Autres bonnes surprises : Pete and Tillie de Martin Ritt, Le soldat qui déclara la paix de Joseph Sargent, A touch of class de Melvin Frank, Save the tiger de John Avildsen, La dernière corvée d'Hal Ashby, Sugarland Express de Steven Spielberg, et surtout Sleeping Beauty de James B. Harris. Le western s'engage sur de nouvelles voies tout en restant fidèle à la tendance générale qui veut que l'on démythifie la célèbre légende de l'Ouest. Si Sam Peckinpah n'a guère convaincu avec son Pat Garrett et Billy le Kid, en revanche des films plus modestes comme Billy Two Hats (titré en France : Une corde pour un colt) de Ted Kotcheff, Le fantôme de Cat Dancing de Richard Sarafian, Quand meurent les légendes de Stuart Millar et Billy le Cave de Stan Dragoti ont tous été marqués par la personnalité de leur metteur en scène.

En adaptant le best-seller d'Henri Charrière, Papillon, Franklin Schaffner n'a fait qu'illustrer sagement et honorablement un récit haut en couleur qui aurait demandé peut-être plus de fougue sur le plan cinématographique. Parmi les échecs, il faut mentionner le fiasco de L'homme de la Manche, avec Peter O'Toole et Sophia Loren, réalisé pourtant par Arthur Miller, qui connut il y a peu un succès fabuleux avec Love Story.

Dans son ensemble, le cinéma américain a prouvé une fois de plus sa suprématie, consacrée par le Festival de Cannes avec l'excellent Conversation secrète de Francis Ford Coppola.

Grande-Bretagne

La plupart des réalisateurs britanniques de renom sont, à plus ou moins long terme, appelés à tourner des films aux États-Unis. Inversement, plusieurs cinéastes américains viennent chaque année sur le vieux continent. L'imbroglio est très touffu lorsqu'il s'agit de déterminer la nationalité des films. Ainsi le Chacal de Fred Zinnemann est théoriquement britannique, et le Zardoz de John Boorman théoriquement américain. Un film exprime avant tout la personnalité de son auteur. L'Anglais John Boorman, à l'inverse de nombreux metteurs en scène, a choisi, lui, d'être en avance sur son temps. Zardoz se déroule en l'an 2293, dans une communauté technologique dont les membres ont découvert le secret de la vie éternelle. Un étranger, en s'infiltrant dans leur retraite, sera cause de la désagrégation d'un cocon protecteur. Le film relève tout autant de la science-fiction que de la prophétie métaphysique. Lindsay Anderson, dans Le meilleur des mondes possibles, a peut-être visé un peu haut, mais il n'est pas interdit de trouver au cours de son récit, mi-picaresque, mi-apocalyptique, des séquences fascinantes qu'alourdissent, hélas, de trop fréquentes digressions.

C'est dans un domaine voisin, celui de la politique-fiction, que Peter Watkins a situé son film Punishment Park (tourné en Amérique). Toutes ces œuvres scrutent l'avenir d'un œil sombre. La lucidité ne peut déboucher que sur l'angoisse. Une autre sorte d'angoisse est celle que débusque Mike Leigh dans Bleak Moments, un film sur la difficulté de communication et les ravages de la solitude qui fait parfois penser à Family Life et révèle un nouvel auteur de grand talent.

Michael Apted, dans Triple écho, fait également une entrée remarquée. Tout comme Stephen Frears, dont le Gumshoe est une parodie très enlevée des films d'Humphrey Bogart.

Plus souriant et détendu, mais assez impertinent tout de même à l'égard d'Alexandre Dumas, Richard Lester a donné une nouvelle version assez extravagante des Trois mousquetaires. Quant à Peter Brook, il a modernisé Le roi Lear sans en trahir l'esprit pour autant. On a même cru un moment assister à la renaissance de la célèbre école humoristique des années 45-55 avec le Pataquesse de Lan McNaughton, mais ce film n'est apparu finalement que comme un Hellzapoppin du pauvre.

Italie

Le cinéma italien, une fois encore, a surclassé ses rivaux européens. Quatre films de grande valeur, tant du point de vue thématique que du point de vue artistique, ont marqué la saison : Amarcord de Federico Fellini, Portier de nuit de Liliana Cavani, Lucky Luciano de Francesco Rosi, La villeggiatura de Marco Leto. Fellini, la cause semble maintenant entendue, domine depuis plus de quinze ans le cinéma mondial avec Ingmar Bergman. Amarcord, que d'aucuns ont pu trouver moins spectaculaire que le Satyricon et moins surprenant que Roma, n'en est pas moins un superbe morceau de cinéma. Le film marque une halte nostalgique dans la carrière de son auteur. Cette recherche du temps perdu se situe dans un petit village de Romagne, pendant la période d'apprentissage du fascisme. Fellini ne se laisse pas enfermer par la description haute en couleur des charmes passéistes ; il veut exorciser son enfance et ainsi la faire revivre, sans insister pour autant sur l'attendrissement ou l'excessive mélancolie. Chronique fellinienne par excellence, Amarcord est une sorte de tour de force, un feu d'artifice visuel.