Le Premier ministre P. E. Trudeau obtient, le 23 octobre, de la Belgique, ce que les dirigeants français lui refusent, un appui ferme à la démarche du Canada en vue de la conclusion d'un accord économique avec la CEE, après un entretien d'une heure avec le Premier ministre Léo Tindemans, lors d'un séjour de quarante-huit heures à Bruxelles.

Le 1er mars 1975, le Premier ministre canadien entreprend une seconde tournée de seize jours dans cinq capitales d'Europe. Les chefs de gouvernement qu'il rencontre à La Haye, Bonn, Rome, Londres et Dublin s'engagent à soutenir les efforts du Canada en faveur d'éventuelles relations particulières avec la CEE, sans les définir ni préciser ses modalités.

Cependant, malgré l'appui officiel des capitales visitées, un certain scepticisme subsiste. Les membres de la CEE hésitent à envisager des liens contractuels avec le Canada, premier pays industrialisé à les rechercher, puisqu'une telle décision les obligerait à conclure des arrangements semblables avec d'autres puissances économiques, comme les États-Unis.

Francophonie

Précédé d'un grand battage publicitaire, le Premier ministre du Québec, Robert Bourassa, se rend en France le 2 décembre 1974, à la suite du Premier ministre P. E. Trudeau ; il cherche cette fois une caution de la politique de souveraineté culturelle de son gouvernement, dont la loi 22 sur la langue française est l'élément fondamental.

Malgré un calendrier particulièrement chargé, les dirigeants français lui réservent un accueil chaleureux pour souligner, sans doute, le caractère privilégié des relations entre la France et le Québec. Ils lui font l'insigne honneur d'exposer à une séance du Conseil des ministres français, présidée par Valéry Giscard d'Estaing, les vues de son gouvernement sur les projets de coopération entre les deux pays.

Lorsque le Premier ministre Bourassa tente d'élargir ses entretiens avec le gouvernement français sur la possibilité d'implantation d'une usine d'uranium enrichi au Québec, le gouvernement fédéral du Canada, qui régit le développement et l'exportation de l'énergie, le rappelle à l'ordre. Ottawa lui signale, entre autres, que les provinces ne peuvent conclure avec des pays étrangers des accords sur l'exploitation de l'uranium sans son autorisation.

Pour les Québécois, la francophonie prend particulièrement tout son sens cette année dans le cadre du premier festival international de la jeunesse francophone, la Superfrancofête, que la capitale québécoise accueille du 13 au 24 août 1974. Cette manifestation populaire, organisée par l'Agence de coopération culturelle et technique des pays francophones, connaît un succès inespéré auprès du public, qui répond par centaines de milliers à l'appel des cultures et au mariage des rythmes, des sons et des couleurs de 1 500 délégués de 25 pays.

Même si le pari est gagné, l'agence connaît des soubresauts politiques à Québec. Huit délégations africaines décident, pour des raisons politiques, de retirer leurs comédiens de l'atelier-théâtre du metteur en scène français Claude Régy, parce que la pièce préparée, Nègres, de Jean Genêt, ne respectait pas, selon elles, l'esprit du spectacle que les organisateurs du festival voulaient présenter. Cette pièce, qui pose le problème des relations entre Blancs et Noirs et entre colonisateurs et colonisés, met en relief, et peut-être pour la première fois, le statut délicat de l'agence, née il y a cinq ans sur la base d'un seul dénominateur commun : la langue.

Le Québec accueille le premier festival international de la jeunesse francophone, du 13 au 24 août, dans le cadre d'une Superfrancofête, à laquelle sont conviés 1 500 délégués de 25 pays membres de l'Agence de coopération culturelle et technique des pays francophones. Durant plus de dix jours, plusieurs centaines de milliers de Québécois envahissent la capitale, attirés par le mariage des rythmes et des couleurs.

Élections

Au cours de l'année, deux provinces canadiennes reconduisent au pouvoir leur gouvernement respectif lors d'élections législatives.