En France, la DGRST (Délégation générale à la recherche scientifique) a institué (novembre 1974) deux commissions spéciales chargées de se prononcer, l'une sur le bien-fondé des expériences proposées par les généticiens, l'autre sur les conditions de leur réalisation.

Responsabilité

Plus généralement, les biologistes sont préoccupés par les responsabilités nouvelles que les progrès de leurs recherches créent, aussi bien pour eux-mêmes que pour la collectivité humaine. Un colloque mondial, réuni à la Sorbonne en septembre 1974 sur le thème Biologie et devenir de l'homme, a examiné, outre le problème des manipulations génétiques, celui que posent, pour la santé mentale, les interférences entre facteurs génétiques et environnement.

Si l'euthanasie a été (au moins dans les déclarations publiques) unanimement rejetée, de nombreuses voix, dont celle du professeur Monod, se sont élevées en faveur d'une « réhabilitation de la mort » assurant aux dernières heures de toute existence humaine des conditions psychologiques et matérielles meilleures, en milieu hospitalier comme à domicile. Les abus de l'expérimentation thérapeutique sur l'homme ont été dénoncés, en particulier les essais trop souvent pratiqués sur des malades mentaux (pour des thérapeutiques ne concernant pas leur maladie) ou sur des volontaires : enfants, prisonniers, ressortissants de pays en voie de développement.

À l'issue du colloque, vingt-quatre participants ont fondé, sous la présidence de Robert Mallet (France), un Mouvement universel de la responsabilité scientifique.

Micro-organismes à surveiller : les mollicutes

Une nouvelle société scientifique internationale a vu le jour au cours d'un congrès tenu à Bordeaux en septembre 1974. Elle groupe des médecins, des vétérinaires et des spécialistes des maladies des plantes, pour l'étude d'une catégorie particulière de micro-organismes, les mycoplasmes, ou, plus généralement, les mollicutes.

On peut considérer ces mollicutes comme intermédiaires entre les virus et les bactéries. Chez ces dernières, la membrane qui enveloppe le cytoplasme est entourée d'une paroi relativement rigide, qui donne a ces cellules une forme déterminée et les protège contre le milieu extérieur. Les mycoplasmes ne possèdent pas ce genre de paroi. Ainsi, leurs formes sont très changeantes et ils peuvent traverser les filtres qui sont imperméables aux bactéries, ce qui fait que pendant longtemps on les a confondus avec les virus.

Pasteur avait soupçonné l'existence des mycoplasmes, mais il n'avait pas réussi à les mettre en évidence. C'est son élève Émile Roux qui réalisa cette découverte, en collaboration avec un autre chercheur de l'Institut Pasteur, Nocard.

Ce premier mycoplasme était responsable d'une maladie épidémique très grave des bovins : la péripneumonie. D'autres mycoplasmes ont depuis été reconnus responsables de diverses maladies animales, en particulier chez les volailles.

Agrumes

Des chercheurs japonais soupçonnèrent pour la première fois en 1967 que des maladies des plantes pouvaient être causées par des mycoplasmes. Et, en 1972, les chercheurs de la station de physiologie de l'Institut national de la recherche agronomique, à Bordeaux, ont réussi à isoler, à cultiver et à étudier le premier mycoplasme responsable de maladies végétales. C'est Spiroplasma citri, qui cause une maladie des agrumes. Il diffère d'ailleurs des mycoplasmes connus jusqu'alors parce que, tout en étant dépourvu de paroi, il a une structure spiralée.

Pour lutter contre Spiroplasma citri, on a essayé des injections de tétracycline dans le tronc des arbres, avec de bons résultats. Mais le problème est de savoir si cette thérapeutique appliquée aux végétaux n'entraîne pas pour l'homme de fâcheuses conséquences au point de vue alimentaire. En fait, il semble que les orangers éliminent assez rapidement la tétracycline, et qu'il n'en reste pas dans les fruits commercialisés.

Membranes

Devant le grand nombre des micro-organismes apparentés aux mycoplasmes que l'on a découverts au cours de ces dernières années, on les répartit maintenant en quatre genres, les mycoplasmes proprement dits, et trois autres, les quatre genres étant groupés ensemble dans une classe commune, les mollicutes, un nom qui rappelle leur propriété commune, celle d'avoir une peau molle.