Des équipes de chercheurs (des Américains, des Chinois, des Allemands) étaient déjà parvenues à fabriquer synthétiquement de l'insuline. Une équipe suisse, dirigée par le Dr Rittel de Bâle, vient de réaliser la synthèse totale de l'insuline humaine. La production industrielle de ce médicament pose encore quelques problèmes. En revanche, l'intérêt théorique de son utilisation chez l'homme est considérable : diminution des accidents observés avec les insulines animales, suppression de la piqûre avec la possibilité d'absorption par la voie buccale (plus physiologique, elle permet une digestion réelle du produit après passage dans le foie). En France, 80 000 diabétiques sur 800 000 ont besoin d'insuline.

Deux chercheurs français établis à l'Institut de la Jolla (Californie), Roger Guillemin et Paul Brazeau, observent qu'une hormone hypothalamique, la somatostatine, joue un rôle dans la régulation des sucres dans l'organisme ; premier objectif des expérimentateurs : évaluer si la somatostatine pourrait être utilisée dans le traitement du diabète.

De plus, un laboratoire de Toronto (Canada) et un laboratoire d'Ulm (Allemagne de l'Ouest) annoncent, en septembre 1974, la mise au point d'un pancréas artificiel qui aurait déjà été employé chez l'homme ; des spécialistes sont réservés. Ils sont d'accord sur la possibilité de réaliser un pancréas artificiel, c'est-à-dire une prothèse totalement implantable, capable de délivrer de l'insuline dans l'organisme suivant les besoins, en réponse aux variations du niveau de glucose. Par contre, ils estiment que la miniaturisation d'un tel appareil ne pourra intervenir que dans quelques années. Deux équipes dans le monde étudient le pancréas artificiel : celle de Bessmau, à Los Angeles, et celle du professeur Soeldner, à Boston. Encore un rendez-vous pour les années 80.

Les emballages plastiques en accusation

La revue de la Société américaine de chimie, fin juin 1974, accuse : pendant plus d'un an, des firmes américaines et européennes auraient fait le silence sur des recherches prouvant le pouvoir cancérogène d'un corps gazeux utilisé pour la synthèse d'une matière plastique très répandue.

Il s'agit du chlorure de vinyle, dont la polymérisation donne le polychlorure de vinyle, ou PVC, qui sert notamment à fabriquer des emballages de produits alimentaires.

Cancer

Les firmes incriminées, selon la revue américaine, avaient, en 1971, demandé à un spécialiste italien, le professeur Cesare Maltoni, directeur de l'Institut d'oncologie de Bologne, d'expérimenter sur l'animal les effets de l'inhalation et de l'ingestion du chlorure de vinyle.

Le professeur Maltoni aurait découvert une forme rare de cancer du foie, l'angiosarcome, chez des rats qui avaient respiré de l'air contenant du chlorure de vinyle dans la proportion de 250 ppm (parties par million). Les commanditaires de ces recherches auraient alors décidé de les garder sous le boisseau.

Cependant, l'administration américaine ramène de 500 à 50 ppm la concentration de chlorure de vinyle admise dans l'air respiré par les ouvriers travaillant dans les usines productrices de PVC. Mesure sans doute insuffisante, puisque, au cours d'une réunion de l'Académie des sciences de New York, le professeur Maltoni révèle qu'il a décelé un angiosarcome ainsi que d'autres tumeurs chez des rats ayant respiré un air où la proportion du gaz avait été réduite à 50 ppm.

Il importe de préciser que la substance incriminée est la molécule monomère, et non le polymère PVC. Mais la question a surgi naturellement de savoir si, dans des conditions déterminées, la chaîne du PVC ne peut pas se rompre et libérer des molécules de monomère, notamment dans les liquides contenus dans des emballages de plastique. Certaines recherches auraient permis de déceler des traces de chlorure de vinyle dans des boissons contenant de l'alcool et conservées dans des bouteilles de PVC.

Optimisme

Les firmes françaises qui vendent du vin en récipients de plastique font savoir, en février 1975, qu'elles renoncent à ce procédé pour revenir aux bouteilles de verre. Les producteurs, transformateurs et utilisateurs français de PVC contre-attaquent en fondant un Groupement d'études des conditionnements modernes, dont le premier communiqué apporte des précisions rassurantes sur les essais du professeur Maltoni.