Toujours à la recherche de ressources pour son financement, la télévision augmente son volume publicitaire.

En écho à l'année de la femme, le Bureau de vérification de la publicité (BVP) étudie l'image de celle-ci telle que la conçoive les annonceurs.

Quant au gouvernement, il annonce que quatre mesures sont actuellement à l'étude : institution d'une taxe spéciale sur les messages publicitaires ; obtention d'un visa obligatoire préalable à toute publicité ; renforcement de la loi Royer (déjà très répressive en matière de publicité mensongère ou abusive) ; préparation d'un projet de loi visant à réglementer de façon rigoureuse toute l'activité publicitaire.

L'ex ORTF et les nouvelles Sociétés

Condamnée par la loi du 7 août 1974, la longue agonie de l'ORTF (cinq mois) s'achève le 6 janvier 1975 avec l'entrée en fonctions des nouvelles sociétés (TF1, A2, FR3, Radiodiffusion, Production, Institut de l'audiovisuel). Ce très long interrègne, qui ne facilite pas un travail créateur, est marqué par des prises de position antagonistes qui aboutissent à des grèves nombreuses.

Pour le gouvernement, la réorganisation est fondée sur la compétition entre les unités autonomes entièrement responsables qui doivent assurer une information libre et ouverte. Le président de la République déclare souhaiter une télévision et une radio de qualité, reposant sur l'émulation et respectant le principe de la liberté d'expression. Les syndicats enregistrent avec satisfaction le maintien du monopole, mais ils constatent qu'une fois encore la radio et la télévision ne s'affranchissent pas de la tutelle des pouvoirs : c'est toujours le Premier ministre qui nomme les responsables des différents établissements publics et sociétés nationales, et c'est devant lui que ceux-ci sont responsables.

Mais ce sont surtout les cas humains qui provoquent le plus d'effervescence. Au moment du débat parlementaire, l'Intersyndicale dénonce l'absence de statut unique et la non-représentation des journalistes de l'ORTF au sein des conseils d'administration. Elle estime qu'une atteinte extrêmement grave est portée aux droits acquis par la profession et qu'une brèche est ouverte vers une nouvelle aggravation des atteintes à la liberté d'information et d'expression.

Le projet de loi soumis au Parlement, réuni en session extraordinaire, prévoit que les personnels âgés de 60 ans et plus et que les agents relevant des autres statuts de l'Office (entrent dans ce cadre les journalistes et les musiciens) âgés de 55 ans et plus au 31 décembre 1974 seront mis, à cette date, en position spéciale. Bien que l'Assemblée ait repoussé cette limite d'âge à 60 ans, cela équivaut à des licenciements sans indemnités et se trouve en contradiction avec l'âge légal de la retraite (65 ans) et souvent avec les dispositions du Code du travail.

Notation

Les journalistes doivent être répartis selon les demandes des présidents de société. Une commission de répartition – au sein de laquelle les syndicats refusent de siéger pour ne pas avoir à cautionner les licenciements – est mise en place. Elle demande aux services de l'ORTF d'établir une notation des journalistes, selon différents critères : aptitudes professionnelles passées ou présentes, situation de famille, ancienneté à l'Office et... aptitudes professionnelles à venir, ce qui, à l'aspect odieux du système, ajoute des perspectives d'épuration et de chasse aux sorcières.

Différentes démarches sont entreprises par l'Intersyndicale, tant auprès d'André Rossi, secrétaire d'État et porte-parole du gouvernement – pour que les personnels bénéficient de la convention collective des journalistes et pour que soit abandonné le critère d'aptitude professionnelle dans le choix des agents retenus, lequel donne libre cours aux règlements de compte – qu'auprès du président de la République afin de parvenir à une négociation globale pour régler les problèmes.

En fin de compte le gouvernement annonce que sur 1 132 journalistes statutaires à l'ORTF, 918 sont répartis dans les nouvelles sociétés et 214 emplois ne sont pas pourvus. Pour le SNJ (Syndicat national des journalistes), 184 journalistes statutaires sont licenciés, 147 journalistes permanents n'ont aucune indication sur leur avenir et 250 journalistes permanents ou réguliers ne sont pas recensés.