Cependant, c'est la présence massive des fedayin palestiniens au Liban, devenu leur principale base opérationnelle, qui provoque davantage les tensions entre Beyrouth et Jérusalem.

Deux chasseurs israéliens interceptent, le 10 août 1973, une Caravelle de la Middle East Airways et l'obligent à atterrir sur le terrain d'Haïfa. L'objectif de l'opération ? Mettre la main sur certains dirigeants palestiniens (dont le Dr Georges Habache) : mais ceux-ci avaient renoncé, à la dernière minute, à prendre place dans l'appareil.

Terrorisme

Le 23 octobre, Golda Meir révèle que, pendant la guerre, 47 localités israéliennes avaient été bombardées par des irréguliers à partir du territoire libanais, que 23 civils et soldats avaient été tués ou blessés, et elle adresse une sévère mise en garde au gouvernement de Beyrouth.

Le général Dayan adresse à Beyrouth, le 13 avril, une sorte d'ultimatum après la sanglante opération contre Kyriath-Shmoneh, perpétrée par des militants du FPLP-Commandement général. « Des attaques répétées par les terroristes à partir du territoire libanais contraindraient Israël à désorganiser entièrement la vie civile au Liban-Sud », déclare le ministre de la Défense. Les raids de représailles, commencés le 12 avril, se poursuivent d'une manière intermittente jusqu'à la mi-juin et s'intensifient surtout dans les jours qui suivent le raid terroriste contre l'école de Maalot. L'un deux (celui du 16 mai) aurait fait une quarantaine de morts dans les camps de réfugiés palestiniens.

Ni les bombardements israéliens ni les sévères avertissements n'altèrent les relations, apparemment bonnes, entre les pouvoirs publics de Beyrouth et les diverses organisations palestiniennes, qui poursuivent leurs activités normalement. Le Premier ministre s'en explique en rappelant que, contrairement aux autres pays arabes, le Liban ne peut se permettre d'engager une épreuve de force avec les Palestiniens, lesquels, précise-t-il, « constituent pour nous un problème intérieur en raison de leur importance numérique ». En réalité, les pays frères souhaitent que le Liban continue à abriter les fedayin aussi longtemps que le problème palestinien n'aura pas été résolu. C'est le cas de la Syrie, qui avait rouvert ses frontières avec le Liban le 17 août, après un blocus de cent un jours, décrété précisément en guise de représailles contre la politique de Beyrouth hostile à la résistance palestinienne. C'est le cas aussi de l'Égypte et de l'Arabie Saoudite, dont les bonnes dispositions sont indispensables à l'économie et à l'équilibre politique du Liban. L'URSS, enfin, dont le soutien aux fedayin va croissant, pèse en faveur de ces derniers.

Le gouvernement de Beyrouth a, de toute évidence, hâte de normaliser ses rapports avec Israël.

Dès décembre, les dirigeants multiplient les déclarations, dans lesquelles ils font valoir leur droit de participer à la conférence de Genève, du moins, disent-ils, dans sa phase finale.

Contestation

Le gouvernement que forme, le 8 juillet 1973, Takieddine Sohl comprend près du quart des députés (22 ministres) et les représentants de tous les groupes confessionnels et des grandes tendances politiques. C'est à ce prix que le pays échappe à une crise de régime.

La situation ne s'assainit pas pour autant. Les 18 et 19 décembre, l'armée intervient pour rétablir l'ordre à Tripoli, la seconde ville en importance du pays, où des sabotages et des attentats sont perpétrés par un groupe de tendance baasiste. La grève générale, décrétée par les mouvements de gauche, ainsi que les manifestations populaires qui se déroulent le 21 décembre prennent par moments une allure insurrectionnelle.

Le clivage confessionnel traditionnel paraît céder la place à une lutte de classes opposant les nantis aux travailleurs, sans distinction de religion. Le 18 février, le gouvernement rompt avec une pratique en vigueur depuis 1943 : il annonce que les postes administratifs seront désormais attribués aux plus méritants, et non selon des quotas confessionnels, décision qui provoque les protestations de certains chefs de la communauté maronite.