherche et extraction de l'uranium, usines d'enrichissement, usines de traitement des combustibles irradiés) devient une société anonyme de droit privé, les capitaux étant fournis par le CEA.

Académie des sciences

Créée en 1666 sur l'initiative de Colbert, l'Académie des sciences est devenue la plus vénérable de nos institutions scientifiques, non seulement par son âge, mais aussi par l'âge moyen de ses membres, qui dépasse soixante-douze ans. Une commission de 5 membres, ayant à sa tête Pierre Aigrain, ancien délégué à la recherche scientifique et technique, chargée de proposer une réforme, a déposé son rapport (fin 1975). Il propose d'élever l'effectif de la compagnie de 76 à environ 170 membres. La moitié des nouveaux élus devrait avoir moins de cinquante ans. Les membres âgés de plus de soixante-dix ans seraient invités à demander leur éméritat, pension à l'appui.