Deux autres satellites sont lancés à Kourou le 17 mai. Castor (76 kg) essaie un accéléromètre sensible a une accélération ou à un ralentissement de 1/100 000 000e de m/s par s. On mesure ainsi d'infimes variations du freinage des satellites par les traces d'air, ainsi que l'énergie des météorites qui heurtent ces engins.

Pollux (36 kg) est chargé d'essayer un minuscule moteur-fusée prévu pour orienter et stabiliser de futurs satellites.

Ariane

Un dernier satellite doit être lancé à Kourou en septembre 1975. Cent soixante-dix employés du Centre spatial guyanais seront licenciés à la fin de cette campagne de tirs ; 430 resteront pour l'entretien des installations du champ de tir. À la fin de 1975, des travaux seront entrepris pour la construction du pas de tir Ariane, dont le coût approchera 150 millions de francs.

La construction de cette fusée est entrée dans une phase active. Fin juin 1975, le moteur principal est réalisé, et d'imposants bancs d'essai sont construits à Vernon. Parmi les problèmes résolus figure celui de l'ergol combustible, qui est la diméthylhydrazine dissymétrique (UDMH dans la nomenclature internationale).

La France ne pouvait fabriquer cette substance en quantité suffisante. Les Européens en ont demandé aux États-Unis, mais ceux-ci affirment n'en disposer que pour leurs propres besoins. Un accord est alors conclu avec l'URSS, qui accepte de fournir les 1 500 tonnes qui sont nécessaires.

La politique de collaboration avec l'URSS s'est poursuivie. Un colloque sur les opérations spatiales a eu lieu en Arménie du 26 août au 1er septembre 1974, et la commission mixte de coopération spatiale s'est réunie à Kiev du 10 au 15 octobre 1974 pour faire le bilan des réalisations communes et pour arrêter le programme des activités futures.

Le 5 juin, profitant du lancement d'un gros Molniya de télécommunications, les Soviétiques ont mis sur orbite le satellite français SRET 2 (30 kg), destiné à essayer le système de refroidissement des futurs satellites météorologiques européens. SRET 2 mesure également la dégradation de divers types de revêtements dans l'espace.

Par un accord signé le 2 juillet 1974, la France et le Japon créent une commission mixte chargée de préparer un programme de collaboration technologique et scientifique entre les organisations spatiales des deux pays.

Paris signe, deux semaines plus tard, avec l'Indonésie un accord semblable. Des stagiaires indonésiens sont envoyés en France pour recevoir la formation technique qui leur est nécessaire.

Deux importants marchés sont conclus avec le Japon et l'Inde. Le premier, qui dispose déjà de lanceurs de satellites, a acheté à la France la licence de fabrication du moteur du troisième étage de la fusée Ariane. L'Inde a acheté le droit de construire le moteur principal (Viking) de ce même lanceur.

Ce moteur-fusée, simple et rustique, convient parfaitement aux ingénieurs indiens, soucieux de donner à leur pays dans les plus brefs délais un puissant lanceur capable de mettre en orbite, en toute autonomie, les satellites de télécommunications dont il a besoin.

En attendant, l'Inde a pu mettre en orbite son premier satellite. Lancé par une fusée soviétique le 19 avril 1975, cet engin de 360 kg est destiné à étudier l'activité solaire et ses répercussions sur l'ionosphère. Il porte le nom d'Aryabhata, le grand mathématicien et astronome indien du Ve siècle.

Ainsi, partout se manifeste un souci d'indépendance, exacerbé par la politique draconienne que les USA s'obstinent à observer en matière de satellites d'applications. La France et l'Allemagne ne font pas exception.

« Symphonie », une réussite

Ces deux pays possèdent un excellent satellite de télécommunications. Symphonie (coût : 1 milliard de francs). Disposant d'une puissance de 300 W, capable d'acheminer 528 communications téléphoniques ou de retransmettre simultanément 2 programmes de télévision entre l'Europe, l'Afrique et l'Amérique, Symphonie devait être lancé par la fusée Europa, dont la construction a été abandonnée.

Il a donc fallu s'adresser aux Américains qui, pour 9 millions de dollars, ont accepté d'opérer son lancement, mais à la condition que Symphonie ne soit pas exploité commercialement et seulement utilisé comme satellite technologique.