Un comité d'action regroupe les leaders paysans des vignobles méridionaux, qui créent des milices. Celles-ci exercent des contrôles aussi bien sur les routes que dans les chais du négoce. Les vins italiens n'entrent plus en France. Au mépris des règles communautaires. C'est la crise ouverte.

Un Conseil agricole des Neuf, qui se tient fin avril à Bruxelles, décide de financer une nouvelle opération de distillation destinée à désengorger le marché communautaire des vins de table. La Commission décide de mettre en place un nouveau règlement européen des vins ; un modus vivendi s'établit avec l'Italie, qui continue pourtant à protester avec véhémence. Mais, en juin, les producteurs français s'aperçoivent qu'il est rentré 300 000 hl de vin italien en France au cours du mois de mai et que les mesures communautaires sont insuffisantes. L'agitation menace de reprendre au début de l'été.

Des offices par production

À l'image de l'Office national interprofessionnel des céréales (ONIC), créé en 1936, qui a su organiser et valoriser les productions céréalières, deux offices sont nés en 1974 : l'ONIBEV, l'Office national interprofessionnel du bétail et des viandes, et le CNIEL, le Centre national interprofessionnel de l'économie laitière. À vrai dire, ces deux offices n'en sont pas au même stade de développement puisque l'ONIBEV a commencé à jouer pleinement son rôle en 1974, alors que le CNIEL n'en est resté qu'au stade de la création sans activité réelle.

La semaine de 40 heures

La législation du travail en agriculture, définie dans le Code rural et rajustée par les accords de Grenelle, maintenait une disparité très anormale avec celle des autres secteurs de l'économie. Une proposition de loi, déposée par le groupe communiste de l'Assemblée nationale, a finalement débouché sur la loi du 27 décembre 1974, dont les quatre principales dispositions sont les suivantes :
– la durée légale du travail est fixée à 40 heures hebdomadaires ; le terme de « durée légale » désigne ainsi le « seuil de déclenchement des heures supplémentaires ». Ces heures supplémentaires étaient précédemment décomptées au mois. Selon les cas, un mois peut compter 24, 25, 26 ou 27 jours ouvrables, alors que la semaine a une durée fixe. Le décompte hebdomadaire des heures correspond donc à une notion plus juste. Le décompte se faisant antérieurement sur une base de 195 heures par mois, soit en moyenne 45 heures hebdomadaires, la réduction de la durée légale aboutit ainsi à un accroissement du nombre d'heures considérées comme supplémentaires ;
– les heures supplémentaires sont payées à un tarif majoré de 25 % entre la 41e et la 48e heure hebdomadaire ; la majoration est de 50 % au-delà de la 48e ;
– la durée maximale du travail est fixée à 50 heures hebdomadaires en moyenne sur une période de 12 semaines consécutives, avec un maximum absolu de 57 heures (sauf dérogation) ;
– le repos hebdomadaire pourra, dorénavant, être donné un jour autre que le dimanche, et cela dans toutes les professions agricoles.

Planification

Le Conseil central de planification qui devait faire connaître avant le début de l'été 1975 les orientations à moyen terme de la politique agricole du gouvernement n'a pas tenu ses promesses. Le Conseil, qui s'est réuni à l'Élysée sous la présidence de V. Giscard d'Estaing le 6 juin, n'a arrêté que des orientations relatives à la production. Et encore, celles-ci n'ont-elles fait l'objet d'aucun commentaire officiel. Tout au plus sait-on que l'agriculture est considérée comme « l'un des principaux atouts » de l'économie française, et qu'il convient d'assurer le développement de sa production et de ses débouchés à l'intérieur de l'Europe comme à l'extérieur.

Consultés, mais exclus de l'élaboration du rapport dont Jean-François Deniau, secrétaire d'État à l'Agriculture (appelé au gouvernement en février 1975), a reçu la charge, les dirigeants agricoles ne se montrent guère enthousiastes à l'égard de ce Conseil central de planification à plusieurs volets.