Le 10 juin, la police procède à l'évacuation des églises occupées. L'opération se passe sans heurts. Dans un climat redevenu calme, certaines questions se posent : qui a orchestré l'opération ? Comment se fait-il que les prostituées se soient montrées si discrètes sur l'exploitation qu'elles subissent de la part des proxénètes ?

Le ministre de l'Intérieur a précisé que, pour le gouvernement, deux aspects de la prostitution étaient choquants et répréhensibles : le racolage sur la voie publique et le proxénétisme. Il a reconnu que la loi actuelle était à la fois « hypocrite et contradictoire », puisqu'elle permet la prostitution, mais en interdit pratiquement l'exercice. On avance le nombre de 30 000 actuellement recensées en France.

Procès Goldman : verdict contesté

Lorsque, le 14 décembre 1974, le jury de la Cour d'assises de Paris condamne Pierre Goldman à la réclusion criminelle à perpétuité, c'est un tollé. Dans la salle, on crie : « Jury assassin ! » Des jeunes gens se précipitent vers le box et menacent de déborder le service d'ordre. Seul, Goldman reste impassible.

L'audience s'était ouverte quatre jours plus tôt. Pierre Goldman, accusé de trois agressions à main armée, qu'il reconnaît, nie par contre farouchement toute participation au meurtre d'une pharmacienne et de sa préparatrice, perpétré en décembre 1969, à Paris, boulevard Richard-Lenoir.

Personnage assez exceptionnel (né à la fin de l'Occupation de parents israélites vivant dans la clandestinité), c'est un tourmenté, un révolté dont les rêves ne se réalisent jamais.

Il a été arrêté quatre mois après le crime, sur la dénonciation d'un indicateur de police dont le nom ne sera pas révélé. Selon Goldman, l'informateur connaissait les détails des trois agressions reconnues par lui ; il a cru qu'il était aussi « l'assassin de la pharmacie », et sa conviction, il l'a communiquée à la police. Celle-ci, impressionnée par la précision des détails fournis sur les trois premières affaires, a fait siens, en bloc, les soupçons du dénonciateur concernant la quatrième, la plus grave.

De Goldman, qui a passé à Fresnes, pendant son séjour de quatre ans, une licence de lettres et une maîtrise d'espagnol, le directeur de la prison trace un portrait élogieux. De leur côté, les psychiatres émettent un diagnostic optimiste sur son évolution psychologique.

Les témoins de l'accusation (un policier qui fut blessé lors du crime et une femme qui a vu, dans la nuit, le meurtrier s'enfuir) font des déclarations imprécises. Mais, de son côté, la défense manque de cohésion. Et c'est le verdict, qui surprend et indigne le public. Quelques jours plus tard, de nombreux intellectuels se déclarent choqués par la conclusion du procès Goldman. Le poète et académicien Pierre Emmanuel écrit : « ...quand il y va de la vie d'un homme, la preuve ne vaut qu'indiscutée ; or, rien n'a été prouvé... »

Un Comité justice pour Pierre Goldman est constitué, tandis qu'une information contre X est ouverte pour outrage à magistrats, à la suite des incidents qui se sont déroulés au Palais. L'affaire Goldman n'est peut-être pas terminée.

Épilogues

Aranda

Les ennuis de Gabriel Aranda (Journal de l'année 1972-73) semblent avoir pris fin. Deux ans après son inculpation de vol de documents administratifs, il a bénéficié d'un non-lieu. Condamné, d'autre part, à une amende de 2 000 francs pour « complicité de diffamation envers le ministère de l'Aménagement », l'ancien conseiller d'Albin Chalandon a vu cette amende réduite, en appel, à 300 francs.

Goussainville

« La commission française d'enquête et les experts soviétiques ont conclu que les causes de l'accident doivent être déclarées indéterminées et que le dossier est clos. » Telle est, le 30 juillet 1974, la conclusion de l'enquête sur l'accident du Tupolev 144 survenu à Goussainville, lors du Salon aéronautique du Bourget, le 3 juin 1973 (Journal de l'année 1972-73) et qui fit 13 morts. Le non-lieu a été prononcé.

Ermenonville

La commission d'enquête parlementaire américaine, étudiant les circonstances de la catastrophe aérienne d'Ermenonville (la chute d'un DC-10 de la Turkish Airlines qui entraîna la mort de 346 personnes, le 3 mars 1974) a remis son rapport. Il conclut à la responsabilité de l'administration américaine, qui n'avait pas modifié le système de fermeture de la soute aux bagages, et dont la défaillance avait déjà failli provoquer une catastrophe l'année précédente.

Plateau d'Assy

Pouvait-on éviter un autre drame, celui du plateau d'Assy, où 71 personnes périrent écrasées dans un sanatorium lors d'un glissement de terrain ? Un premier éboulement survenu dix jours auparavant n'aurait-il pas dû alerter les responsables ? Quatre ans après le drame, les familles des victimes ont perdu leur procès contre l'association gestionnaire du sanatorium, dont la responsabilité n'a pu être prouvée (Journal de l'année 1969-70).

Fausses factures

L'affaire des fausses factures de Lyon se solde par 134 condamnations et 25 relaxes. Au terme d'un débat complexe qui a duré plus de deux mois, le tribunal de grande instance de Lyon a jugé coupables d'escroquerie les dirigeants d'une centaine d'entreprises. Ils avaient, en deux ans, falsifié une multitude de factures et tiré de cette fraude près de 40 millions de francs (Journal de l'année 1971-72).

Bruay

Trois ans après le drame de Bruay (Journal de l'année 1971-72), l'appareil judiciaire continue sa marche cahotante. Me Leroy et Monique Mayeur (devenue son épouse), tous deux en liberté provisoire, bénéficient d'un non-lieu en octobre 1974. La même décision renvoie le jeune Jean-Pierre devant le juge pour enfants. Ce jugement est mal accueilli par les parents de Brigitte Dewèvre, qui se refusent à croire à la culpabilité du jeune homme. Ils décident de poursuivre la procédure. Me Leroy et son épouse, qui s'estiment diffamés par un quotidien parisien, portent plainte. L'opinion reste divisée : les passions se sont émoussées, mais, à Bruay-en-Artois, ceux qui ont suivi de près les péripéties du drame et de l'instruction restent sur leurs positions. Le procès du jeune Jean-Pierre se déroule à huis clos du 27 juin au 4 juillet.

Connaîtra-t-on un jour la vérité ?