Bien entendu, une telle conjoncture, contraire aux aspirations des éleveurs et aussi persistante, risque fort de décourager les producteurs, qui pourraient s'orienter vers des productions de commercialisation moins hasardeuses.

Rentabilité

La production laitière, pour la période 1973-74, n'a pas connu les avatars de l'année précédente, et si le marché du fromage (et plus particulièrement le gruyère et l'emmenthal) a connu des moments difficiles, il n'en reste pas moins que le revenu des producteurs est demeuré convenable.

Les producteurs et les transformateurs du secteur privé et coopératif attendent toutefois beaucoup de la mise en route du Centre national interprofessionnel de l'économie laitière (CNIEL), qui fixera un prix minimal national du lait rendu usine, garanti par l'État par l'homologation d'un contrat type national ; ce prix devra ensuite être modulé au niveau des régions.

Dans les autres secteurs de l'élevage, les situations se révèlent plus ou moins acceptables au niveau de la rentabilité qui, d'une façon générale, a été fortement grevée par le renchérissement des aliments qui a suivi la crise du soja de l'été 1973.

Cela est vrai pour le veau, dont les cours ont été à différentes reprises affectés par le ralentissement des exportations sur l'Italie, et pour l'aviculture dans son ensemble.

Le secteur porc, dont la commercialisation a bénéficié de la création de marchés au cadran en Bretagne, s'est trouvé inquiété (au niveau des ateliers industriels), par l'élaboration d'une réglementation antipollution qui devrait prochainement voir le jour. Cette complication administrative a toutefois été très rapidement éclipsée au début de l'année par une épizootie de fièvre aphteuse qui s'est développée dans trois départements de l'Ouest. Les élevages porcins ont été les plus touchés par cette maladie, qui n'a pas épargné le cheptel bovin. Au début du mois de mai, cet accident sanitaire était résorbé. Il s'est soldé, pour les finances publiques, par une addition de quelque 50 millions de francs et par une chute momentanée des cours du porc.

Pour les ovins, le plan de restructuration de la production a été reconduit pour la quatrième année consécutive, et il pourrait déboucher enfin sur une relance de la production nationale qui devrait permettre de réduire le déficit national.

L'élevage chevalin de boucherie a atteint, pour sa part, sa cote d'alerte et réclame des mesures urgentes pour la relance de la production.

Abondance

Dans le secteur indissociable de la betterave et du sucre, l'événement marquant est sans aucun doute l'alerte qu'a constitué le mémorandum sucrier de la Communauté. Dans l'esprit des rédacteurs de ce règlement sucrier, les Neuf doivent faire place sur leur marché à des sucres de canne produits par les pays en voie de développement et, pour cela, limiter volontairement leur production. La France, qui est parvenue à un niveau record de productivité, ne l'entend évidemment pas de cette oreille et elle a réussi jusqu'ici à faire ajourner cette proposition, qui reviendra certainement en discussion au plus tard en 1975.

La production de sucre en 1973, quoique abondante, demeure toutefois inférieure à celle, record, de 1971.

La récolte 1973 de vin, avec plus de 82 millions d'hectolitres, s'est révélée remarquable en qualité et pléthorique en volume. Elle n'a donc pas manqué de poser d'importants problèmes financiers aux viticulteurs, et notamment à ceux du Midi méditerranéen, qui ont été amenés à manifester à maintes reprises pour le redressement des cours. Des mesures nationales de désengorgement du marché et les mesures de Bruxelles en faveur d'un financement communautaire du stockage ont permis, au printemps, le redressement des cours des vins courants.

Les vins de pays continuent à être activement recherchés depuis que la campagne de promotion les a mieux fait connaître l'an dernier. De même, les cours de certains VDQS (côtes du Roussillon, côtes de Provence, etc.) sont fermes, encore que d'autres (corbières, gros-plant du pays nantais, côtes du Rhône, bordeaux, muscadet et beaujolais) se vendent assez lentement.