Le phénomène majeur, en tout cas, c'est la coupure des catholiques italiens. Les évêques sont intervenus en tentant de demeurer sur le seul terrain pastoral. Les démocrates-chrétiens ont tenté de se démarquer des groupes activistes adversaires du divorce au nom de la foi catholique. Mais un nombre respectable de personnalités catholiques de tous les milieux ont pris des positions constantes pour le « non », en récusant le bien-fondé des appels à l'unité de l'Église et des sanctions canoniques prises contre les prêtres qui n'ont pas parlé en faveur du « oui ».

Il y a là le signe que démocratie chrétienne ne signifie plus catholicisme politique. Et cette prise de conscience, dont l'audience est indiscutable, aura d'évidentes répercussions dans l'avenir.

Affaires

Mais le climat politique n'en est pas pour autant clarifié. Revenons en arrière, au début de l'année. Les magistrats de Milan ou de Vénétie qui, inlassablement, depuis des années, poursuivent l'enquête sur les pistes noires, c'est-à-dire les origines fascistes de la campagne de terrorisme larvé, soulèvent différentes affaires.

À l'automne 1973, c'est à Padoue que surgit un mouvement, dit La rose des vents, dans lequel est impliqué un lieutenant-colonel. Les personnes arrêtées semblent toujours devoir être de petits personnages, exécutants, manipulés, mais par qui ? Les noms ne sont pas retrouvés et les attentats ne cessent pas, même si, par fortune, ils échouent souvent.

La tension psychologique est permanente et se traduit par des épisodes étranges. Ainsi, le 27 janvier, on apprend que la veille différentes casernes auraient été mises en état d'alerte par on ne sait qui, que les édifices publics seraient surveillés.

Les rebondissements (vite oubliés) de l'affaire des interceptions téléphoniques, les divergences publiquement exprimées des magistrats entre eux, ainsi que celles des différentes polices (dont les principaux représentants s'accusent réciproquement d'avoir ensablé des éléments d'enquête) ajoutent au malaise politique. Survient alors au grand jour un autre scandale dont on soupçonnait l'existence depuis l'été.

De jeunes magistrats, qui ne font pas mystère de leur attachement soit à la gauche, soit à un catholicisme avancé, ouvrent en effet des instructions judiciaires contre quelques grands pétroliers privés qui auraient fourni aux autorités des chiffres faux sur les stocks de pétrole disponible, entretenu artificiellement le blocage de la distribution des produits (dans l'attente d'un relèvement des prix) et subventionné les partis au pouvoir ou certaines personnalités politiques. Les documents saisis au cours de perquisitions semblent confirmer les faits.

Le président de la Chambre, Pertini, demande que l'enquête soit menée « rapidement et jusqu'au bout ». Les dossiers sont transmis, en février, à une commission d'enquête parlementaire, qui réduit le nombre des parlementaires inquiétés. Mais très vite l'affaire retombe. Le 11 avril, la Chambre adopte une loi sur le financement des partis politiques proposée par les démocrates-chrétiens ; 45 milliards de lires seront débloqués à cette fin pour tous les partis qui sont représentés au Parlement. Toute autre forme de contribution extérieure est interdite, et chaque année les budgets doivent être publiés. Qu'une amnistie générale proclamée pour les délits de corruption intervienne après cette loi, nul n'en doute.

Procès

Simultanément, de vieilles affaires reviennent à l'actualité. Ainsi, l'origine des attentats du 12 décembre 1969, à Milan et à Rome, demeure inconnue (Journal de l'année 1969-70) ; mais le procès de Pietro Valpreda, l'anarchiste qui en a été accusé, commence en mars devant la cour d'assises de Catanzaro. Il se traînera en plusieurs sessions, jusqu'au moment où la Cour de cassation prescrira d'y joindre le procès contre Freda et Ventura, accusés du même forfait. Mais ces deux derniers sont des militants d'extrême droite, et la culpabilité de Valpreda n'est plus depuis longtemps soutenue par personne. Sans doute, en droit, n'est-il pas permis d'ouvrir deux procès sur la même affaire. On ne voit pas, néanmoins, comment il sera possible de démontrer un lien quelconque entre ces accusés.