Les grands crus sont, cette année, remarquables et mériteront pour beaucoup, et à commencer par les champagnes, un millésime.

Exportations

Les céréaliers, qui avaient pour la plupart de bonnes raisons de satisfaction lors de la fixation des prix annuels, ont eu, en revanche, à se plaindre de la gestion (donc de la réglementation communautaire). Par prudence, Bruxelles avait sévèrement restreint les possibilités d'exporter hors de la Communauté jusqu'au printemps, bien que le cours mondial ait été plus élevé que le prix de marché de la Communauté ; on craignait alors une pénurie mondiale. Au contraire, dès que le marché international s'est calmé, la Communauté a libéralisé sa réglementation sur les exportations.

Le rythme des exportations vers les pays membres de la CEE a, par voie de conséquence, nettement augmenté pour dépasser même un niveau jamais atteint pour le blé, l'orge et le maïs.

Dans le secteur des fruits et légumes, toujours soucieux d'une meilleure protection communautaire contre les importations des pays tiers, on a pu observer une surproduction exceptionnelle de pommes et de poires. Deux phénomènes économiques sont toutefois à noter : d'abord, l'activité croissante des groupements de producteurs pour exporter, et qui s'est notamment traduite par une remarquable percée commerciale sur la Grande-Bretagne ; ensuite, la tendance nette des comités économiques à s'orienter vers les débouchés ouverts par la transformation. Cette initiative répond d'ailleurs à un goût de plus en plus marqué des consommateurs pour les fruits et légumes préparés.

Une progression fragile du revenu agricole

Après deux années de forte progression de leur pouvoir d'achat, les agriculteurs français craignent, avec de bonnes raisons, d'avoir à constater au cours de 1974 l'effritement de leurs revenus et demandent au gouvernement français d'obtenir à Bruxelles une révision des prix communautaires agricoles vers l'automne. L'inflation aidant, le coût des charges de production devrait en effet, selon toute vraisemblance, augmenter encore et fausser ainsi définitivement les prévisions de revenus des agriculteurs de la Communauté qui avaient été établies au printemps 1973 par les instances de Bruxelles.

La Commission s'en est souciée et a demandé à un groupe d'études de déterminer l'importance des effets inflationnistes au niveau de la production agricole. La France ayant la présidence tournante du Conseil des ministres de la CEE à compter du 1er juillet, il lui reviendra de décider s'il y a lieu de rajuster les prix agricoles.

Pouvoir d'achat

Selon la Commission des comptes de la nation, la valeur de la production agricole a progressé de 19 % en 1973. Mais il convient de préciser que cette progression est estimée à partir d'une augmentation des volumes de production de 6,8 %, une hausse des prix de 11,6 %, et aussi sur la virtualité que représente la valeur importante de certains stocks et notamment ceux, considérables, de vins. Tant et si bien qu'en tenant compte des mouvements effectifs de la commercialisation, le revenu brut des exploitations (les recettes moins les charges) a progressé de 14,9 %.

Deux autres éléments doivent encore être pris en compte pour mesurer le pouvoir d'achat des producteurs :
– la hausse générale des prix (elle a été de 7 % en 1973) ;
– la diminution du nombre des exploitants, estimée à – 2,7 % en 1972 (mouvement estimé à – 1,7 % pour 1974).

Dès lors, le pouvoir d'achat de chaque exploitant agricole français a progressé de 10,4 % en 1973, au lieu de 13,4 % en 1972.

Il s'agit là, bien entendu, de chiffres globaux qui ne tiennent pas compte des différences parfois très importantes entre les régions ou les zones rurales et entre les productions elles-mêmes.

Les organisations agricoles peuvent, cela va de soi, ne pas être tout à fait d'accord avec les résultats chiffrés par la Commission des comptes de la nation, dans la mesure où ceux-ci ne tiennent pas compte des exploitants à temps partiel comme les retraités ou les propriétaires de résidences secondaires qui cultivent un lopin de terre.