Ces projets d'utilisation directe de la chaleur nucléaire – dont Jean Charbonnel, ministre du Développement industriel et scientifique, a rappelé en France l'importance lors d'un colloque sur l'énergie organisé par son ministère début décembre 1973 – sont un moyen intéressant d'augmenter la part du nucléaire dans la couverture des besoins énergétiques en complément de l'électricité ; mais il n'en a pas été tenu compte jusqu'à maintenant dans l'estimation des besoins en uranium et en uranium enrichi, sur lesquels ils pourraient peser de façon sensible.

Les énergies nouvelles

La crise de l'énergie a amené la plupart des nations industrielles à repenser entièrement le problème de leur approvisionnement énergétique, et à explorer d'un œil neuf les possibilités des diverses sources d'énergie autres que le pétrole.

On parle d'énergies nouvelles. Il faut distinguer entre les énergies réellement nouvelles, comme la fission ou la fusion nucléaires, et les énergies anciennes, comme le charbon, le soleil ou le vent, qu'on envisage de mettre en œuvre avec des technologies qui, elles, sont nouvelles. Toutes ces possibilités vont être explorées à une échelle considérable, entre autres aux États-Unis (Programme Independence ; 10 milliards de dollars pour les recherches et développements dans le secteur de l'énergie) et dans la plupart des pays industrialisés, où de vigoureux programmes de recherche ont été décidés fin 1973 et début 1974.

Le charbon

Le charbon a profondément souffert, surtout depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, de la concurrence du pétrole, plus facile à produire (et surtout moins coûteux, en particulier dans les prolifiques gisements du Moyen-Orient), plus facile à transporter et à distribuer, et d'un emploi plus universel. Mais le charbon a pour lui un avantage considérable : son abondance. Ses réserves sont estimées à quelque 7 600 milliards de tonnes, soit environ 3 000 années de la production actuelle, ou encore entre 10 et 20 fois les réserves ultimes estimées pour le pétrole. Malheureusement, ces réserves sont inégalement réparties entre quelques pays (URSS, USA, Chine, etc.).

L'abondance de ces réserves a rendu un grand intérêt au charbon, surtout aux États-Unis. Il semble difficile de l'utiliser tel quel, surtout à cause de la pollution (SO2 et particules) engendrée par sa combustion. On cherche donc à produire des combustibles propres à partir du charbon, soit gazeux, soit liquides.

La gazéification du charbon était utilisée à grande échelle pour faire du gaz de ville (mélange de méthane, d'oxyde de carbone et d'hydrogène obtenu par réaction de vapeur d'eau ou d'oxygène sur du charbon chauffé et dégazé). On veut pousser davantage ces réactions en leur ajoutant une réaction supplémentaire, dite de méthanation ; on obtient ainsi un mélange gazeux substituable au gaz naturel (Syngas), utilisable dans les canalisations et les installations existantes sans modifications. La plupart de ces réactions consomment de l'énergie, c'est-à-dire que le rendement de la transformation est inférieur à 1. Cette énergie peut être engendrée par la combustion de charbon. Mais une variante intéressante consiste à fournir cette énergie sous forme de chaleur nucléaire, obtenue à partir de réacteurs nucléaires à haute température (solution étudiée aux USA par la société Gulf et, en Allemagne, par le centre nucléaire de Jülich et les Charbonnages allemands).

L'autre possibilité pour utiliser le charbon est de le liquéfier pour obtenir soit un liquide différent du pétrole, mais aisément manipulable et susceptible d'être brûlé directement (après désulfuration) dans les centrales thermiques, soit un ersatz d'essence (comme le faisaient les Allemands pendant la guerre à l'aide de la synthèse Fischer-Tropf), ou enfin du méthanol, qu'on pourrait utiliser comme combustible. Les recherches sont moins avancées que pour la gazéification, mais démarrent rapidement aux États-Unis, dans le cadre du Programme Independence.

Asphaltes et schistes

Les réserves ultimes de pétrole sont estimées entre 200 et 300 milliards de tonnes (dont une centaine actuellement prouvées), y compris les réserves off-shore. À ces réserves, il faut ajouter les huiles lourdes du Venezuela, les sables asphaltiques et les schistes bitumineux.