En octobre 1974, la princesse Bagaya, alors ministre des Affaires étrangères de l'Ouganda, demande à l'occasion d'une visite à Paris que le TFAI accède à la souveraineté internationale. En novembre, recevant à Dakar le général Siyad Barre, le président de la république du Sénégal signe un communiqué commun dont les conclusions vont dans le même sens. Dans toutes les instances internationales, et notamment à l'ONU et à l'OUA, la politique française à Djibouti fait l'objet de sévères critiques. Enfin, le 23 mars 1975, des membres du Front de libération de la Côte des Somalis (FLCS), mouvement nationaliste dont le siège se trouve à Mogadiscio, s'assurent de la personne de Jean Gueury, ambassadeur de France en Somalie, et n'acceptent de le libérer qu'après plusieurs jours de négociations difficiles.

De violents affrontements ont lieu le 25 mai à Djibouti. Selon les autorités locales, il s'agit d'une simple affaire de famille opposant des Afars et des Issas à propos d'un adultère. Mais l'opposition, animée par Hassan Gouled et Ahmed Dini, leaders de la Ligue populaire pour l'indépendance africaine, affirme que les bagarres ne présentent aucun caractère ethnique, et qu'elles ont été provoquées à dessein par les partisans d'Ali Aref pour prouver que le maintien de la présence française à Djibouti peut, seul, éviter qu'Afars et Issas ne s'entretuent. L'impression produite par ces affrontements est d'autant plus désastreuse que onze Africains ont été tués et que, quelques jours plus tôt, le secrétaire d'État, Olivier Stirn, confirmait à Ahmed Dini et Hassan Gouled que la France n'avait pas l'intention de revoir sa position à l'égard du territoire.

En mai 1975, deux escadrons de gendarmerie sont envoyés à Djibouti. De fait, dès septembre 1974, le gouvernement français avait considérablement augmenté son potentiel terrestre, maritime et aérien dans l'ensemble du TFAI, suscitant de violentes critiques des dirigeants de Mogadiscio.

En juin 1975, le sultan Ali Mirah, chef supérieur des Ahoussa et des Assayamaras, tribus afars d'Éthiopie, demande l'asile politique à Djibouti, tandis que de violents combats opposent une partie de ses miliciens aux soldats éthiopiens. Cette défection, qui inquiète la junte d'Addis-Abeba, intervient peu après que Ali Aref ait prononcé un discours dans lequel il préconise le regroupement, sous une même houlette, de tous les Afars d'Éthiopie et du TFAI. Le chef du gouvernement du TFAI, d'origine afar, donne l'impression de vouloir se poser en champion du peuple afar tout entier, pour faire face à l'irrédentisme somali, qui constitue une menace de plus en plus précise pour Djibouti.

Comores

À la question posée le 22 décembre 1974, « Souhaitez-vous que le territoire des Comores soit indépendant ? », presque 95 % des votants ont répondu en déposant le bulletin bleu du « oui » dans les urnes. Un peu plus de 5 % ont opté pour le bulletin jaune du « non » (ils représentent 63,82 % des votants dans l'île de Mayotte).

La question mahoraise hypothèque toujours l'avenir de l'archipel, promis à l'indépendance dès cette année. Regroupée derrière Marcel Henry, planteur et homme politique local, une partie de la population de Mayotte refuse l'indépendance offerte. Elle souhaite que l'île soit dotée du statut de département d'outre-mer et resserre ses liens avec la métropole. Elle n'a accepté qu'à contre cœur de participer au référendum de décembre, dont elle conteste les modalités d'organisation. À la suite de l'accord conclu à Paris le 17 juin 1974, entre Ahmed Abdallah et Olivier Stirn, le décompte des voix s'est effectué globalement, alors qu'en janvier 1972 Pierre Messmer, en visite aux Comores comme ministre d'État chargé des départements et territoires d'outremer, avait promis que la consultation électorale aurait lieu île par île : Grande Comore, Mohéli, Anjouan, Mayotte.

En septembre 1974, un comité de soutien du peuple mahorais se crée à Paris. Le mois suivant, la commission des lois de l'Assemblée nationale décide l'envoi d'urgence d'une mission à Moroni. Après le scrutin du 22 décembre, des incidents éclatent à Mayotte et font cinq blessés. En janvier 1975, Marcel Henry vient à Paris, où il est reçu en audience par Valéry Giscard d'Estaing, tandis qu'en février Olivier Stirn se rend en visite officielle aux Comores pour tenter d'y réconcilier Ahmed Abdallah et Marcel Henry, et pour apaiser les craintes de la minorité mahoraise.