La note soviétique ajoutait en effet que l'URSS est toute prête à déployer des efforts pour obtenir que l'OLP (qualifiée de seule autorité légitime représentant le peuple palestinien) occupe un siège à la conférence de Genève. Une délégation représentant la plupart des organisations de fedayin, et dirigée par Yasser Arafat, se rend à Moscou le 19 novembre, précisément pour discuter de ce problème. Mais ce n'est qu'en mai (à la suite de deux rencontres entre Yasser Arafat et Andrei Gromyko à Damas) que le leader de l'OLP est officiellement invité à se rendre à Moscou, non pas par le comité de solidarité afro-asiatique, comme cela a été le cas jusque-là, mais par le gouvernement soviétique.

Diverses déclarations, allusions ou indiscrétions indiquent dès le mois de novembre que les dirigeants des trois principales organisations de la résistance (le Fath, la Saeka et le FDPLP) sont disposés à participer, sous certaines conditions, à la conférence de Genève. Leurs analyses de la conjoncture arabe et internationale les auraient conduit à considérer qu'un règlement de compromis était devenu inéluctable et qu'il valait mieux revendiquer la Cisjordanie et Gaza que d'abandonner ces territoires à la tutelle du roi Hussein.

Tendances

Les principaux adversaires de ces réalistes sont les dirigeants du FPLP (du Dr Georges Habache), du FPLP-commandement général (d'Ahmed Jebril) et du Front de libération arabe (pro-irakien), lesquels prônent une lutte armée jusqu'au-boutiste. Celle-ci est, à leurs yeux, seule capable de faire échec aux « projets liquidationnistes de l'impérialisme » ; et de donner un coup d'arrêt aux « tendances défaitistes » dans le mouvement palestinien.

Un âpre combat idéologique et politique entre les deux courants au sein de la résistance se développe tout au long du premier semestre de 1974, en petit comité ou dans des réunions publiques, qui dégénèrent parfois en empoignades. Faute d'un consensus, et craignant sans doute l'éclatement de l'OLP, Yasser Arafat et ses amis ajournent à plusieurs reprises la réunion du Congrès national palestinien (le Parlement), lequel tient finalement sa douzième session du 1er au 9 juin. À l'issue de débats orageux, les congressistes (qui représentent toutes les tendances, de l'extrême droite à l'extrême gauche) adoptent une plate-forme politique en dix points. Le document préconise l'établissement d'une autorité nationale dans les territoires qui seront libérés et laisse prévoir la participation de la résistance à la conférence de Genève, si cette dernière traite le problème palestinien comme étant celui des droits nationaux d'un peuple et non sur la base de la résolution 242 qui en fait un problème de réfugiés.

Pour la première fois, un représentant de Cisjordanie (le pasteur protestant Elia Khoury, expulsé par les autorités israéliennes le 8 décembre) est élu au comité exécutif de l'OLP. Pour la première fois aussi, Yasser Arafat déclare, le 5 juin 1974, devant le Conseil national palestinien, qu'il est prêt à se rendre à la conférence de Genève si telle était la volonté du Conseil. Le 3 juin, cependant, le nouveau président du Conseil israélien déclarait : « Israël ne va pas négocier à Genève avec des représentants d'organisations terroristes, qu'ils soient participants ou observateurs. »