Quant aux Irlandais, ils ont envoyé à la Chambre, sur les 12 sièges qui leur reviennent, 11 députés extrémistes, portant ainsi un rude coup aux tentatives de réconciliation entre catholiques et protestants lancées sous l'égide du gouvernement conservateur. Au total, 24 divers parmi les 635 députés des Communes, soit 14 de plus qu'en 1970.

Succession

En dépit de son échec, Edward Heath ne désespère pas de conserver le pouvoir en offrant aux libéraux, puis aux nationalistes et aux Ulstériens, de constituer un gouvernement de coalition (qui aurait été néanmoins minoritaire). Il se heurte à une fin de non-recevoir. Harold Wilson n'attend que la fin du quadrille de son adversaire pour accepter la succession. Son gouvernement est constitué sur-le-champ. La crise n'en avait pas moins duré cinq jours, et sa solution est accueillie avec un certain soulagement.

Dans ce climat de résignation, les premières mesures de la nouvelle équipe lui valent un crédit favorable : solution rapide du conflit des mineurs, stabilisation des prix de certaines denrées alimentaires vitales, annonce de l'abrogation de la loi antigrève au profit d'une charte du travail, blocage des taux des prêts hypothécaires.

Le nouveau secrétaire au Foreign Office attaque, comme promis également, sur le front européen en demandant la renégociation des conditions de l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun sur trois points clefs : la participation au budget des Neuf, la politique agricole et les relations avec le Commonwealth.

Néanmoins, la marge de manœuvre du gouvernement travailliste est trop étroite pour permettre la mise en œuvre d'une véritable politique de réforme. Plusieurs échecs devant les Communes, à la fin du mois de juin, ouvrent virtuellement la campagne pour de nouvelles élections.

Ulster

Après le grand espoir né des élections provinciales de juin 1973 et de l'établissement de relations confiantes entre Londres et Dublin, la situation en Irlande du Nord connaît de nouveaux coups d'accordéon spectaculaires pendant l'automne et l'hiver, et retourne à la confusion au début du printemps 1974.

La nouvelle assemblée provinciale qui est sortie des urnes au début de l'été est pourtant encourageante : pour la première fois, les catholiques modérés forment, avec le SDLP (Parti travailliste social-démocrate), un groupe parlementaire uni de 19 députés. Les unionistes, qui monopolisaient presque le précédent Parlement, se retrouvent divisés en trois tendances rivales : 24 députés unionistes officiels, 8 dissidents et 18 loyalistes de la coalition formée par les partisans du pasteur Paisley et de William Craig.

La majorité du nouveau Stormont (les unionistes officiels, le SDLP, plus 1 député travailliste et 8 représentants du parti interconfessionnel de l'alliance) est favorable au partage du pouvoir entre les deux communautés de la province, clef de voûte de la nouvelle politique de Londres.

Partage

Mais, très vite, les anciennes querelles politiques et personnelles vont renaître au Parlement provincial. Le secrétaire d'État britannique, William Whitelaw, toujours conciliant mais ferme sans en avoir l'air, entreprend la rude tâche de former le nouvel exécutif tandis que les violences continuent et que Londres connaît pendant l'été une nouvelle série d'attentats à l'explosif et aux engins incendiaires qui vise particulièrement les banques, les gares et même la Bourse.