Afrique

Afrique du Sud

Le Cap. 23 720 000. 19. 2,7 %.
Économie. PNB (72) 843. Production (72) : G 160 + A 141 + I *150. Énerg. (*72) : 2 770. C.E. (72) : 14 %.
Transports. (*72) : 60 373 M t/km. (70) : 1 544 500 + 428 200.  : 491 000 tjb. (72) : 2 307 M pass./km.
Information. (70) : 22 quotidiens. (72) : *2 350 000. (72) : 1 707 000.
Santé. (71) : 10 500.
Éducation. (70). Prim. : 3 603 256. Sec. et techn. : 775 358. Sup. (68) : 72 822.
Institutions. État indépendant le 31 mai 1910. République proclamée le 31 mai 1961. Constitution de 1961. Président de la République : Nicolaas Diederichs, élu le 21 février 1975, succède à Jim Fouché. Premier ministre : Balthazar Johannes Vorster.

Prospérité économique et réalisme politique, facteurs de changement

Nicolas Diederichs prête solennellement serment au Cap le 19 avril 1975. Il succède à Jim Fouché à la présidence de la République. Les deux hommes appartiennent au parti nationaliste de Balthazar Johannes Vorster, au pouvoir depuis 1948. Ceux qui assistent aux cérémonies d'installation du nouveau président perçoivent que quelque chose commence à changer.

Non seulement les chefs des huit Bantoustans (États noirs semi-autonomes promis à l'indépendance) sont présents à la tribune officielle, mais la population n'est plus exclusivement composée de Blancs, comme lors de la prestation de serment de Jim Fouché.

Apartheid

Officiellement, l'apartheid, expression à laquelle les dirigeants de Pretoria préfèrent celle de développement séparé, reste la doctrine intangible sur laquelle repose tout l'édifice politique, économique et social sud-africain. Les lois qui codifient l'apartheid et ne laissent au hasard aucun secteur de la vie quotidienne restent toutes en vigueur. Dans la pratique, ce système législatif est de plus en plus fréquemment violé, et il apparaît clairement que tout ce qui concerne le petty apartheid (l'apartheid mesquin) va progressivement tomber en désuétude, en dépit des résistances des éléments blancs les plus conservateurs.

Dans les ascenseurs, dans les jardins publics, dans certaines bibliothèques, les inscriptions : Réservé aux Blancs, Réservé aux non-Blancs commencent, timidement, à disparaître. Dans les grandes villes, le courant de déségrégation est plus perceptible que dans les villes de moyenne importance ou dans les campagnes. Certaines régions, comme l'État libre d'Orange, restent résolument ségrégationnistes.

La presse, anglophone ou afrikaans, est généralement très hostile au maintien du petty apartheid, et mène vigoureusement campagne pour l'abolition du ségrégationnisme.

À Johannesbourg, le premier match opposant une équipe noire à une équipe blanche a lieu le 29 décembre 1974. Ce n'est pas seulement un événement sportif, mais un événement politique ; les conséquences sont considérables. D'autres matches analogues se dérouleront, au cours des mois suivants, dans d'autres villes. La presse réclame aussitôt constitution d'équipes mêlant dans leurs rangs Blancs et non-Blancs.

Le gouvernement sud-africain fait savoir, le 15 janvier 1975, que des non-Blancs pourront être nommés dans les services diplomatiques ou consulaires à l'étranger.

Sept métis sont promus le 21 mai officiers au Prytanée militaire du Cap. C'est la première fois dans l'histoire de l'Afrique du Sud que des non-Blancs accèdent à des postes de commandement dans l'armée. Ce fait constitue une véritable révolution.

Au demeurant, les partis politiques sud-africains ont opté pour la libéralisation du régime depuis les élections du 24 avril 1974. Le parti nationaliste de B. J. Vorster, élu sur un programme ségrégationniste, se trouve dans l'impossibilité absolue de changer brutalement de politique, sous peine de s'aliéner immédiatement une partie de son électorat. Mais le Progressive Party (PP) de Helen Sulzmann et de Colin Eglin, le Reform Party (RP) de Harry Schwarz, le Democratic Party (DP) se déclarent, sans ambiguïté, opposés à toutes formes de discrimination raciale. Au sein même de l'United Party (UP) de sir de Villiers Graaf, principal parti d'opposition, de graves tensions se dessinent ; l'aile la plus libérale adopte une attitude analogue. Des perspectives d'éclatement de l'UP et de regroupement entre le PP et le DP laissent prévoir que B. J. Vorster va devoir compter avec le poids d'une opposition combative.

Expansion

La hausse des prix de l'or (l'Afrique du Sud contrôle 80 % de la production du monde libre) permet aux Sud-Africains de poursuivre une expansion économique spectaculaire. Le rythme de croissance du pays est l'un des plus élevés du monde (7 % par an). Les conséquences de la crise du pétrole sont pratiquement nulles, parce que les Sud-Africains tirent 80 % de leurs ressources énergétiques de produits autres que le pétrole : charbon (dont ils détiennent d'inépuisables réserves au Transvaal et dans la province du Cap) ; houille blanche, provenant des complexes hydroélectriques du fleuve Orange ; essence synthétique, produite à Sasolburg, dans l'État libre d'Orange ; énergie nucléaire, appelée à un avenir exceptionnel, du fait de la mise en route d'une usine d'enrichissement considérée comme une merveille du genre.