Des négociations s'ouvrent avec Pierre Lelong, secrétaire d'État aux PTT. Tandis que FO présente les revendications spécifiques aux postiers, la CGT et la CFDT visent à l'extension du mouvement à l'ensemble de la Fonction publique et du secteur nationalisé. La CGT et la CFDT dénoncent l'accord de la Fonction publique qu'elles n'ont pas signé et réclament pour les trois millions de fonctionnaires 200 F d'acompte mensuel et un salaire minimal de 1 700 F. Ces revendications ne seront pas discutées au cours des négociations, mais seulement celles qui intéressent les postiers.

Le gouvernement accorde dans un premier temps 300 millions, puis, dans une seconde phase, 500 millions avoués (qui sont probablement 600 millions), soit 5 % de la masse salariale de 12 milliards (qui viennent en plus des augmentations versées à tous les fonctionnaires). La CGT et la CFDT estiment ces propositions notoirement insuffisantes. La fédération FO constate que c'est plus que les postiers n'ont jamais obtenu dans aucune autre grève (1953 et 1968 notamment), mais, gênée par la position des syndicats parisiens et celle de nombreuses autres régions qui ont déclenché la grève illimitée et se veulent plus exigeants que la CGT et la CFDT, FO ne conseille pas la reprise du travail. La grève durera encore trois semaines, sans que le gouvernement consente la moindre satisfaction supplémentaire, ni sur les effectifs ni sur le paiement des jours de grève.

Le gouvernement se veut ferme, et les postiers reprennent le travail le 1er décembre avec la perspective, pour les fêtes de Noël, de voir leur traitement amputé de 25 %. C'est un sentiment de défaite qui domine ; les avantages retirés de la grève ne seront perçus que plus tard.

Personne ne suit les postiers : les trois journées d'action organisées par la CGT et la CFDT les 19 et 26 octobre et le 12 décembre sont sans relief, exception faite de manifestations de rues réussies. On rejoint plus facilement les postiers pour défiler que dans la grève.

La CGT, puissante à la SNCF, ne parviendra pas, en dépit de ses efforts évidents et du soutien de la CFDT et de la CFTC, à perturber sérieusement le trafic des chemins de fer.

Renault

Suivant un scénario classique chez Renault, ce sont les OS qui lancent le conflit. Quelques jours après le refus de la CGT et de la CFDT de signer l'accord salarial pour 1975, les caristes, pour la plupart des immigrés, qui conduisent les chariots d'approvisionnement de Billancourt, cessent le travail le 13 février 1975.

Après trois jours, au cours desquels elle a été obligée de mettre en chômage technique plusieurs milliers d'ouvriers de Billancourt, la direction améliore la classification des caristes. Le printemps est proche et la Régie redoute une extension du mouvement au moment où s'ouvre le marché, traditionnellement favorable, des beaux jours.

Pierre Dreyfus décide d'étendre à tous les OS le bénéfice de la prime accordée aux caristes. Il donne des avantages identiques aux professionnels et techniciens. Pour la CGT, il s'agit d'un « succès fondamental ». Et tous les observateurs croient un moment que l'affaire Renault en restera là.

À la CFDT, minoritaire chez Renault, on n'a pas vu d'un très bon œil le succès obtenu « dans un fauteuil » par les cégétistes. Et les amis d'Edmond Maire s'engouffrent dans la brèche ouverte en exigeant que la date des négociations sur les classifications soit avancée. La CGT est un moment hésitante. Mais, soucieuse de garder le contrôle des événements et poussée par certains de ses membres qui souhaitent faire du conflit Renault une illustration de la lutte contre la politique d'austérité du gouvernement, elle relance vingt-quatre heures plus tard la revendication. D'autant qu'elle a enregistré à l'usine du Mans, où elle est fortement majoritaire, une montée du mécontentement (chez les peintres du département tracteurs) qui ne demande qu'à s'étendre.

En effet, la situation de l'OS s'est dégradée par rapport aux autres catégories sociales de la Sarthe. Le sort des travailleurs de Renault n'est plus envié comme dans les années 50.