Enfin, on connaît une quarantaine de sources X très brillantes mais invisibles dans les autres longueurs d'onde ; la plupart sont probablement des galaxies, mais certaines pourraient être des étoiles de notre Galaxie.

Trous noirs

Le fait que 16 émetteurs X très puissants sont des amas de galaxies conduit à penser que ce rayonnement vient de trous noirs, ces objets hyperdenses que les astrophysiciens voudraient bien mettre en évidence. Leur existence expliquerait la différence entre la masse observable et la masse théorique de l'amas (Journal de l'année 1972-73). L'astronomie des hautes énergies pourrait ainsi démontrer par l'observation la réalité de ces objets hypothétiques, tout en levant une importante difficulté théorique.

Noyaux

L'astronomie des rayons gamma progresse moins vite en raison de la mauvaise résolution angulaire des détecteurs : les sources ne sont localisées qu'avec une précision d'environ un degré.

Cependant, une source gamma pulsante a été localisée avec certitude dans la nébuleuse du Crabe, vestige d'une supernova et objet de prédilection de nombreuses recherches en astrophysique. D'autre part, plusieurs observations révèlent une émission gamma en provenance du centre de notre Galaxie. Le noyau de la Galaxie se révèle de plus en plus comme tout autre chose qu'une simple concentration d'étoiles. Il est le siège de processus physiques non élucidés, qui dégagent un rayonnement à haute énergie et qui doivent être rapprochés de ceux que l'on observe dans les noyaux de galaxies à forte activité (jets de matière, explosions catastrophiques).

Depuis plusieurs années déjà, l'astrophysicien soviétique Victor Ambartsoumian et ses collaborateurs de l'observatoire de Biourakan élaborent une théorie selon laquelle l'activité des noyaux galactiques serait à l'origine de la formation des étoiles. De son côté, le physicien français Omnès suppose qu'il existe dans l'Univers des quantités importantes d'antimatière : la réaction d'annihilation matière-antimatière serait responsable de rayonnements à haute énergie.

Molécules dans l'espace

On continue de trouver dans l'espace interstellaire de nouvelles molécules. Au bilan du second semestre de l'année écoulée figurent plusieurs hydrures, un composé de soufre, et surtout des molécules organiques : acide formique, formiate de méthyle, éther formique et même alcool éthylique. Importantes pour les astrophysiciens, ces découvertes ne le sont pas moins pour les spécialistes de l'origine de la vie : il n'est même plus nécessaire d'imaginer, avec Oparine et Miller, que les premières molécules qui ont donné le départ à l'évolution prébiologique, puis biologique, ont été créées dans les conditions de l'atmosphère primitive de la Terre. Même si, comme il est probable, de telles synthèses ont effectivement eu lieu, ces molécules sont éparses partout dans l'Univers. Elles sont donc prêtes à entrer dans l'évolution prébiologique dès que les conditions de milieu sont remplies, que ce soit sur la Terre ou sur d'autres planètes.

Deux « aurores » polaires artificielles

Deux fusées sont lancées, le 26 janvier et le 15 février 1975, des îles Kerguelen, dans le cadre du programme franco-soviétique ARAKS (Artificial Radiations Aurora Kerguelen Sogra) d'étude de la magnétosphère.

Plusieurs facteurs devaient être réunis pour permettre le lancement. À Sogra, il devait faire nuit, mais la Lune ne devait pas être visible ; aux Kerguelen, il devait faire jour, les vents ne devaient pas être trop violents et les conditions météorologiques devaient être bonnes ; l'activité solaire ne devait pas être intense, sous peine de perturber le champ magnétique terrestre et de faire confondre phénomène naturel et phénomène provoqué.

Les îles Kerguelen, dans le sud de l'océan Indien, et la région soviétique de Sogra (à environ 300 km à l'est d'Arkhangelsk) sont situées aux deux extrémités d'une même ligne de force du champ magnétique ; ce sont donc des points conjugués magnétiques. Le champ magnétique joue le rôle de bouclier de notre planète en empêchant les particules émises par le Soleil d'arriver à la surface de la Terre, sauf dans les régions polaires. Les particules chargées sont piégées par les lignes de force du champ et les suivent en tournant autour d'elles tout en décrivant un très rapide va-et-vient d'un point conjugué à l'autre.

Magnétosphère

Le projet ARAKS a permis d'injecter des électrons dans la magnétosphère, à 200 km d'altitude environ au-dessus des îles Kerguelen, dans trois directions très précises. Le nombre et l'énergie des électrons injectés étant ainsi connus, on comprend mieux le comportement de la magnétosphère.