D'un secteur à l'autre les résultats sont brillants. La progression du chiffre d'affaires dans le secteur des biens intermédiaires est de 27 % (grâce notamment à une progression de 36 % de ses exportations). Le secteur des biens d'équipement, qui représente la moitié du chiffre d'affaires total de la profession, a augmenté de 20 % (la palme revenant aux matériels d'équipement électrique d'éclairage, aux appareils de mesure et aux téléphones).

Dans le secteur des biens de consommation, le taux annuel d'expansion est de 19 %, un affaiblissement de la demande ayant été constaté à l'automne 1973. Dans ce secteur, particulièrement exposé aux importations en provenance des pays du Sud-Est asiatique, la progression des ventes à l'étranger (+ 35 %) a été supérieure à celle des achats (+ 32 %).

Téléphone

Les producteurs de matériels téléphoniques ont, en 1972, augmenté leur chiffre d'affaires (4 700 millions de francs en 1973) de 25 %. Ces industriels tirent parti des énormes investissements (10 300 millions de francs en 1974, soit + 24 %) qui sont engagés depuis plusieurs années par le ministère des PTT pour surmonter la crise du téléphone.

Le ministère des PTT, à la fin de septembre 1973, a annoncé la constitution de la société France-Centrex, dont il partage le capital avec un groupe de banques et de compagnies d'assurances. Cette société, dont les activités entament le monopole de l'État sur les télécommunications, a pour objectif :
– l'achat de centraux téléphoniques moyens destinés à la desserte téléphonique directe de très grandes entreprises ou de quartiers ;
– leur gestion à la place de l'Administration.

Voulant bénéficier d'une partie de cette manne que représente l'équipement téléphonique, et aussi en raison de sa compétence technique, le groupe Thomson-CSF a, le 14 janvier 1974, obtenu (malgré la résistance des autres partenaires du Club) d'entrer dans la Société mixte pour le développement de la technique des télécommunications (SOTELEC), lui donnant ainsi accès aux marchés des matériels.

Ce succès de Thomson-CSF paraît avoir été l'une des raisons principales de la rupture de son accord avec l'autre grand de la construction électrique, la Compagnie générale d'électricité (CGE).

La Compagnie générale d'électricité annonce, en décembre 1973, que, par une lettre du 28 novembre 1973, son partenaire, le groupe Thomson-CSF, décidait de dénoncer leur accord qui prévoyait de rationaliser leurs activités et de se répartir les secteurs plutôt que de se faire concurrence.

Dans ses grandes lignes, cette convention reconnaissait la prédominance de la CGE dans l'électrotechnique, les télécommunications, les câbles et les automatismes, et celle de Thomson dans l'électronique, l'informatique et le matériel destiné au grand public (TV, électroménager).

Les accords, signés en juin 1969 (Journal de l'année 1968-69), arrivent à expiration le 31 décembre 1974, sauf renouvellement pour trois ans par tacite reconduction avant la fin de 1973.

Accord

Au début de mars 1974, la CGE a signé avec le groupe anglais Plessey (3,6 milliards de francs de chiffre d'affaires annuel ; effectifs : 77 000 personnes) un accord technique et commercial dans le domaine du téléphone.

« En ce qui concerne le téléphone, a déclaré Ambroise Roux, président de la CGE, il nous faut travailler avec des partenaires de poids. Plessey en est un. S'il se révèle dans l'avenir que nous pouvons trouver d'autres éléments de rapprochement avec Plessey, nous les utiliserons. Mais il n'est en aucune manière question de substituer purement et simplement Plessey à Thomson. »

La rupture entre la CGE et Thomson-CSF a eu des répercussions dans la politique de développement de la Compagnie internationale pour l'informatique (chiffre d'affaires en 1973 : 1 200 millions de francs), dans laquelle les deux firmes possèdent ensemble 62 % du capital.

Le gouvernement, qui avait approuvé le rapprochement, au sein d'UNIDATA, de la CII avec les groupes Siemens (Allemagne fédérale) et Philips (Hollande), a confirmé, le 12 février 1974, son désir de voir ce rapprochement se consolider avant de rechercher un autre mariage, celui-là avec un fabricant d'ordinateurs d'une taille plus grande. La première de ces thèses a été défendue par le groupe Thomson ; la seconde, qui supposait une entente avec une firme des États-Unis, l'a été par la CGE.