L'homme moderne aspire en même temps à s'échapper de la ville : la France délient en Europe le record des résidences secondaires ; il y en a 1 500 000, il y en aura 2 700 000 en 1985. La fermette contrebalancera-t-elle les effets toxiques de la ville ?

Atmosphère

Plus facile à doser et à limiter, la pollution atmosphérique est mieux connue, mais elle pose de difficiles problèmes d'appréciation.

Les trois sources de pollution (foyers domestiques, foyers industriels, véhicules automobiles) émettent du bioxyde de soufre, des oxydes d'azote, de carbone et de fer, des goudrons, des fluorures, de l'anhydride sulfurique, des poussières et particules diverses, des hydrocarbures imbrûlés, des sels de plomb, etc. Trois points peuvent être étudiés :
– les poussées de pollution spectaculaires. Observées en 1952 en Angleterre, dans les années suivantes dans la vallée de la Meuse, en janvier-février 1963 à New York, elles sont liées à des circonstances locales. Elles ont entraîné de brusques pointes de surmortalité chez l'enfant et chez l'adulte, par une véritable épidémie de maladies respiratoires ;
– les bronchites. Pour les bronchites de l'enfant, le professeur Fréour « a pu mettre en évidence une relation absolument flagrante entre l'absentéisme scolaire pour raison respiratoire, grippe exclue, et la concentration en bioxyde de soufre et en fumées en une certaine saison ». Pour la bronchite chronique de l'adulte, les spécialistes sont plus réservés : « Il est très difficile de mettre en évidence une relation de causalité entre la pollution de l'atmosphère et le développement d'une bronchopathie chronique. »
Pourtant, aux États-Unis, la mortalité par bronchite chronique est plus élevée dans les zones urbaines que dans les zones rurales. En France, une étude des docteurs Gervois et Voisin a montré qu'en cinq ans (1956-1961) la fréquence des nouveaux cas de bronchite chronique pour 100 000 assurés sociaux est passée à 12,7 dans la circonscription de Lille, à très forte concentration urbaine, alors que pendant le même temps elle ne s'élevait qu'à 1,9 (dix fois moins) dans le canton rural de Laon. Mais, selon le professeur Fréour, il existe une liaison encore plus forte entre les bronchopathies chroniques et l'usage du tabac ;
– le cancer bronchique. En 1971, l'OMS rappelait que le cancer bronchique est plus fréquent dans les villes que dans les campagnes ; mais, réplique le professeur Fréour, « à Londres, où la pollution atmosphérique (qui était très forte) n'a cessé de baisser, le nombre des cancers bronchiques n'a cessé d'augmenter, et en Finlande, où les niveaux de pollution sont bas, la mortalité par cancer bronchique est très forte ». Et si le redoutable 3.4 benzopyrène est effectivement présent dans l'atmosphère polluée, ne l'est-il pas davantage dans la fumée de combustion des cigarettes ?
Dans les îles Anglo-Normandes, où la consommation de cigarettes est la plus forte du monde mais la pollution insignifiante, le nombre des cancers bronchiques est très élevé. Conclusion du professeur Fréour : « À la vérité, il y a sans doute une conjugaison de facteurs, et fort peu, la cigarette exceptée, sont parfaitement connus. »

Diminuer la pollution ? Pour les usines et les foyers domestiques, c'est facile : l'exemple de Londres l'a prouvé. « Reste l'automobile : la pollution est encore intense, mais le problème est virtuellement réglé sur le plan technique ; c'est l'application sur une grande échelle qui pose, en fait, des questions financières et par conséquent, en définitive, politiques. Cette pureté de l'air, nous pouvons l'obtenir, mais il faut l'exiger et accepter d'en payer le prix. »

Alimentation

Les maladies du cœur et des vaisseaux constituent le fléau numéro un du monde moderne ; le diabète augmente, l'obésité et l'alcoolisme fleurissent. Nos exécrables habitudes alimentaires ne jouent-elles pas un rôle important, déterminant selon certains, dans la genèse de cette triade souvent mêlée, diabète-obésité-maladie de cœur, et dans laquelle l'alcoolisme apparaît, dans une certaine mesure, comme une maladie alimentaire quasi autonome, ou une déviation de l'alimentation saine ?