Détente

Courses

Alors que le pactole qui irrigue les courses par le canal du tiercé paraissait en voie de tarissement l'année dernière (Journal de l'année 1972-73), le montant des jeux progresse, en 1973-74, d'une façon spectaculaire : de 10 à 15 %. Et ce phénomène, qui n'est pas lié à une spécialité (la progression est de 14,70 % lors du meeting hivernal de trot, mais elle ne décroît pas avec l'obstacle) tend à s'instaurer définitivement. Ce qui permet aux sociétés de courses de ne pas trop regretter l'opposition gouvernementale au relèvement de la mise minimale. En proposant que celle-ci soit portée de 3 à 5 francs, elles espèrent trouver les ressources nécessaires pour faire face à la montée des prix de revient et à leurs charges, qui sont d'année en année plus lourdes. Mais cette mesure est jugée inopportune dans le contexte d'inflation qui marque l'année.

Tutelle

Un projet de décret est établi par le cabinet du Premier ministre : il vise à renforcer la tutelle de l'État sur les sociétés de courses, à établir la participation des professionnels à la gestion et à assurer une plus grande autonomie aux fédérations régionales. Mais les bouleversements politiques consécutifs à la disparition du chef de l'État surviennent avant qu'il soit adopté.

Depuis quelques années, les gains obtenus sur nos hippodromes par les chevaux étrangers posaient un problème. Il est en partie résolu par un relèvement de 10 % des allocations pour les chevaux nés en France qui se classent dans les quatre premiers, ainsi que par une augmentation des primes aux éleveurs.

Tiercé

À deux reprises, l'événement provoqué par la course du tiercé dépasse le cadre dominical. C'est le cas, d'abord, du Prix Bride-Abattue, disputé à Auteuil le 9 décembre 1973. Des bureaux de PMU de Paris, de Marseille, de Toulon, signalent, le matin même de la course, qu'ils ont enregistré un nombre élevé de tickets avec des jeux similaires. En tout, 3 300 tickets ne retenant que 9 concurrents sur les 24 qui s'alignent au départ, pour une mise de 500 000 francs. Prévenus, les commissaires suivent avec une attention particulière le comportement des chevaux. Et le spectacle qu'ils ont sous les yeux est assez étonnant : au bout de quelques mètres de course, quinze chevaux se comportent exactement comme s'ils voulaient justifier la prescience des parieurs trop adroits. Vingt tickets portant la combinaison gagnante rapportent cinq millions de francs. Mais le PMU bloque les gains, tandis que la Société des steeple-chase de France demande l'ouverture d'une information judiciaire. Une plainte es déposée pour « tentative d'escroquerie et complicité » : on se trouve en présence d'une affaire qui rappelle étrangement le Prix de Bordeaux (Journal de l'année 1971-72).

À Longchamp, le 15 avril, à l'occasion du Prix du Bel-Air, c'est l'entraîneur Jean-Jacques Beaumé qui est sur la sellette. Les commissaires reprochent à son représentant Porticcio non la seconde place qu'il a prise dans le tiercé, mais la quatrième qu'il avait obtenue lors de sa sortie précédente dans le Prix Mât de cocagne. Le cheval avait-il été tiré afin d'obtenir un poids favorable dans un handicap, ce qui est contraire au code des courses, mais apparemment assez souvent pratiqué ? Jean-Jacques Beaumé, jeune entraîneur dont la réussite est remarquable, est finalement condamné à 5 000 francs d'amende.

Cette année, Yves Saint-Martin remporte sa dixième cravache d'or. Il est vrai que son écurie, celle de Daniel Wildenstein, est en tête de liste avec plus de douze millions de francs de gains, ce qui constitue un record.

Chevaux

Au trot, une vedette s'en va : à dix ans, Une de Mai entre au haras. Elle aussi a battu un record de gains : avec les primes aux éleveurs, elle est le premier trotteur à avoir dépassé la somme impressionnante de dix millions de francs. Vincennes assiste à une révélation : celle d'Axius, un cheval qui, en quelques mois, passe du niveau des bons handicaps à la deuxième place du Prix d'Amérique et à la victoire dans des classiques comme le Prix de France. Mais, surtout, on retiendra de cette année la supériorité des trotteurs américains sur les produits de notre élevage : pour la seconde fois consécutive, le Prix d'Amérique revient à un cheval d'outre-Atlantique, Delmonica Hanover, et, pour faire bonne mesure, c'est un autre trotteur américain, Timothy T, qui enlève le Prix de Paris.