L'accord entre en application le 22 novembre. L'armée marocaine occupe peu à peu le nord du territoire : elle entre le 27 mars à Smara, au cœur de la Seguia el-Hamra, et elle occupe le 11 décembre la capitale El-Aïoun. Les troupes mauritaniennes occupent la partie située au sud du 24e parallèle, prennent le port de la Güera et entrent le 13 janvier 1976 à Dakhla (ex-Villa Cisneros).

Mauritaniens et Marocains se heurtent à la résistance armée du Front Polisario, mais finalement en triomphent, au moins dans les agglomérations.

Au début de 1976, le partage du Sahara est pratiquement réalisé : la frontière définitive est fixée par une convention maroco-mauritanienne signée le 14 avril 1976. Elle suit, au nord, le 24e parallèle et s'infléchit à l'ouest vers le 23e parallèle. Une convention économique précise les modalités d'association de la Mauritanie à l'exploitation du gisement des phosphates de Bou Cräa, aux ressources de la pêche et à la prospection du sous-sol de tout le territoire du Sahara occidental.

Crise avec Alger

Dès le lendemain de l'accord tripartite, Alger déclare « nul et non avenu » l'arrangement intervenu à Madrid, et fait de l'affaire du Sahara un problème national algérien. La presse algérienne se déchaîne contre le régime marocain, le gouvernement d'Alger expulse les citoyens marocains résidant en Algérie (50 000 d'après Rabat), organise une semaine de solidarité avec le Front Polisario, enfin masse des troupes aux frontières.

L'ampleur de cette réaction ne peut s'expliquer uniquement par le soutien de principe au Front Polisario. Elle reflète aussi l'inquiétude de Boumediene face à un renforcement notable du Maroc, enrichi désormais par les fabuleux gisements de phosphates sahariens, et elle traduit peut-être la déception d'une Algérie qui espérait trouver, à travers un État sahraoui indépendant et ami, un débouché facile sur l'Atlantique pour ses minerais de fer de Gara Djebilet.

Le 27 janvier 1976, la crise s'internationalise quand des combats réguliers opposent pour la première fois, en territoire sahraoui, les troupes régulières marocaines aux troupes régulières algériennes. Un dur combat se déroule à Amgala, à 300 km de la frontière algérienne, et 29 militaires algériens sont faits prisonniers. Au bout de trois jours, les Algériens se replient. Est-ce le début d'une guerre ? Une intense émotion s'empare du monde arabe : Kadhafi se rallie à Boumediene contre Hassan II, que soutiennent déjà Bourguiba et Senghor. Le président Valéry Giscard d'Estaing, dans une interview remarquée, donne le 2 février raison au Maroc, en termes nuancés.

Les efforts de médiation arabe se multiplient. En vain : le 11 février, Alger constate officiellement leur échec. Son aide au Front Polisario se précise, mais désormais c'est ce mouvement (et non plus l'Algérie) qui mène sur le terrain la lutte contre les troupes marocaines et mauritaniennes. Le 8 juin, une spectaculaire opération du Polisario se déroule à Nouakchott même. L'armée mauritanienne réagit vivement, et le secrétaire général du Front Polisario, Sayed el-Ouali, est tué.

À cette guérilla sahraouie s'ajoute vite une offensive diplomatique soutenue par Alger. Le 27 février, quand l'Espagne évacue officiellement le Sahara occidental, le Front Polisario riposte en proclamant (en plein désert et en pleine nuit) la République arabe sahraouie démocratique (RASD). La nouvelle république, dotée d'un gouvernement en exil le 5 mars, pose sa candidature à l'ONU, à l'OUA et à la Ligue arabe. Ce qui ouvre une longue crise parmi les États africains et arabes. Le Maroc et la Mauritanie, en effet, menacent de quitter l'OUA et la Ligue si ces organisations reconnaissent un « État sahraoui fantoche ».

Le 20 mars, 9 pays (Madagascar, Burundi, Algérie, Bénin, Angola, Mozambique, Guinée-Bissau, Corée du Nord, Japon) avaient reconnu la RASD.

Île Maurice

Port-Louis. 850 000. 415. 1,3 %.
Économie. PNB (73) : 411. Énerg. (*73) : 157. C.E. (73) : 39 %.
Transports. (*73) : 14 800 + 7 200.
Information. (72) : 12 quotidiens. (72) : 107 000. (72) : 27 000. (72) : 52 000 fauteuils ; fréquentation : 8,3 M. (73) : 23 000.
Santé. (72) : 155. Mté inf. (72) : 63,8.
Éducation. (71). Prim. : 152 331. Sec. et techn. : *49 000. Sup. : 1 294.
Institutions. État indépendant le 12 mars 1968. Constitution de 1967, amendée le 18 novembre 1969. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : Raman Osman. Premier ministre : Seewoosagur Ramgoolam.

Mauritanie

Nouakchott. 1 290 000. 1. 2,7 %.
Économie. PNB (72) : 183. Énerg. (*73) : 95. C.E. (72) : 48 %.
Transports. (*73) : 6 806 M t/km. (72) : 4 400 + 5 000. (73) : 94 M pass./km.
Information. (73) : *81 000. (71) : 1 000 fauteuils.
Santé. (73) : 71.
Éducation. (71). Prim. : 35 049. Sec. et techn. : 4 444.
Institutions. État indépendant le 28 novembre 1960. République (28 novembre 1958). Constitution de 1961 ; régime présidentiel. Président de la République et chef du gouvernement : Moktar Ould Daddah, réélu pour la troisième fois le 8 août 1971.

Mozambique

Maputo (anc Lourenço Marques). 9 030 000. 11.
Économie. PNB (70) : 240. Production : I(73) 128. Énerg. (*73) : 156. C.E. (70) : 8 %.
Transports. (72) : 346 M pass./km, 3 455 M t/km. (72) : 83 600 + 20 000.
Information. (71) : 4 quotidiens ; tirage global : 42 000. (72) : 110 000. (72) : 1 000. (71) : 19 500 fauteuils ; fréquentation : 3,2 M. (73) : 53 000.
Santé. (71) : 510. Mté inf. (69) : 92,5.
Éducation. (68). Prim. : 496 381. Sec. et techn. : 32 371. Sup. : 1 145.
Institutions. Ancienne colonie portugaise. Indépendante le 25 juin 1975. Constitution rendue publique le 25 juin 1975. Chef de l'État : Samora Machel.

Intransigeance

Les dirigeants de Maputo (anciennement Lourenço Marques) proclament, en mars 1976, l'état de guerre avec la Rhodésie. Ils ferment leur frontière commune avec cet État, confisquent les biens rhodésiens au Mozambique, arrêtent quelques ressortissants rhodésiens qu'ils libéreront moins d'un mois plus tard. À la suite de ces mesures, à Londres, les cours du cuivre montent de huit livres sterling tandis que les emprunts rhodésiens s'effondrent.