Journal de l'année Édition 1975 1975Éd. 1975

Bourse

Un an de baisse des taux

La nouvelle équipe (au pouvoir depuis l'élection de Valéry Giscard d'Estaing), consciente de l'urgence des mesures à prendre, adopte un plan d'assainissement visant à rétablir l'équilibre de la balance commerciale et à ramener le taux d'inflation à un niveau acceptable.

Inquiétude

La Bourse a déjà fléchi de quelque 20 % depuis sa reprise de janvier 1974 et de 30 % depuis mai 1973. La crise n'est pas finie et l'examen des mesures retenues pour lutter contre l'inflation accentue la baisse du marché au début de juillet 1974. La contribution exceptionnelle, consistant en une majoration de l'impôt sur les sociétés égale à 18 % des sommes payées en 1973, inquiète les investisseurs tout autant que la perspective de la taxe conjoncturelle, dite la serisette, voire, pour les banques, le doublement des pénalités en cas de dépassement des crédits. La baisse s'accentue sur l'or, puisque le cours de 140 dollars l'once est cassé le 1er juillet, le cours de 130 dollars quelques jours après.

La traditionnelle reprise d'été a cependant lieu, non pas en août mais en juillet, et permet à l'indice général de la Compagnie des agents de change de regagner 10 % sous la pression des rachats des vendeurs à découvert. L'accalmie est de courte durée et les cours ne tardent pas à reprendre leur dangereuse glissade. Celle-ci n'est d'ailleurs pas propre au marché de Paris ; cette baisse doit être restituée dans un contexte beaucoup plus large.

Premier marché mondial, Wall Street aborde le mois d'août à son point le plus bas depuis 1970. La démission du président Nixon ne lui accorde qu'un instant de répit. L'arrivée de G. Ford ne lève pas les incertitudes économiques, et les milieux financiers, qui attendent les initiatives du nouveau président, excluent une reprise durable des actions tant que les taux d'intérêt se maintiendront à des niveaux aussi élevés. Le prime rate, ou taux préférentiel des banques, est de 12 %.

Londres n'est pas plus favorisée, bien au contraire, puisque les cours y sont revenus à leur niveau de 1958, tandis que la Bourse italienne, résistante en début d'année, s'affaisse à son tour. C'est l'heure où l'Allemagne consent à l'Italie un prêt de deux milliards de dollars dont la principale caractéristique est d'être gagé sur l'or, non au cours théorique de 42,22 dollars l'once, mais à quelque 120 dollars.

Mauvais climat

La chute des différents marchés se poursuit ainsi tout au long du mois d'août et se prolonge en septembre dans un climat rendu malsain par la crise de confiance que connaît le système bancaire depuis la faillite de la banque Herstatt de Cologne. La Llyods Bank, elle-même, annonce une perte de change de 33 millions de livres à son agence de Lugano, et la Banque de Bruxelles n'est pas davantage épargnée.

C'est surtout la décision prise à Vienne par les pays de l'OPEP de relever le prix du pétrole de 3,5 % et de l'indexer automatiquement, à partir de janvier 1975, qui pèse sur les Bourses sans que la réunion, à Champs-sur-Marne, des ministres des Finances (USA, Grande-Bretagne, Japon, Allemagne, France et Italie) apporte plus de réconfort que les premières manifestations sensibles du recyclage des pétrodollars : le Kuwait Investment Office lance une offre d'achat sur les actions de la société immobilière britannique St Martin's Property, l'Iran acquiert le quart du capital de Krupp, le Koweït achète les intérêts de la famille Quandt, dans Daimler-Benz.

Enfonçant son minimum de 1970, l'indice Dow Jones des valeurs industrielles américaines se retrouve à son niveau le plus bas depuis douze ans, et l'indice de Paris fléchit à 53,7 au début de l'automne. Cela représente une chute de 42 % depuis janvier et de 50 % depuis mai 1973. Encore ne s'agit-il là que d'un recul moyen qui masque des baisses beaucoup plus dramatiques pour nombre de grandes valeurs du marché à terme.

Les cours ne se raisonnent plus, ils se constatent quand ils n'atteignent que le tiers, ou moins encore, des estimations des présidents des sociétés (Suez, Paribas, Schneider) ou ne représentent que trois à six fois les derniers résultats de firmes aussi réputées que la CFP, Saint-Gobain-Pont-à-Mousson et BSN-Gervais- Danone.