En guise de rétorsion contre la politique de Washington, favorable à Israël, le gouvernement de Manàma annonce, le 20 octobre, la fermeture de la base navale américaine de Joufeir et l'abrogation du traité, conclu en décembre 1971 avec les États-Unis, aux termes duquel des unités de la flotte américaine bénéficient de facilités techniques. Le décret gouvernemental ne fixe cependant pas de date pour le départ définitif des bâtiments américains.

Le Pentagone ne donne pas de suite à la décision de Bahreïn, en faisant valoir que le traité liant les deux pays prévoit un préavis d'un an pour son abrogation. Les négociations à ce sujet se poursuivaient encore en juin 1974.

Élections

L'évolution intérieure laisse présager de nouvelles tensions entre Manàma et Washington. La nouvelle Constitution, qui est entrée en vigueur le 6 décembre 1973, réduit les pouvoirs du souverain, généralement bien disposé à l'égard des États-Unis. La victoire des candidats progressistes aux élections législatives du 7 décembre (les premières dans l'histoire de la principauté qui se tiennent sur la base du suffrage universel) renforce l'opposition nationaliste. Bien qu'aucun parti politique ne soit autorisé, les dix membres du Bloc populaire de gauche sont tous élus. Trente des 44 députés que compte l'Assemblée nationale sont désignés par le suffrage populaire, les autres sièges revenant d'office aux membres du gouvernement. Ce dernier, qui entre en fonctions le 15 décembre, est constitué pour moitié de membres de la famille régnante, qui s'attribuent les principaux portefeuilles.

Le budget de l'État 1974-75, qui s'élève à 53 millions de dinars bahreini (soit en augmentation de 63 % par rapport au précédent), consacre près de la moitié de ses crédits au développement et aux services sociaux. Cependant, le mécontentement populaire persiste en raison d'un taux d'inflation évalué officiellement à plus de 20 % en 1973.

Bangla Desch

Dacca. 60 670 000. 425.
Transports. (69) : 3 319 M pass./km, 1 570 M t/km. (69) : 22 400 + 14 400.
Santé. (69) : 7 893.
Institutions. État indépendant le 16 décembre 1971. République démocratique parlementaire. Constitution du 16 décembre 1972. Président de la République : Mohammadullah ; succède, le 24 décembre 1973, à Abu Sayed Chowdhury, démissionnaire. Premier ministre : cheikh Mujibur Rahman.

Violence

Une économie toujours vacillante, l'insécurité, la désorganisation quasi générale de l'État, aggravée par la maladie du père de la Nation, marquent la deuxième année d'indépendance du Bangla Desh. Rentrant d'un mois d'absence après un traitement médical (pour bronchite) à Moscou, Mujibur Rahman, le 24 avril 1974, décrète pour trois mois la loi martiale, qui renforce les mesures d'exception prises en septembre.

Encourageant la création d'une milice et de groupes d'autodéfense, le gouvernement reconnaît la faillite des forces régulières (85 000 hommes), qui ne peuvent contenir la violence. On ne compte pas moins de 2 000 attentats en dix-huit mois, qui provoquent la mort de 5 000 personnes. À Dacca, en février, on arrête les chefs du PSN (Parti socialiste national), Abdur Rab et le major Ali, âgés tous deux d'une trentaine d'années. Pour la Ligue awami, qui a formé avec ses deux alliés prosoviétiques, le PC et le NAP (marxiste) de Muzzafar Ahmed, la nouvelle coalition gouvernementale, la « troïka », le PSN reste l'adversaire numéro un.

Les règlements de compte ont lieu aussi entre clans de la majorité. De janvier 1973 à avril 1974, l'université de Dacca est le théâtre d'incidents graves ; le 5 avril 1974, 7 étudiants sont extraits de leur dortoir et abattus d'une rafale de mitrailleuse. Ils appartiennent tous à la Ligue des étudiants du Bangla Desh.

Aggravées par la corruption, la hausse des prix et la disette s'accentuent. Le riz passe de 1 franc à 2 francs le kilo. La ration moyenne tombe à 400 grammes par jour. La pénurie de tissu est telle qu'un certificat de décès est exigé pour le suaire des morts.

La récolte de riz est bonne en 1974, supérieure de 1,5 million de tonnes à celle de 1973. Il faut pourtant importer en raison de l'incurie des transports et des prébendes des intermédiaires. Les Nations unies fournissent 2,3 millions de tonnes sur deux ans, les Indiens dans l'année 800 000 tonnes, et les Soviétiques 200 000.

Aide

L'URSS et l'Inde renforcent leur aide financière et leurs échanges commerciaux avec le Bangla Desh. La sollicitude de Moscou (dont les navires continuent de mouiller à Chittagong) et de Delhi accentuent les sentiments anti-indiens et antisoviétiques. Toujours est-il que Dacca semble vouloir se dégager de cette amitié en se tournant vers l'Asie du Sud-Est et l'Extrême-Orient (adhésion au pacte de Colombo, collaboration avec le Japon).