La méfiance qui est brusquement apparue à l'égard des systèmes neufs semble maintenant aussi excessive que l'engouement que ces systèmes connaissaient encore il y a deux ou trois ans.

Tourisme

Vitesse de croisière satisfaisante

Malgré vents et marées, prix de l'essence et crise économique, on sait maintenant qu'il y a dans la vie des Français une habitude bien acquise, sur laquelle ils ne reviendront pas : le départ en vacances.

Ils ont été 25 millions à s'en aller, au cours de l'année 1974, et la saison d'hiver 1974-75 a battu tous les records, puisque nos stations de montagne ont reçu 2,5 millions de skieurs, malgré un maintien satisfaisant des départs vers les soleils exotiques.

Mais si l'on continue de partir, on veille à la dépense. Plus du quart des Français vacanciers ont déclaré « devoir économiser sur leur budget », et 45 % affirmaient ne pas vouloir dépenser plus en 1975 qu'en 1974. Cette année-là on a d'ailleurs renoncé volontiers aux destinations lointaines, puisque 20 % de ceux qui partent habituellement pour l'étranger se sont repliés sur l'Hexagone.

Efforts publics et initiatives privées se joignent pour favoriser des vacances bleu-blanc-rouge pleines d'inédit : stages de poterie en haute Provence, camping à la ferme, tournée des châteaux de Bourgogne, vacances vertes en Auvergne, roulotte en Languedoc, cheval en Lozère, batellerie de plaisance sur les canaux oubliés...

Tout cela est loin de déplaire à la clientèle étrangère, si bien que la France aura été, en 1974, un des très rares pays d'Europe à avoir accru légèrement le nombre de ses visiteurs (16,6 millions, contre 16,5). Conséquence : une balance encore une fois positive, avec 11 milliards de francs de devises, contre 10,4 milliards de francs de dépenses extérieures.

Cette progression n'a cependant pas profité à l'hôtellerie, qui a accueilli moins de clients que précédemment. Ce secteur est d'ailleurs entré dans une phase difficile, qui n'épargne nullement les nouvelles chaînes intégrées : outre le blocage des prix, ou la dégradation des conditions de financement qui entrave la création d'établissements, on assiste à un tassement des dépenses relatives au tourisme d'affaires, au moment où une situation de suréquipement apparaît dans plusieurs villes (Paris souffre de la brusque multiplication d'établissements à 3 et 4 étoiles qui s'y est produite, et enregistre en 1975 des taux de remplissage parfois très médiocres).

Si les chaînes les plus anciennes (Novotel, Frantel, Sofitel) sont assez solidement implantées pour résister au refroidissement économique, il n'en va pas de même pour toutes. Ainsi, la chaîne Mercure n'a pas trouvé d'autres moyens d'assurer son avenir que de se faire absorber par le no 1, Novotel. On assistera probablement à d'autres redistributions de cartes.

Banque

Une profonde remise en cause

« Année noire » selon les uns, « crise salutaire » selon les autres, 1974 risque bien, en tout cas, de rester longtemps dans la mémoire des banquiers français l'année de la remise en cause, en profondeur et dans bien des domaines, de la façon d'exercer leur métier. Vis-à-vis de leur personnel tout d'abord.

La grève du printemps 1974, la plus longue qu'ait jamais connue la banque (Journal de l'année 1973-74), a pris totalement au dépourvu les directions des principaux établissements, qui ont découvert soudain que le monde de l'employé de banque, employé modèle, avait changé et que l'ordinateur, machine à tout faire, s'il était investi par quelque comité de grève, pouvait détraquer toute la belle mécanique de la banque. Il faudra plusieurs mois aux banquiers pour se remettre du choc et recommencer à l'automne à voir clair dans leur gestion.

Contraintes

Autre leçon durement apprise : la grande liberté laissée aux banques depuis 1966 pour créer des guichets, se battre pour collecter les dépôts et prospecter des clientèles nouvelles était en fait une liberté sous caution, dénonçable à tout moment. C'est précisément ce qui arriva en 1974 : les crédits, généreusement distribués (souvent pour des raisons de concurrence commerciale) au cours des années précédentes, sont brutalement contingentés à partir de la fin de 1973 et, surtout, du premier trimestre de 1974 ; et les banquiers ont bien du mal à expliquer leurs contraintes aux chefs d'entreprises, pour qui le droit au crédit était devenu une règle de gestion.