L'AFP pourrait aussi avoir un rôle immuno-dépresseur, en diminuant la réaction de rejet de la mère à l'égard du fœtus, mais il s'agit là d'une hypothèse.

Enfin, un rapport canadien mentionne que l'AFP aurait probablement, avec une autre substance, un rôle de stimulant de la croissance cellulaire, ce qui expliquerait sa présence dans les cancers. Quoi qu'il en soit, toutes ces corrélations justifient l'intérêt croissant pour l'étude de l'AFP en médecine périnatale, en cancérologie et probablement aussi en endocrinologie.

Médecine

Cancer : deux pistes, chalones et herpès

À la dixième session du Conseil scientifique du Centre international de recherche sur le cancer à Lyon Convier 1974), les spécialistes se sont déclarés « spécialement intéressés à l'étude de l'association entre le virus de l'herpès et le cancer ».

L'herpès est une infection d'origine virale qui peut siéger en n'importe quel point des téguments et des muqueuses. Sur le plan immunologique, on distingue deux virus distincts : celui de l'herpès génital, dit virus II, que l'on isole du smegma, et celui de l'herpès buccal, ou virus I. Seul le virus II intéresse les cancérologues. L'observation clinique range l'herpès génital féminin parmi les maladies vénériennes.

Souvent diffus, érosif, ulcéreux, il est très douloureux. Chez la femme enceinte, il crée un risque considérable : l'enfant peut être contaminé avant ou pendant la naissance, et l'herpès néo-natal est presque toujours mortel. Ainsi, quand le diagnostic d'herpès génital est porté chez une parturiente, une césarienne peut être pratiquée, afin d'éviter la contamination pendant l'accouchement. Quant au traitement, il ne fait appel qu'à un tout petit nombre de médicaments, dont l'un, l'idur, est réellement actif. On a essayé des vaccins fabriqués à partir de virus du type I. On a aussi tenté d'utiliser préventivement le BCG et le vaccin antivariolique, qui pourraient stimuler les défenses immunitaires de l'organisme contre l'agression virale.

Corrélation

Pourquoi établit-on une corrélation entre l'herpès II et le cancer du col utérin ? En bref, il existe des arguments épidémiologiques certains : les risques de cancer du col sont d'autant plus élevés que les rapports sexuels ont été plus, précoces et plus fréquents, précisément parce qu'ils exposent davantage à cette maladie vénérienne qu'est l'herpès génital. D'autre part, les études statistiques ont montré que les femmes qui avaient été atteintes, avant ou après un accouchement, d'un herpès génital sont de deux à dix fois plus sujettes au cancer du col que les femmes indemnes de cet herpès. Le Dr Z.-M. Naïb a observé que 7 % des femmes souffrant d'herpès génital sont porteuses d'un cancer du col ; ce pourcentage n'est que de 0,6 % chez les femmes indemnes du même type d'herpès. Enfin, W. E. Rawls a remarqué que les femmes dont les partenaires sont circoncis sont moins souvent atteintes que les autres par l'herpès génital, l'expérience prouvant que les hommes circoncis ne sont qu'exceptionnellement contaminés par le virus.

À ces observations cliniques, le laboratoire a ajouté, au fil des ans, une série de faits impressionnants :
– en 1970, Laure Aurelian, titulaire de la chaire de microbiologie de la Johns Hopkins University, isole, pour la première fois au monde, le virus de l'herpès II de cultures cellulaires provenant d'un cancer du col de l'utérus. Ces cellules contiendraient l'information virale génétique qui, selon les diverses influences ou excitations, déterminerait soit l'infection herpétique, soit le cancer ;
– en 1973, Darrai et Munk (université de Heidelberg) démontrent que des cellules embryonnaires de poumon humain présentent, après inoculation de virus herpétique, une série de transformations très suspectes de cancérisation ;
– en 1973 également, Albert Sabin, père de l'un des vaccins antipoliomyélitiques, isole du virus herpétique un antigène particulier, codé par le virus, mais n'en faisant pas partie intégrante. Or, les malades atteints de certains cancers à un stade avancé présentent des réactions sérologiques positives contre cet antigène, ce qui, selon Sabin, suffit à l'impliquer comme l'un des facteurs étiologiques des cancers suivants : lèvres, bouche, rhino-pharynx, vessie, prostate, col utérin, vulve ;
– mars 1974. Une équipe de l'université Yale (USA) provoque l'apparition d'un lymphome malin chez des ouistitis, en leur injectant du virus d'Epstein-Barr, virus prélevé chez un malade atteint de mononucléose infectieuse. La moitié des singes inoculés succombent. Les particules virales isolées à partir des tumeurs induites montrent les mêmes caractéristiques histologiques et antigéniques que le virus d'Epstein-Barr.

Hypothèse

Il y a une dizaine d'années, Epstein et Barr découvraient au microscope électronique, dans des cellules provenant de malades atteints d'une forme particulière de cancer, la tumeur de Burkitt, des particules virales qui furent reconnues comme étant morphologiquement et typiquement du groupe de l'herpès. On retrouve également ces particules dans un autre type de cancer, le carcinome nasal postérieur, et dans deux autres maladies humaines non cancéreuses, la mononucléose infectieuse et la sarcoïdose. Il semble donc qu'il existe une association entre trois cancers humains (Burkitt, cancer du col, carcinome nasal) et un virus de la famille de l'herpès. À quoi s'ajouteraient, selon Sabin, d'autres cancers liés à un antigène particulier du virus herpétique.