Les retrouvailles entre les deux princes demi-frères, après onze ans de séparation, ne se sont pas réalisées sans que de longues tractations aient permis de traduire dans les textes et dans les faits l'accord de principe du 21 février 1973 sur « le rétablissement de la paix et de la concorde nationale ».

En effet, bien que les Américains aient approuvé cet accord, la droite laotienne n'avait pas désarmé et espérait remettre en question les difficiles négociations engagées entre les deux parties. Le 20 août 1973, le général Thao Ma, ancien chef de l'aviation, tente un coup d'État, moins, expliquent ses partisans, contre le prince Phouma que contre le Pathet Lao. En quelques heures la rébellion est matée, et onze putschistes sont passés par les armes. Sans hésitation, les États-Unis ont donné tout leur appui au gouvernement légal, mettant ainsi en garde les militaires et les grandes familles contre tout aventurisme. Mais les révolutionnaires ne sont pas convaincus de leur sincérité, et ce n'est que le 14 septembre que les deux camps signent un protocole d'accord jetant les bases du nouveau régime.

Celui-ci prévoit notamment :
– un gouvernement provisoire d'union nationale comprenant douze ministres (cinq de chaque camp et deux neutralistes). Les cinq de chaque camp sont assistés d'un secrétaire d'État de la partie adverse ;
– un Conseil politique national de coalition de quarante-deux personnalités : seize de chaque camp et dix neutralistes. Ce conseil a pour tâche de « discuter et de présenter ses vues au gouvernement », lequel doit « examiner et exécuter rigoureusement les recommandations du conseil » ;
– les deux organismes sont « indépendants l'un de l'autre et égaux ».

Réconciliation

Rien ne s'oppose plus, dès lors, à la mise en œuvre de ce protocole. En réalité, il faudra six mois pour que le gouvernement et le conseil soient constitués, six mois au cours desquels des groupes mixtes ont peu à peu créé les conditions de son application, c'est-à-dire : neutralisation effective des deux capitales du royaume, Vientiane et Louang Prabang, mise en place progressive d'une police et d'une administration bipartite.

Cette lente élaboration de la nouvelle structure de l'État a ainsi permis un passage, sans trop de heurts et de problèmes, d'une lutte fratricide à une réconciliation et un partage du pouvoir qui, pour l'instant tout au moins, satisfait les deux camps. Le prince Souphanouvong exerce la présidence du Conseil politique national et se trouve à égalité avec le chef du gouvernement.

Ce n'est sans doute pas la première fois que l'on assiste au Laos à une réconciliation des deux frères. Celle-ci a cependant plus de chance de durer que les précédentes, le Pathet Lao ayant obtenu dans la direction du pays une place et des garanties qu'il n'avait jamais eues.

Il reste que l'équilibre et l'avenir du petit royaume laotien ne dépendent pas seulement de lui-même et de la bonne volonté des deux camps en présence. Il est, vaille que vaille, solidaire de ses voisins : à l'ouest, la Thaïlande pro-américaine où la guérilla se développe ; à l'est, les deux Viêt-nams (qui n'ont pas trouvé le chemin de la paix) ; au sud, le Cambodge où la guerre continue.

Liban

Beyrouth. 2 960 000. 285. 2,9 %.
Économie. PNB (70) 533. Énerg. (*71) : 841. C.E. (70) : 17 %.
Transports. (*71) : 7 M pass./km, 27 M t/km. (*71) : 146 300 + 17 500.  : 117 000 tjb. (*71) : 1 028 M pass./km.
Information. (70) : 52 quotidiens. (71) : *605 000. (71) : *300 000. (70) : 86 600 fauteuils ; fréquentation : 49,7 M. (71) : 300 000.
Santé. (69) : 1 831.
Éducation. (69). Prim. : 450 499. Sec. et techn. : 150 875. Sup. : 38 519.
Institutions. République indépendante le 1er janvier 1944. Constitution de 1926. Président de la République (traditionnellement chrétien maronite) : Soliman Frangié, élu le 17 août 1970 ; succède à Charles Helou. Premier ministre (traditionnellement musulman sunnite) : Takieddine el Sohl.

Face aux contrecoups de la guerre du Kippour

Bien que se tenant à l'écart de la guerre d'octobre, le Liban n'en subit pas moins le contrecoup. Pendant les hostilités, l'aviation israélienne survole à plusieurs reprises des portions du territoire libanais, limitrophes de la Syrie. Le 18 octobre 1973, des hommes-grenouilles non identifiés sabotent, au large de Beyrouth, les câbles de télécommunications qui relient le Liban à l'Europe et aux États-Unis.