La dégradation des investissements est confirmée par le service d'études du ministère des Affaires économiques qui prévoit pour 1975 une augmentation de 13 % en valeur des investissements totaux et une réduction de 2 % en volume (en 1974, on enregistrait une croissance de 23,9 % en valeur et de 7 % en volume).

La Fédération des entreprises de Belgique (FEB) propose au gouvernement un programme de relance des investissements productifs privés. Elle réclame, entre autres, une déductibilité totale de la TVA frappant les biens d'investissement, une utilisation meilleure des commandes de l'État, une accélération des paiements des créances de l'État, un système d'aide aux entreprises qui connaissent des difficultés sectorielles, une aide à l'exportation et des mesures d'allégement fiscal.

Or, un plan de relance préparé au ministère des Finances tend à permettre aux entreprises qui s'équipent de porter au-delà des 10 % habituels la déduction fiscale pour ce genre d'achats. Une loi semblable, votée sous le gouvernement Van Acker en 1954, donna lieu à 33 milliards d'investissements et cet effort fut réalisé pour moitié par les petites et moyennes entreprises. Il est également question d'exonérer d'impôts directs 10 % de la valeur des investissements complémentaires.

Le gouvernement envisage de lever les restrictions imposées au crédit hypothécaire et d'abroger les limitations imposées en raison de l'inflation aux constructions dépassant 50 millions de francs belges. Les ministres étudient encore une série d'autres mesures techniques propres à donner un coup de fouet à une économie engourdie.

Mais, au-delà de ces mesures à court terme et de nature conjoncturelle, le gouvernement, sous la poussée des syndicats de travailleurs, organise la vie économique à moyen terme par la définition du plan 1976-80 et à long terme par la mise au point d'un holding public qui permettrait aux pouvoirs publics de prendre des initiatives en matière économique.

Le projet que le gouvernement compte soumettre au vote des Chambres paraît fort timide et, en tout cas, insuffisant aux yeux des syndicats. Seulement, le gouvernement ne peut aller plus loin que ce que peuvent admettre ses ministres libéraux, gardiens des intérêts traditionnels de la libre entreprise.

Ainsi, toute création d'entreprise industrielle publique sera soumise à une procédure parlementaire. Par contre, la Société nationale d'investissement, qui sera l'élément central du holding public, pourrait prendre de sa propre initiative des participations dans une entreprise mixte. Son pouvoir serait encore limité du fait que, pour des investissements mixtes supérieurs à 150 millions, la décision devra être soumise préalablement au gouvernement. Le monde patronal a déjà fait savoir, par la voix de la FEB, qu'il ne pouvait être question pour ce holding public de concurrencer le secteur privé.

Le marché du siècle

Avec les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège, le gouvernement belge se trouve placé fin mai devant un choix important : YF-16 américain ou Mirage F-1E français pour le remplacement des avions de combat Lockheed F-104 ? Ce choix, qui conditionne en grande partie l'avenir d'une industrie aérospatiale européenne, est finalement tranché en faveur de l'appareil américain. Le gouvernement belge, qui diffère sa décision à plusieurs reprises, s'aligne en fin de compte sur le choix néerlandais, danois et norvégien. Léo Tindemans est contraint de justifier la décision devant le Parlement. Le débat s'annonce houleux ; il se termine néanmoins par un vote de confiance à la Chambre le 12 juin (12 voix contre 92 et 3 abstentions) et au Sénat (102 voix contre 67 et 2 abstentions).

Scandales

Ainsi s'établit le bilan des activités du gouvernement dirigé par L. Tindemans, désigné comme l'« homme politique de l'année », en 1974, par les journalistes politiques. Le Premier ministre exerce le pouvoir dans un pays atteint non seulement par l'inflation et les séquelles des problèmes communautaires, mais également par une scandalite aiguë.