Les silencieux de l'Église, qui tiennent congrès à Paris le 22 février 1975, décident de se lancer dans l'action missionnaire en évangélisant de préférence les jeunes. Là encore, la violence des prises de position s'atténue. Mais une nouvelle organisation traditionaliste, Credo, présidée par Michel de Saint-Pierre, se crée le 21 janvier.

Une information, enfin, donnée au début de 1975, manifeste peut-être un regain de vitalité de l'Église, de celle qui continue à exister, sous des formes renouvelées, après les années de crise. Le nombre des entrées dans les centres de formation au sacerdoce (c'est le nouveau nom des grands séminaires) a augmenté de 30 % entre octobre 1973 et 1974, pour atteindre 200. Bien sûr, ce chiffre est très inférieur aux besoins ; il devrait être multiplié par quatre, simplement pour compenser le déficit annuel en prêtres. Mais une autre donnée significative va dans le même sens : le nombre des jeunes qui abandonnent de tels centres de formation en cours d'études a diminué, passant dans le même temps de 422 à 205. Il est encore trop tôt pour dire s'il s'agit d'un renversement durable de la tendance. Du moins l'événement doit-il retenir l'attention.

Décès du cardinal Daniélou et de Mgr Tort

Dans l'après-midi du 20 mai 1974, le cardinal Jean Daniélou meurt subitement, d'une rupture d'anévrisme, dans un appartement de la rue Dulong à Paris. Le pape Paul VI, le père Pedro Arrupe, supérieur général des Jésuites, et le cardinal François Marty, archevêque de Paris, lui rendent aussitôt des hommages remarqués. Mais, bientôt, Le canard enchaîné puis d'autres hebdomadaires révèlent que c'est chez une danseuse de cabaret que le cardinal a trouvé la mort. Ils donnent des circonstances de ce décès une interprétation qu'un communiqué de l'épiscopat, daté du 14 juin, jugera infamante. Mais ce communiqué, qui ne se prononce aucunement sur la réalité des faits, ne met pas un terme aux rumeurs et aux polémiques.

Le 16 janvier 1975, Mgr Roger Tort, évêque de Montauban, meurt d'une crise cardiaque dans un hôtel de mauvaise réputation situé rue du Ponceau, à Paris. À nouveau, la presse s'interroge sur les circonstances de cette mort. Le cardinal Marty fait ouvrir une enquête et publie, le 18 février, un communiqué qui précise : « Malgré nos investigations, il nous a été impossible de reconstituer son itinéraire (de Mgr Tort) et son emploi du temps, ce soir-là, de 19 heures à 23 heures. À partir des déclarations qui ont été recueillies, il apparaît que Mgr Tort a été subitement pris d'un malaise. Pour demander du secours, il est entré dans un hôtel... » Mais, dans ce cas encore, le communiqué ne suffit pas à apaiser les rumeurs.

Belgique

La pratique dominicale a baissé de 11,9 % en dix ans, de 1962 à 1972, révèle une enquête du service des statistiques du Centre interdiocésain, publiée en septembre 1974. Le mouvement de recul a été surtout important depuis 1968. L'enquête donne également des indications sur les baptêmes, les mariages religieux et les obsèques religieuses. Ces indications vont presque toutes dans le même sens. Ainsi, en 1967, 93,6 % des enfants qui naissaient en Belgique étaient baptisés ; en 1972, 90,2 % seulement (une exception toutefois : dans le diocèse de Gand, le pourcentage s'est élevé). Pour les mariages, dans l'ensemble du pays, le tassement est plus sensible encore : en 1967, 86,1 % des jeunes mariés passaient par l'Église ; en 1972, 82,3 % seulement. En revanche, pour les funérailles religieuses, c'est le statu quo.

Espagne

Les négociations ouvertes depuis 1968 pour la révision du concordat avaient paru prendre un tour nouveau quand, le 4 juin 1974, Mgr Agostino Casaroli, secrétaire du Conseil pour les Affaires publiques de l'Église, s'était rendu en visite officielle à Madrid pour y rencontrer le ministre des Affaires étrangères, Pedro Cortina. Et, à son tour, celui-ci s'était rendu au Vatican le 11 juillet.

Pourtant, on constate rapidement que les positions des deux parties demeurent éloignées. Le cardinal-archevêque de Madrid, Enrique Y. Tarancon, qui passe pour refléter les vues du Saint-Siège, formule, dans une déclaration du 14 janvier 1975, le diagnostic suivant : « L'on pourra parvenir à la signature d'un concordat si l'on arrive à y formuler l'indépendance des deux sociétés dans une loyale collaboration, chose difficile du fait que les idées sur ce point ne sont pas suffisamment claires dans la conscience de beaucoup. »