Le CEA est donc transformé (démantelé, disent les syndicats), par décision d'un conseil interministériel du 6 août 1975, en une sorte de holding scientifico-industriel coiffant diverses filiales spécialisées : un institut de recherche fondamentale, un institut de sécurité nucléaire, la branche militaire, une filiale (à 100 %) chargée de la production des combustibles, la Compagnie générale des matières nucléaires.

Enfin, le CEA prendra des participations dans les diverses entreprises de statut privé exerçant des activités nucléaires (diffusion gazeuse, retraitement des combustibles, etc.), et notamment celles qui sont chargées de la construction des centrales, pour y jouer un rôle d'inspirateur technique et de porte-parole de la volonté gouvernementale.

En même temps, en effet, le gouvernement favorise la création d'une grande entreprise, Framatome, où sont associés la firme française Creusot-Loire, le détenteur américain de la licence (Westinghouse) et le CEA, et à qui EDF passe l'énorme commande de ses centrales à eau pressurisée.

Creusot-Loire et le CEA se retrouvent associés dans une autre firme, Novatome, destinée à être le pilier français pour le développement ultérieur (sans doute avec l'Allemagne et l'Italie) de la filière des surrégénérateurs.

Espoirs

Un effort parallèle de restructuration (moins important, il est vrai, parce qu'entrepris depuis peu de temps) est à l'ordre du jour de l'industrie pétrolière. La société d'État Elf-Erap va fusionner avec sa filiale la Société nationale des pétroles d'Aquitaine, en vue de renforcer les moyens d'intervention purement français. Un des paris les plus audacieux est la recherche entreprise sur le plateau continental au large de la Bretagne (mer d'Iroise). L'éventuelle découverte d'un gisement serait évidemment de nature à modifier les perspectives énergétiques de la France, tout comme celles de la mer du Nord ont bouleversé, il y a dix ans, les perspectives de la Grande-Bretagne.

Pour le reste, l'actualité pétrolière se résume en de confuses péripéties diplomatiques autour du pétrole du Moyen-Orient. Tant que la crise économique réduisait la demande mondiale, la tendance était plutôt à la baisse des prix ; à partir de 1976, la reprise économique pourrait redonner des atouts à tous les pays producteurs.

Énergies nouvelles

La création, le 9 avril 1975, d'une délégation aux énergies nouvelles, confiée à Jean-Claude Colli, témoigne à la fois de la volonté du gouvernement de faire flèche de tout bois et d'être présent dans tous les domaines de l'énergie, y compris ceux dont l'avenir est lointain.

Les premières réalisations portent sur l'utilisation de la géothermie (chaleur de la croûte terrestre profonde), avec un programme de 30 000 logements chauffés par ce moyen ; sur celle de l'énergie solaire pour le chauffage de piscines, d'écoles, de serres, etc. ; enfin, pour la production d'énergie électrique (aux fins d'irrigation notamment) en zone équatoriale.

Automobile

Un redressement spectaculaire

Drôle d'année ! Début 1975, l'aile noire de la catastrophe frôlait les capots d'une industrie automobile en pleine déconfiture. Les Français, semblait-il, boudaient leur chère bagnole, différant leurs achats, se bornant à lorgner d'un oeil plutôt calme, voire désabusé, les plus petits modèles et, parfois, à en acquérir un. Jusqu'à l'été, c'est le calme plat. Et puis, avec l'automne, imprévu, le mouvement est reparti.

Encouragée tout d'abord par les mesures en faveur du crédit prises par un gouvernement inquiet pour l'emploi (ces mesures seront rapportées fin mars 1976), amplifiée par l'emballement du marché de l'occasion, la reprise s'est précisée avec la sortie de nouveaux et séduisants modèles au Salon et au cours de l'année.

Dès octobre, les immatriculations progressent de 16,3 % par rapport à l'année précédente, sur le marché français, pour bondir à + 24,3 % en novembre. Pour faire face à la demande, toutes les chaînes des usines automobiles doivent alors tourner à plein régime, et notamment Renault (qui cherche à rattraper les 100 000 voitures perdues du fait de la grande grève du printemps 1975) et Simca, qui bénéficie de l'engouement pour ses nouvelles voitures vedettes 1307, 1308.

Prudence

Si l'on ajoute à cela les excellents résultats enregistrés à l'exportation, où les constructeurs français réalisent 60 % de leurs ventes, l'avenir apparaît sous un jour plus riant. Et pourtant, à Billancourt comme à Sochaux, à Poissy comme à Javel, les états-majors se gardent bien de pavoiser.