Journal de l'année Édition 1975 1975Éd. 1975

C'est l'époque où se tient à Paris le huitième congrès de la Fédération européenne des associations d'analystes financiers, congrès qui permet une précieuse réflexion et remet à l'honneur les sources de l'analyse financière et la notion de rendement.

La Bourse cesse de baisser en octobre, et ce d'autant plus que se manifestent les premiers signes de détente des taux d'intérêt : quart de point par quart de point, la First National City Bank abaisse son prime rate de 12 à 11 % en trois semaines, puis à 10 % en novembre.

Calme

Si la Bourse de Paris ne remonte pas encore, du moins a-t-elle fini de baisser quand on perçoit les premières conséquences des mesures gouvernementales : le ralentissement de l'activité se fait sentir, le chômage augmente, les industriels (dont le second semestre sera inférieur au premier) se montrent très réservés pour 1975. La journée de grève nationale du 19 novembre n'est, selon les opinions, qu'un demi-succès ou un demi-échec, mais la paralysie des PTT est une réalité. Elle ne favorise pas les transactions sur un marché où le choc a été trop brutal pour que la confiance renaisse rapidement. Investisseurs institutionnels et particuliers préfèrent s'abstenir. Ce que reflètent les chiffres. La moyenne quotidienne des transactions sur le marché à terme tombe à 35 millions de francs pour les seules valeurs françaises, contre quelque 82 millions de francs en janvier.

Deux grandes opérations, l'une industrielle et l'autre financière, viennent animer cette période bien terne. La première est le rapprochement de Peugeot et Citroën, mais aussi de Berliet et Saviem, avec la bénédiction de Michelin et l'appui de l'État. La seconde intéresse davantage la Bourse. C'est l'offre publique d'échange faite par Denain-Nord-Est-Longwy aux actionnaires de Marine-Firminy, dont le principal, le groupe Empain-Schneider, ne peut disposer de ses titres, mis sous séquestre à la suite du conflit déjà ancien qui oppose les deux grands actionnaires de Creusot-Loire. L'offre de Denain provoque une réaction immédiate du groupe lorrain de Wendel qui, par achats massifs en Bourse, devient très vite le deuxième actionnaire de Marine-Firminy, et s'allie avec le groupe Schneider. La Commission de Bruxelles intervient. L'offre est suspendue, puis reprise. Elle se soldera par un échec.

L'or en première ligne

L'année s'achève sous les feux de l'or, qui revient au premier plan de l'actualité avec un record de 190 dollars l'once le 18 novembre, en raison de plusieurs facteurs : la perspective d'achats arabes (en réemploi des sommes importantes que perçoivent les États producteurs), l'annonce de l'ouverture prochaine du marché américain (où le commerce de l'or était jusqu'alors interdit), les entretiens Ford-Giscard qui admettent que les différents pays pourront comptabiliser leurs stocks officiels d'or à un prix voisin de celui du marché (ce que la France mettra à profit en réévaluant son propre stock sur une base de 170,40 dollars l'once) ; enfin, l'adjudication du Trésor américain, du 6 janvier 1975, de 2 millions d'onces. Les paris vont bon train sur les prix et les cours à venir. L'adjudication aura finalement lieu à 165,65 dollars, mais il ne sera placé qu'un peu plus de 750 000 onces, ce qui n'empêchera pas de rééditer l'opération le 30 juin 1975 pour un montant annoncé de 500 000 onces.

Si le charme de l'or se trouve ainsi rompu, les actions retrouvent leur attrait devant la baisse de plus en plus marquée des taux d'intérêt. Pour n'être que peu significatif, le taux d'escompte de la Banque de France revient de 13 à 12 % en janvier, puis à 11 % fin février, 10 % début avril et 9,5 % deux mois plus tard. Le recul des taux sur le marché monétaire est plus marqué encore, puisque, après avoir baissé de 14 à 12 % entre juillet et décembre 1974, l'argent au jour le jour précipite son repli, abandonne le seuil des 10 % en février 1975, fléchit en dessous de 8 % en avril et atteint 7 % la dernière semaine de juin. Encore les taux français demeurent-ils assez nettement supérieurs à ceux de l'étranger.

Bons rendements

Cette baisse des taux est l'élément numéro un de la reprise. Une reprise générale à laquelle participent toutes les Bourses du monde, dans des proportions, du reste, comparables si l'on excepte l'Angleterre, dont les écarts sont aussi accentués à la hausse qu'ils l'avaient été à la baisse. Les cours se redressent très vigoureusement en janvier, au point de retrouver, à la fin du mois, les niveaux qui étaient les leurs au milieu de 1974.