Enfin, une nouveauté qui a beaucoup surpris : un appareil de retour, sorte de capsule munie de moyens de freinage, qui, commandée des stations terriennes ou par l'équipage, peut ramener automatiquement au sol du matériel scientifique (bandes magnétiques, photographies, échantillons biologiques, etc.).

Soyouz

Le vaisseau Soyouz a lui aussi été amélioré, peut-être mieux adapté à son rôle. Les Soviétiques avaient réussi la gageure de loger trois hommes dans un engin moitié moins lourd qu'Apollo.

Après la catastrophe du 29 juin 1971 (Journal de l'année 1970-71), il est apparu qu'on avait tout à gagner en en faisant un véhicule biplace. Dans sa version spécifique de simple navette pour les liaisons sol-station orbitale, Soyouz a été privé de ses panneaux solaires. De simples accumulateurs lui assurent une autonomie de quarante-huit heures largement suffisante. Pendant le temps où il est amarré au Saliout, c'est le générateur solaire de ce dernier qui l'alimente en énergie électrique.

Ces Soyouz sont équipés de systèmes d'approche et d'accostage automatiques et manuels très perfectionnés par rapport aux modèles antérieurs.

Soyouz 14, le premier de ces nouveaux vaisseaux, est lancé le 3 juillet 1974. L'équipage est constitué par le vétéran Pavel Popovitch (douze ans plus tôt, il avait piloté le Vostok 4) et par l'ingénieur Youri Artioukhine. Le surlendemain, les deux hommes s'installent dans la station Saliout 3 (lancée le 25 juin 1974) ; au sol, à la Cité des étoiles, leur doublure accomplira fictivement avec eux tous les points prévus par le programme de la mission.

Outre les observations astronomiques, les études sur l'atmosphère et les ressources terrestres, des études biologiques sont conduites à bord, où l'on s'occupe aussi du réglage et de la mise au point des équipements et installations.

Le retour des deux hommes a lieu le 18 juillet 1974 dans d'excellentes conditions.

La mission Soyouz 15 aura été de courte durée : lancé le 26 août 1974, l'engin regagne la Terre deux jours plus tard. Ce qui s'est passé témoigne de l'extrême prudence dont font maintenant preuve les responsables des vols spatiaux. Le système d'accostage automatique n'ayant pas convenablement situé le vaisseau spatial par rapport à la station Saliout, ordre est donné à l'équipage de renoncer à un pilotage manuel qui risquait de consommer trop de propergol en regard des réserves limitées de ces navettes.

Pour la première fois dans les annales de l'astronautique, le retour a lieu la nuit. Les conditions météorologiques au lieu prévu de l'atterrissage sont très mauvaises. Mais l'engin est suivi pendant sa descente et des hélicoptères ne tardent pas à récupérer les deux héros de ce coup pour rien : Guennady Sarafonov et Lev Diemine.

Entre-temps, les installations automatiques de Saliout 3 n'en continuent pas moins à fonctionner. Le 23 septembre 1974, l'agence Tass révèle qu'obéissant aux ordres du sol un appareil de retour s'est détaché de la station orbitale et a atterri dans le Kazakhstan, porteur de photographies, d'enregistrements et de matériel scientifique.

Puis ce sera, du 2 au 8 décembre 1974, la mission Soyouz 16, dont il a déjà été question et qui n'a rien à voir avec le programme Saliout. Ce dernier est repris par Soyouz 17, dont le vol dure du 11 janvier au 9 février 1975. Les deux membres de l'équipage sont Alexei Goubariev et Gheorgui Gretchko. Ce dernier est un spécialiste de technologie spatiale qui a participé à la réalisation du matériel lunaire.

Les missions dévolues à ces hommes sont sensiblement les mêmes que celles de leurs prédécesseurs dans la station.

Le 5 avril, Soyouz 18 est lancé avec, à bord, Vasili G. Lazarev et Oleg G. Makarov, c'est-à-dire le même équipage que Soyouz 12 (Journal de l'année 1973-74). Le troisième étage du lanceur n'ayant pas fonctionné, les dispositifs automatiques commandent la séparation de la capsule et son retour au sol ; après avoir fait un bond de 160 km, les deux hommes atterrissent à 1 670 km du cosmodrome de Baïkonour.

Satellisé le 24 mai, un autre Soyouz 18 conduit jusqu'à Saliout par Piotr Klimouk (un ancien de Soyouz 13) et Vitali Sevastianov, qui, devenu journaliste scientifique de la télévision après son vol à bord de Soyouz 9, sera le premier reporter de l'espace.

L'Europe spatiale

L'Agence spatiale européenne (ASE), dont une convention avait prévu la naissance pour le 1er avril 1974, puis pour le mois de mai (Journal de l'année 1973-74), s'est retrouvée dans l'impasse en raison des divergences pour l'attribution des postes du directeur général et des directeurs des différentes branches.