Violence encore, mais celle-ci plus familière, avec le Parrain II, de Francis Ford Coppola, où, si l'on ne voit plus Marlon Brando et ses joues bourrées de coton, on retrouve Al Pacino et Robert de Niro, et French Connection II, de John Frankenheimer, où Gene Hackman, cette fois, vient poursuivre son enquête à Marseille. Il est vrai que, lorsqu'on tient un filon, il faut l'exploiter jusqu'au bout... Autre filon, mais fort plaisant pour le spectateur en quête de pur délassement : l'anthologie que la MGM édifie à la mémoire de ses succès d'antan.

Rétro

Hollywood Hollywood, qui a servi d'ouverture au Festival de Cannes, prolongera sans doute le succès d'Il était une fois Hollywood. Avec ici, en prime, les deux compères en tap dance, Fred Astaire et Gene Kelly, esquissant aujourd'hui des entrechats plus qu'honorables dans le rôle de meneurs de jeu attendris.

Cette rétrospective reste d'ailleurs, dans toute l'année, la seule manifestation importante de la vogue rétro, si forte l'an passé. Car on oubliera vite, malgré Jack Nicholson et Warren Beatty, et la nouvelle venue Stockard Channing, La bonne fortune, de Mike Nichols, laborieuse farce des années 20, ainsi que La kermesse des aigles, de George Roy Hill, où Robert Redford incarne un as de l'aviation déchu.

Quant aux Aventuriers du Lucky Lady, de Stanley Donen, longue équipée maritime des temps héroïques de la prohibition, ils sont, malgré Liza Minelli, fort loin des délicieuses comédies musicales d'antan. Et il n'est guère possible de baptiser rétro le charmant Next stop Greenwich Village, où Paul Mazursky revit, par acteur interposé (le très étonnant Lenny Baker, dont on reparlera sans doute) ses vingt ans bohèmes des années 50.

Déceptions

Apparemment en sommeil, le western, où Sam Peckinpah s'essouffle dans un médiocre Tueur d'élite, ne se distingue cette année qu'avec l'excellente Chevauchée sauvage de Richard Brooks, avec James Coburn et Gene Hackman. Quant au film comique, le grand prêtre Woody Allen y manque un peu de punch dans sa dernière production, Guerre et amour, une satire des grands romans russes. Et Mel Brooks, dont on a découvert un film mineur datant de 1970, Le mystère des douze chaises, laisse cette année la place à son interprète favori Gene Wilder, réalisateur (et interprète) du malicieux Frère le plus futé de Sherlock Holmes, parsemé de quelques très bons gags.

C'est dans le fantastique et la science-fiction que le cinéma américain se révèle particulièrement productif. La quantité, ici, prime la qualité, dans un lot où l'on peut distinguer Silent Running, de Douglas Trumbull, Les insectes de feu, de Jeannot Szwarc, Phase IV, de Saul Bass, et Apocalypse 2024, de Jones.

Bien sûr, l'année apporte son lot de traditionnelles productions Walt Disney, toujours bien placées au box-office (L'île sur le toit du monde, La montagne ensorcelée, La fabuleuse histoire de Donald). De policiers bien classiques, où Robert Aldrich déçoit dans La cité des dangers, avec Catherine Deneuve et Burt Reynolds, mais où Arthur Penn séduit dans La fugue, avec Gene Backman.

De films d'aventures interchangeables et de divertissements plus ou moins réussis (parmi lesquels l'ironique et savoureux Shampoo de Hal Hashby, avec Warren Beatty). Moins aisément classable, Gros plan, de John Byrum, une évocation à plusieurs niveaux du cinéma érotique des années 30, révèle un jeune acteur roux, Richard Dreyfus, que l'on retrouve dans Les dents de la mer et qui fera sans doute du chemin.

Enfin, incongru, amphigourique, superbement photographié, mais plutôt ennuyeux, Jonathan le Goeland tente sans succès, en France tout au moins, de transmettre un message naïvement moralisateur par truchement d'une bande de mouettes acrobates.

Inégale, la production américaine reste vigoureuse et laisse cette année deviner de nouveaux grands talents. Et il lui sera beaucoup pardonné pour avoir inspiré à Milos Forman l'exceptionnel Coucou.

Italie

Deux des plus grands réalisateurs italiens sont morts cette année, en laissant, chacun, une dernière œuvre décevante : Luchino Visconti, le prince, dont L'innocent, d'après Malaparte, n'a pas convaincu les spectateurs de Cannes, où il fut présenté hors concours. Pier Paolo Pasolini, le marginal de génie, assassiné sauvagement, dans des conditions mal éclaircies, semble, lui, annoncer sa fin dans le film le plus violent, le plus atroce, le plus insoutenable de toute son œuvre : Salo ou les 120 journées de Sodome.