Asie

Afghanistan

Kaboul. 17 880 000. 27. 2,3 %.
Économie. PNB (63) 60. Production (*71) : A 109. Énerg. (*71) : 27.
Transports. (69) : 30 800 + 18 200. (*71) : 166 M pass./km.
Information. (70) : 18 quotidiens ; tirage global : 101 000. (68) : *248 000. (70) : 12 000 fauteuils ; fréquentation : 19,2 M. (71) : 21 000.
Santé. (71) : 937.
Éducation. (70). Prim. : 540 687. Sec. et techn. : 121 699. Sup. : 7 397.
Institutions. État indépendant depuis 1921. Un coup d'État militaire, le 17 juillet 1973, dirigé par le général Sadar Mohamed Daoud Khan renverse le roi Mohamed Zahir Chah, son cousin et beau-frère. La république est proclamée, la Constitution de 1965 est abolie, le Parlement dissous. Chef de l'État : Sadar Mohamed Daoud Khan.

Le prince Mohamed Daoud proclame la république

Deux brigades de parachutistes et une division blindée, animées par une cinquantaine de jeunes officiers, déposent Mohamed Zahir Shah dans la nuit du 16 au 17 juillet 1973.

Le roi, âgé de 58 ans, suit à l'époque un traitement médical en Italie. Dans Kaboul endormie, les militaires s'emparent rapidement des bâtiments publics, n'échangeant que quelques coups de feu avec la garde royale. On dénombrera une quarantaine d'hommes tués ou blessés, les seules victimes du coup d'État dont la population n'apprend l'existence qu'au matin.

Objectifs

Le nouveau maître qui prend les pleins pouvoirs (chef du gouvernement, ministre de la Défense et des Affaires étrangères) et proclame la république n'est pas un inconnu : il s'agit de Sardar (prince) Mohamed Daoud, 64 ans, Premier ministre de 1953 à 1963, beau-frère et cousin du roi ; tous deux appartiennent à la grande famille des Mohamadzaïas. Dans la population, que ces événements laissent indifférente, on pense plutôt à une révolution de palais.

Le coup d'État de Kaboul est sans doute davantage. Mohamed Daoud promet au pays la démocratie et l'élévation du niveau de vie. Le second objectif sera plus difficile à atteindre. L'Afghan a un des revenus les plus bas du monde : 30 F par mois en moyenne. Dix pour cent de la population seulement sait lire, et sur deux nouveau-nés l'un n'atteint pas l'âge de cinq ans...

La corruption est de règle dans ce système féodal où les affaires se traitent par l'intermédiaire des courtisans, qui empochent les bénéfices des ventes de tapis, fourrures et pierres précieuses, les trois principales richesses naturelles.

Mohamed Daoud doit donc s'employer à assainir la vie politique et revitaliser l'économie. Il a déjà fait une tentative vers les années 1950. 4 000 experts soviétiques, 1 000 américains et 300 allemands de l'Ouest apportent leur contribution à l'Afghanistan. Sans doute à cause de l'insistance des États-Unis, qui veulent l'amener dans le CENTO, Mohamed Daoud se tourne davantage vers l'URSS. L'aide économique et militaire soviétique (7,5 milliards de francs, ces vingt dernières années) est le triple de l'aide américaine.

Aide

Les États-Unis construisent une route et un aéroport au sud, les Soviétiques deux aéroports, dont un militaire, et deux routes stratégiques, au nord, dont on s'aperçoit qu'elles sont assez solides pour supporter le passage de chars. Les Soviétiques contrôlent, d'autre part, les gisements de gaz naturel du nord du pays (estimés à 60 milliards de mètres cubes). Comme les routes, les gazoducs franchissent la frontière et alimentent directement l'URSS, qui, en contrepartie, fournit à l'Afghanistan son pétrole. Des mines de fer à ciel ouvert attendent aussi d'être exploitées.

Les Soviétiques ont-ils aidé Daoud à prendre le pouvoir ? Le nouveau chef de l'Afghanistan nie toute influence étrangère dans le changement intervenu à Kaboul. Les observateurs remarquent néanmoins qu'après l'Inde et le Bangla Desh l'Afghanistan constitue un nouveau pion pour l'URSS vers le sud, en direction de l'océan Indien, sur les arrières de la Chine.

Très vite, Mohamed Daoud fait du Pakistan (allié de la Chine) sa cible. Les Pathans (ou Pachtouns) forment une ethnie que l'on rencontre de chaque côté de la frontière et qui domine l'Afghanistan depuis le XVIIIe siècle. Pathan lui-même, Mohamed Daoud (et Radio-Kaboul) multiplie les appels à l'irrédentisme des frères séparés.