L'éviction du pouvoir, puis la disparition du général de Gaulle, avec lequel Sékou Touré entretenait des rapports personnels passionnels (dus à la réaction de dépit du général après le vote de 1958), avaient un moment paru faciliter un rapprochement entre Paris et Conakry.

Mais bien des éléments contribuent à retarder les retrouvailles : les complots noués contre le régime guinéen, dans lesquels le président de la république de Guinée voit souvent la main soit de la France, soit de certains de ses amis et partenaires africains francophones ; l'opposition, au sein du parti unique guinéen, de quelques éléments minoritaires résolument hostiles à toute forme de réconciliation avec l'ancienne puissance coloniale ; le souci du chef de l'État guinéen de préserver une certaine image de marque, que le refus opposé à l'offre du général de Gaulle en 1958 avait forgée autour de sa personne ; l'existence d'un lourd contentieux financier lié notamment à l'attitude de la France, qui refusait de régler les arriérés des pensions des anciens combattants et anciens fonctionnaires guinéens civils ou militaires ayant servi l'administration coloniale française.

Dialogue

Sans opérer de concert, l'opposition et le gouvernement français ont travaillé de façon convergente à rétablir les relations diplomatiques rompues depuis dix années. Les voyages et missions de François Mitterrand et Roland Dumas puis d'André Lewin (ensuite nommé ambassadeur de France à Conakry et alors envoyé extraordinaire de Kurt Waldheim) lèvent les derniers obstacles. Le fait que la France accepte d'engager un dialogue égalitaire et consente notamment à ce que les rapports avec son ancienne colonie passent non point par le canal du ministère de la Coopération, mais par celui du ministère des Affaires étrangères, fait plus pour dissiper les dernières réticences guinéennes que toutes les protestations d'amitié.

Sékou Touré avait déjà esquissé une première rentrée diplomatique en intervenant en médiateur dans le conflit frontalier opposant le Mali et la Haute-Volta et en se rendant, le 11 juillet 1975, à Ouagadougou : en mars 1976, il devait contribuer, avec succès, au règlement du différend opposant le Togo et le Bénin. En principe, le chef d'État guinéen devrait retrouver progressivement ses anciens partenaires de l'Afrique de l'Ouest. Cependant, en dépit des tentatives de médiation gambienne, en janvier, Conakry et Dakar ne sont pas parvenus à normaliser leurs relations.

Paris et Conakry procèdent en février à un échange d'ambassadeurs. Mais, dès juillet 1975, Lansana Beavogui, Premier ministre guinéen, vient à Paris. D'autre part, en novembre, Jean Lecanuet et André Jarrot se rendent à Conakry pour représenter le gouvernement français aux cérémonies commémoratives du cinquième anniversaire de « la tentative manquée d'agression du 22 novembre » et pour préparer l'échange d'ambassadeurs ; Valéry Giscard d'Estaing accepte d'ailleurs une invitation à se rendre en Guinée, visite prévue pour 1977.

Guinée-Bissau

Madina do Boe. 520 000. 14.
Économie. PNB (70) : 227. Énerg. (*73) : 79. C.E. (70) : 3 %.
Information. (72) : 1 quotidien ; tirage global : 500. (70) : 4 000. (71) : 2 900 fauteuils ; fréquentation : 0,1 M. (73) : 3 000.
Santé. (69) : 30. Mté inf. (69) : 47,1.
Éducation. (70). Prim. : 27 974. Sec. et techn. : 4 215.
Institutions. Indépendance proclamée le 24 septembre 1973 par l'Assemblée nationale populaire (ancien territoire portugais). La souveraineté du nouvel État est reconnue le 2 novembre 1973 par l'Assemblée générale des Nations unies et le 10 septembre 1974 par le gouvernement portugais. Constitution de 1973. Président de la République : Luis Cabral. Chef du gouvernement : Francisco Mendès.

Investissements

Une des anciennes colonies portugaises d'Afrique, la république de Guinée-Bissau, développe des liens étroits de coopération avec la France. Ceux-ci sont appelés à se resserrer d'autant plus que les rapports entre Bissau et Lisbonne s'altèrent, que les dirigeants guinéens veulent pratiquer une politique de non-alignement aussi sérieuse que possible, que le pays possède une frontière commune avec le Sénégal, qui est l'un des interlocuteurs africains les plus fidèles du gouvernement français.