Les étudiants (20 000 diplômés par an pour 10 000 emplois) ont fait éclater le mécontentement général : cadres exclus par les généraux-hommes d'affaires de la vie économique (le maréchal Charusathien siégeait dans 50 conseils d'administration) ; jeunes officiers pâtissant de la corruption de leurs chefs ; paysans sans terre (56 %) ; classe moyenne paupérisée par les privilégiés. Dans les huit premiers mois de 1973 éclatent 800 mouvements de grève.

Économie

L'inflation mondiale fait apparaître la fragilité du système thaïlandais, fondé sur une coopération trop exclusive avec Washington et Tokyo. Les Japonais détiennent, à eux seuls, 12 % des capitaux et le tiers des investissements étrangers ; 100 000 civils environ travaillent pour l'armée américaine (premier employeur). Or, conséquence des accords de Paris, d'ici à la fin de 1974, entre 5 000 et 10 000 soldats auront quitté la Thaïlande. Le retrait total des 46 000 hommes entraînera une augmentation de 15 % du chômage.

Fin janvier, le texte de la Constitution est rejeté par l'Assemblée nationale et les étudiants. Ces derniers lui reprochent d'être « antidémocratique ». Le vote d'un nouveau texte ainsi que les élections générales sont repoussés à janvier 1975.

La hausse du coût de la vie se poursuit, la corruption n'a pas cessé (malgré un excédent de 1,5 million de tonnes, le riz coûte 50 % plus cher). En avril 1974, le licenciement de 2 000 enseignants provoque une nouvelle crise. Le gouvernement démissionne le 22 mai. Malgré lui et à la demande du roi, Sanya Dharmasakti reprend sa démission le 24.

Il écarte à la Défense le maréchal Chullasapya, proaméricain, et conserve aux Affaires étrangères Charron Phan Issarangkul. C'est à lui que Bangkok doit, en 1973, l'ouverture de relations commerciales avec Pékin.

Le problème politique majeur pour le pouvoir est d'intégrer dans la vie politique des forces nouvelles et l'opposition : groupement du peuple pour la démocratie (les intellectuels), centre national étudiant, communistes et nationalistes du Front patriotique thaïlandais, dont les 7 500 rebelles armés tiennent 38 provinces sur 71, et autonomistes musulmans du Sud.

Turquie

Ankara. 37 010 000. 48. 2,5 %.
Économie. PNB (71) 328. Production : G (71) 164 + A (*71) 134 + I (66) 170. Énerg. (*71) : 516. C.E. (71) : 6 %.
Transports. (*71) : 5 738 M pass./km, 5 748 M t/km. (70) : 147 000 + 164 400.  : 743 000 tjb. (*71) : 534 M pass./km.
Information. (71) : 432 quotidiens. (71) : 3 856 000. (71) : 102 000. (71) : 654 000.
Santé. (71) : 16 514.
Éducation. (69). Prim. : 4 905 107. Sec. et techn. : 1 185 633. Sup. : 160 334.
Institutions. République proclamée le 20 avril 1924. Constitution de 1961, amendée le 20 septembre 1971. Président de la République : Fahri Koruturk, élu le 6 avril 1973, succède à Cevdet Sunay. Président du Conseil : Bulent Ecevit.

Élections

Les élections législatives du 14 octobre 1973 marquent le retour à la normale, après un intervalle de plus de trente mois, provoqué par l'intervention des militaires de mars 1971. À la surprise générale, la consultation fait perdre au Parti de la justice, conduit par Suleyman Demirel, la majorité absolue des sièges qu'il détenait depuis 1965. Le grand vainqueur est le Parti républicain du peuple de Bulent Ecevit, qui demeure toutefois minoritaire au sein de l'Assemblée nationale avec ses 185 sièges sur un total de 450. Les trois partis de droite (Parti de la justice, Parti démocratique et Parti de la confiance) sont en fait théoriquement majoritaires, mais sont trop divisés pour pouvoir constituer une coalition viable.

Pressenti en premier lieu par Fahri Koruturk, le chef de l'État, le leader du PRP, Bulent Ecevit, s'adresse au début de novembre au Parti du salut national (PSN), formation islamique et socialisante, avec l'espoir que cette dernière, qui a obtenu 48 sièges à l'Assemblée, lui fournirait l'appoint nécessaire à une majorité stable. Après l'échec de cette tentative, Suleyman Demirel est à son tour chargé, le 13 novembre, de former une coalition de droite. Il renonce à son projet cinq jours plus tard, n'ayant pu obtenir le concours du Parti démocratique de Ferruh Bozbeyli (45 députés), issu en 1970 d'une dissidence de l'aile droite du Parti de la justice. Les élections municipales et départementales du 9 décembre consolident la position du PRP, qui retrouve le succès qu'il avait remporté aux élections législatives du 14 octobre.