Journal de l'année Édition 1975 1975Éd. 1975

Cette réaction, accentuée par les rachats des vendeurs à découvert et la réserve des vendeurs à se dessaisir de leurs titres une fois passée l'échéance annuelle, est favorisée par l'annonce des premiers dividendes, au moins maintenus et souvent majorés. Au coupon afférent à l'exercice 1974, exercice généralement bon en dépit d'un dernier trimestre décevant, vient s'ajouter, fréquemment, un rappel de dividende au titre de l'année 1973 qui avait souffert du plafonnement des répartitions. Les rémunérations ainsi majorées confèrent d'autant plus d'attrait aux actions que les taux des obligations nouvellement émises sont en recul et que le rapport des placements à court terme (bons de caisse à un mois, reports) est moins attrayant que par le passé.

Février marque une pause, sans que les cours fléchissent vraiment. La résistance de la cote est remarquable et dément tous les pronostics de baisse, malgré un climat général maussade, notamment dans l'automobile, le textile et la sidérurgie.

Positifs, les premiers résultats du plan de stabilisation sont là ; la hausse des prix se ralentit et la balance commerciale s'améliore, mais le gouvernement ne paraît pas enclin à précipiter la relance au risque de compromettre ces résultats. D'où la question que tous se posent : va-t-on vers une reprise prochaine ou, au contraire, un prolongement de la récession ? Le chômage se développe bien que les entreprises maintiennent fréquemment un emploi supérieur à leurs besoins. Le calme social n'est pas profondément troublé, mais la menace qui se profile à l'horizon, avec l'arrivée prévue pour l'automne d'une nouvelle et importante vague de jeunes sur le marché du travail, alourdit le climat.

Les résultats que publient les sociétés montrent que 1974 a été une année excellente, bien au-delà de ce que l'on imaginait, et malgré la contribution exceptionnelle de 18 %. Comme l'argent disponible reste considérable et que les investisseurs institutionnels sont condamnés à acheter, la hausse repart en mars-avril avec un développement sensible du volume des échanges. La première étape de hausse avait corrigé les excès commis à la baisse à la fin de l'été. La seconde montre un retournement de la tendance à long terme. Toujours dominée par la baisse du loyer de l'argent, cette reprise bénéficie tout autant du redressement du franc français.

Serpent

Alors que la livre et le dollar faiblissent chaque jour davantage, le franc se raffermit contre toutes devises, au point que V. Giscard d'Estaing peut annoncer, début mai, la fin de son flottement et le retour au sein du serpent des monnaies européennes.

Favorisée par les achats de l'étranger, la Bourse de Paris atteint, fin avril, le niveau de 79,6. La reprise est de 48 % sur le creux de septembre 1974, elle approche 35 % depuis janvier. Une pause devient nécessaire pour des raisons techniques autant qu'économiques. La reprise tarde à se préciser. Jean-Pierre Fourcade adopte, en mars 1975, quelques mesures de soutien, et V. Giscard d'Estaing présente, en avril, des initiatives pour la relance.

Il reste que la France n'est pas seule en cause, que l'Allemagne n'est guère plus favorisée et que les premiers signes d'amélioration sont à peine perceptibles aux États-Unis. Les hypothèses antérieures voyaient l'économie repartir au deuxième semestre. Il n'est bientôt plus question que du dernier trimestre, puis du début 1976.

C'est, de toute façon, insuffisant pour que les résultats des sociétés, en 1975, soient autres que médiocres, sinon mauvais. Les présidents ne cachent pas leur pessimisme lors des assemblées de mai et juin. La baisse des taux tend à se ralentir. Tout cela suffit largement pour que l'indice fléchisse de nouveau à l'approche de l'été, dans un marché inactif et dénué d'intérêt, où la seule annonce du rapprochement Honeywell-Bull-CII fait chuter l'action des machines Bull, tandis que celle des Pétroles d'Aquitaine n'est pas plus favorisée par l'évocation d'une fusion avec Elf-Erap. Ce qui reflète bien l'état d'esprit de la Bourse vis-à-vis des entreprises d'État.

Seul aspect positif de cette période morose, le marché financier assume de nouveau son rôle de collecteur de capitaux. Suspendues depuis de nombreux mois, les augmentations de capital reprennent peu à peu, tandis que les émissions obligatoires se multiplient, qu'il s'agisse des 5 milliards de francs de l'emprunt national pour l'investissement et l'emploi ou d'opérations plus classiques, mais non moins importantes, comme les 1 500 millions de francs d'EDF ou les 800 millions de francs du Groupement de l'industrie sidérurgique. Deux nouvelles valeurs sont admises à la cote : Seb et Waterman.