Cette attitude du nouveau régime pourrait dissimuler des difficultés internes. Le contrôle des prix, auquel il s'est attaqué, ne peut être efficace que grâce à une administration honnête. À cette fin, de meilleurs salaires sont nécessaires. Daoud a promis de doubler ceux des fonctionnaires, mais encore faut-il des rentrées fiscales plus importantes. L'impôt foncier, par exemple, est inexistant, alors que 90 % des Afghans vivent de l'agriculture.

L'autorité de Mohamed Daoud sera-t-elle suffisante pour imposer des réformes profondes aux forces conservatrices (grandes familles, chefs religieux) ? Sinon, ne risque-t-il pas d'être débordé sur sa gauche ?

Au printemps 1974, le bruit circulait que le coup d'État de juillet 1973 n'était pas l'œuvre de Mohamed Daoud, mais d'un petit groupe de jeunes officiers de cette armée de 84 000 hommes, entraînée par les Soviétiques, et dont les cadres ont été formés à Moscou. L'opération terminée, ils auraient proposé à Daoud de prendre le pouvoir.

Arabie Saoudite

Riyad. 7 965 000. 4. 2,7 %.
Économie. PNB (68) 487. Production (70) : G 197. Énerg. (*71) : 988.
Transports. (70) : 39 M pass./km, 34 M t/km. (70) : 64 900 + 50 400. (*71) : 342 M pass./km.
Information. (71) : 5 quotidiens ; tirage global : 55 000. (71) : *87 000. (71) : 82 000.
Santé. (68) : 663.
Éducation. (69). Prim. : 397 153. Sec. et techn. : 79 469. Sup. : 6 942.
Institutions. État indépendant depuis 1927. Monarchie constitutionnelle. Constitution édictée en 1926. Souverain et chef de l'exécutif : Fayçal ibn Abd ul Aziz ; succède à son frère Saoud, déposé le 2 novembre 1964.

Un rôle primordial dans le monde arabe

La guerre d'octobre permet à l'Arabie Saoudite d'émerger comme une puissance majeure au sein du monde arabe. Le rôle du roi Fayçal durant le conflit est, en effet, capital. Il finance largement l'effort de guerre de la Syrie et de l'Égypte, dont il est le principal allié. Il est le seul chef d'État que les présidents Sadate et Assad avaient mis au courant des préparatifs militaires, le seul aussi qui ait connu à l'avance la date des hostilités.

Leader

La place privilégiée qu'occupe le vieux monarque dans la région tient à plusieurs facteurs : depuis la défaite de l'Égypte en 1967, et surtout depuis la mort de Nasser, en septembre 1970, le roi Fayçal s'impose comme le candidat le mieux placé pour succéder au leader du monde arabe ; protecteur des Lieux saints et principal défenseur de l'orthodoxie islamique, son rôle dans l'univers musulman est prépondérant ; grâce à son prestige et aux moyens financiers dont il dispose, son influence est grande en Afrique. Par-dessus tout, souverain d'un pays qui recèle les plus grandes réserves mondiales d'hydrocarbures, l'influence du roi Fayçal sur la scène internationale, en particulier aux États-Unis, dont il est le précieux allié, pourrait être décisive.

L'Arabie Saoudite joue ut rôle de leader dans la guerre du pétrole ; elle réduit sa production pétrolière de 10 %, ensuite de 25 % (alors que la conférence des producteurs arabes, tenue le 17 octobre 1973, ne recommandait qu'une baisse de 5 % mensuels) et prend l'initiative, avant d'autres pays « frères », d'arrêter les livraisons aux États-Unis, au Portugal et à l'Afrique du Sud. Le 8 novembre, le roi Fayçal informe Henry Kissinger que l'embargo sera maintenu jusqu'à l'évacuation totale des territoires occupés par Israël ; le 22 novembre, son ministre du Pétrole, Zaki Yamani, menace de réduire la production de 80 % si les pays occidentaux prenaient des mesures de rétorsion, et de saboter les puits de pétrole si les États-Unis devaient intervenir militairement.

Intérêts

Le comportement des dirigeants saoudiens s'explique par une conjonction d'intérêts économiques, financiers et politiques. L'impasse dans laquelle se trouvait le conflit du Proche-Orient dans les mois qui ont précédé la guerre d'octobre, leur propre passivité avaient ébranlé le régime de Riyad. Des fedayin, pour la première fois, s'attaquaient aux ambassades saoudiennes à l'étranger : celle de Khartoum en mars 1973, puis, à Paris, en septembre 1973. Des diplomates saoudiens ont été pris en otage. On craignait, à Riyad, le sabotage de puits pétroliers, voire des tentatives d'assassinat dirigées contre des personnalités saoudiennes.