Sur un grand nombre de tentatives, la moitié seulement pouvaient être couronnées de succès. Par exemple, sur un millier d'essais, le courant devait passer 500 fois. Bien entendu, la répartition des succès et des échecs n'est pas tout à fait égale. Sur une série de 1 000, il peut y avoir 505 succès et 495 erreurs, sans qu'il faille imputer l'écart à autre chose qu'au hasard. Mais si l'on obtient, par exemple, 600 succès et 400 échecs, et si cette proportion se renouvelle au cours de plusieurs expériences, alors on est en présence d'un écart significatif, signant l'intervention d'un facteur non aléatoire.

Avec les rats, un écart significatif ne pouvait être attribué qu'à un phénomène parapsychologique. Ou bien les rongeurs pressentaient le résultat de leur action, anticipant ainsi sur l'avenir ; ou bien la force émanant de leur cerveau agissait à distance sur l'appareillage chargé de distribuer le phénomène aléatoire.

C'est effectivement ce résultat que Walter Levy déclara avoir obtenu au cours d'une première série d'expériences. Le nombre de connexions ayant provoqué l'envoi du courant dans le cerveau des rats était assez significativement supérieur à celui des connexions non suivies d'effet : 54 % de réussites pour 46 % d'échecs.

L'explication était toute simple pour les tenants de la parapsychologie : les rats voulaient fortement que le courant passe, puisqu'il détermine une stimulation agréable. Et cette tension psychique, ou bien les douait de prémonition, ou bien agissait sur le générateur de nombres aléatoires comme aurait pu agir une impulsion donnée par un contact physique direct.

Démission

Avant de publier ces résultats, et pour se conformer aux règles scientifiques établies par Rhine, on entreprit une nouvelle série d'essais. C'est là qu'un jeune assistant trouva suspect le comportement de Walter Levy. Il bricolait constamment le dispositif qui comptabilise, sur une bande enregistreuse, les essais positifs ou négatifs.

L'assistant avertit deux de ses collègues. Tous trois se mirent à surveiller Levy, et s'aperçurent qu'il truquait le circuit d'enregistrement de façon qu'une partie des essais négatifs ne soit pas enregistrée. Le total des essais comptabilisés était ainsi inférieur à la réalité, et il se créait un écart artificiel entre le nombre des essais positifs et celui des essais négatifs.

Pris sur le fait, Levy n'a pas tenté de nier ses manœuvres et il a pris parti de démissionner de son poste de directeur de l'Institut de parapsychologie. Quant à Joseph Rhine, il reconnaît que Walter Levy a truqué ses expériences, mais il maintient que la fraude ne concerne que la dernière série de recherches et que tous les travaux antérieurs de Levy, souvent cités par les parapsychologues du monde entier, doivent être tenus pour authentiques.

Écologie

Les déchets, péril et richesse

La crise de l'énergie et la crainte de la pollution (le premier de ces maux pouvant d'ailleurs diminuer l'autre) ont fait se multiplier, au cours de ces douze mois, plaintes, débats, conférences, études, propositions, mesures diverses.

Pétrole

Les marées noires ont encore sévi : dans le détroit de Magellan, à Singapour, en Irlande (22 octobre 1974), où l'accident survenu dans la baie de Banty a pris les proportions d'un désastre national. En France, en novembre, le plan Polmar est déclenché pour le nettoyage des plages normandes, du Havre à Fécamp, après le déversement dans la Manche de 2 000 tonnes de fuel lourd échappées de deux pétroliers entrés en collision.

Le littoral picard est envahi à son tour par le mazout provenant d'un dégazage sauvage. Au début de décembre, plusieurs centaines de tonnes de pétrole souillent le port de Marseille à la suite d'une fausse manœuvre d'un tanker.

Fâcheuse révélation : les agglomérations de Montpellier, Nîmes, Marseille, Toulon, Nice, Menton ne disposent pas de stations de capacité suffisante pour épurer les eaux d'égout. Marseille rejette ainsi, sans traitement, 200 000 mètres cubes d'effluents par jour, d'où une dégradation du milieu marin sur plusieurs kilomètres carrés, avec destruction totale de la flore.

Mercure

« La Méditerranée est plus menacée par la pollution que toutes les autres mers », déclare Jacques-Yves Cousteau. Le souci majeur est maintenant la présence dans ses eaux de mercure, qui, à l'état de méthyle-mercure, est mortel pour l'homme à la dose de 80 mg.