Le 8, la Cour suprême, la plus haute instance judiciaire, se réunit en session spéciale extraordinaire (sans attendre la décision de l'instance intermédiaire d'appel) pour juger directement de l'affaire. Deux points doivent être tranchés :
– le chef de l'exécutif a-t-il le droit de refuser de communiquer les 74 documents sonores demandés par le procureur spécial Léon Jaworski par voie d'injonction judiciaire ?
– le grand jury avait-il l'autorité constitutionnelle nécessaire pour qualifier Nixon de complice non inculpé dans la tentative d'étouffement de l'affaire du Watergate ? James Saint Clair (l'avocat de Nixon) et Jaworski échangent des arguments diamétralement opposés.

Le 10, Henry Kissinger témoigne au procès intenté par un tribunal fédéral à John Ehrlichman, ancien conseiller du président, qui est accusé d'avoir couvert le cambriolage du cabinet du docteur Lewis Fielding (psychiatre de Daniel Ellsberg, l'homme qui a transmis à la presse des documents secrets du Pentagone sur le Viêt-nam). Le secrétaire d'État affirme n'avoir jamais demandé l'établissement d'une fiche d'ordre psychiatrique sur Ellsberg et n'être au courant d'aucune initiative en ce sens émanant soit de la CIA, soit d'un plombier.

Le 11, huit volumes de documents (des interrogatoires, des témoignages et des mémorandums) sont publiés par la commission judiciaire de la Chambre des représentants. La commission judiciaire d'enquête, présidée par Sam Ervin, rend public son rapport final ; il contient des informations préjudiciables au président, sans établir pour autant de façon catégorique que celui-ci ait participé activement à la tentative d'étouffement de l'affaire.

Le 12, le jury du tribunal fédéral rend un verdict de culpabilité contre Ehrlichman et ses coaccusés du procès dit des plombiers. L'ancien pilier de la garde prussienne de la Maison-Blanche avait plaidé qu'il avait approuvé une action « secrète » mais pas « illégale ».

Le 19, John Doar, conseiller spécial de la commission judiciaire de la Chambre des représentants, recommande la destitution (impeachment) du président Nixon pour cinq des sept chefs d'accusation qui ont été examinés à huis clos.

Le 24, à l'unanimité de ses huit membres présents, la Cour suprême décide de faire droit à la requête du procureur Jaworski et rejette les arguments de l'avocat de Nixon invoquant le caractère non limitatif des privilèges de l'exécutif. Le président de la Cour, Warren Burger, précise qu'accepter cette thèse reviendrait à porter atteinte à l'équilibre qui doit être maintenu, aux termes de la Constitution, entre l'exécutif et le judiciaire. Selon lui, Richard Nixon n'a pu faire valoir que la sécurité de l'État était en jeu. « Lorsqu'on fait seulement valoir l'intérêt général de la confidentialité pour ne pas remettre des documents faisant l'objet d'une sommation dans le cadre d'un procès criminel, ce point de vue ne peut pas prévaloir sur les exigences fondamentales du déroulement normal de la justice. » Par ailleurs, la Cour n'entend pas se prononcer sur la complicité sans inculpation du président relevée par le grand jury.

Le 26, la Maison-Blanche s'incline devant l'arrêt et accepte de livrer, quatre jours plus tard, un premier contingent de vingt bandes au juge Sirica.

Le 27, la commission judiciaire de la Chambre retient, par 27 voix (21 démocrates et 6 républicains) contre 11 (républicains), un premier chef d'accusation, « obstruction à la justice », contre le président et recommande sa destitution.

Le 28, un second chef d'accusation, « abus de pouvoir », est retenu par 28 voix contre 10. Le 30, la commission admet, par 21 voix contre 17, l'existence d'un troisième motif d'inculpation à l'encontre de Nixon : « refus de se soumettre aux injonctions de la commission quant à la remise d'enregistrements et autres documents ». En revanche, elle décide, par 26 voix contre 12, d'abandonner l'examen d'autres points, comme certains bombardements au Cambodge, considérés comme illégaux.

Le 29, John Connally, ancien secrétaire au Trésor, accusé d'avoir touché un chèque de 10 000 dollars de l'association des producteurs de lait, est inculpé de corruption, de faux témoignage et d'obstruction à la justice.