Le gouvernement cherche ainsi à relancer l'économie par les investissements privés. Les aides doivent permettre d'attendre une reprise de la demande intérieure prévue pour la fin du printemps. Grâce à la bonne volonté des syndicats et à la modération des salariés inquiets de la montée du chômage, la hausse moyenne des rémunérations ne dépasse pas l'augmentation des prix prévue pour l'année. Cette stagnation du pouvoir d'achat des salaires est, selon le gouvernement et le patronat, la condition nécessaire à une reprise des investissements.

Le gouvernement de Bonn a, d'autre part, décidé une relance de la consommation des ménages par la fiscalité. Le 1er janvier 1975 entre en vigueur une réforme fiscale comportant des allégements d'impôts pour les moyens et petits revenus, et la création d'allocations familiales. Cette réforme coûte 14 milliards de DM au Trésor public. Enfin, les collectivités publiques (État fédéral, Länder et communes) acceptent un fort déficit de leur budget (environ 60 milliards de DM) dont les responsables de la politique économique escomptent un effet expansionniste.

Sept mois après son adoption, ce programme d'« expansion dans la rentabilité », selon l'expression de Helmut Schmidt, n'a pas porté ses fruits. Le chômage diminue très lentement, les investissements industriels stagnent, la légère progression de la demande intérieure ne suffit pas à compenser la forte chute des exportations. L'heure tant attendue de la reprise est sans cesse différée. Périodiquement, le gouvernement fédéral est contraint de revoir en baisse ses prévisions pour 1975. On passe ainsi d'une hypothèse de croissance de 3 % en septembre à 0 % en mai.

Les difficultés de l'économie allemande sont illustrées par la crise de l'industrie du bâtiment (400 000 logements jugés trop chers ne trouvent pas d'acquéreurs) et par les difficultés de Volkswagen, symbole du miracle économique. Le 20 décembre 1974, le président du directoire de Volkswagen démissionne, et son remplaçant annonce, le 14 avril 1975, 20 000 licenciements (15 % du personnel) avant la fin de l'année.

Réformes

La récession et la grande misère des finances publiques contraignent le chancelier Schmidt à renoncer à toutes les réformes qui « coûtent de l'argent », promises par son prédécesseur Willy Brandt, pour se concentrer sur deux projets : la réforme de l'apprentissage et l'extension de la cogestion paritaire.

La réforme de l'apprentissage, adoptée en avril par le Conseil des ministres, vise à améliorer la coopération entre les entreprises privées et les écoles professionnelles publiques et à augmenter le nombre des places d'apprentissage. Cette réforme, qui se heurte à l'opposition du patronat et de la démocratie chrétienne, donne lieu à une controverse entre les sociaux-démocrates et leurs alliés libéraux, qui apparaissent dans cette affaire comme les porte-parole des milieux industriels.

L'extension de la cogestion à toutes les grandes entreprises est une autre pomme de discorde au sein de la coalition gouvernementale. Bien que le cabinet Brandt ait déjà adopté au début de 1974 un compromis entre les thèses social-démocrates soutenues par les syndicats et les thèses libérales, le parti libéral a remis en cause l'accord. Le chancelier H. Schmidt devrait cependant arriver à un nouveau compromis avant les élections générales de 1976.

Sur plainte des Länder gouvernés par les chrétiens-démocrates, le tribunal constitutionnel de Karlsruhe a déclaré, le 25 février 1975, la libéralisation de l'avortement (votée en juin 1974) inconstitutionnelle.

Coalition

Le parti social-démocrate (SPD) est contraint de faire de nouvelles concessions à ses alliés libéraux qui ont profité des élections régionales pour asseoir leur influence. Sauf dans la petite ville-État de Brême, le SPD ne gouverne plus seul dans aucun Land. Une des tâches de Helmut Schmidt lorsqu'il a remplacé W. Brandt à la chancellerie était d'enrayer la chute de popularité de la social-démocratie. Il lui a fallu presque un an pour y parvenir. En octobre, les amis chrétiens-sociaux de F.G. Strauss consolident leur majorité absolue en Bavière. En Hesse, puis à Berlin, la démocratie chrétienne est devenue le premier parti ; en Rhénanie-Palatinat elle a encore gagné des voix. Mais en Rhénanie-Westphalie, la coalition libérale socialiste gagne les élections du 4 mai 1975 tandis qu'en Sarre le gouvernement chrétien-démocrate faisait match nul avec ses adversaires.