L'attaque lancée le 15 mai contre la localité de Maalot par des militants du FDPLP de Nayef Hawatmeh traumatise les Israéliens et suscite une vive émotion à travers le monde. Les terroristes s'emparent d'une centaine d'adolescents, se barricadent dans une école du village et menacent d'exécuter leurs otages si les autorités de Jérusalem ne libéraient pas 24 Palestiniens et 2 juifs israéliens (favorables à la résistance) internés. Les adolescents ne seraient rendus à leurs familles qu'une fois que les prisonniers libérés auraient été transférés dans une capitale étrangère, de préférence Nicosie ou Damas. Les autorités israéliennes acceptent les conditions des terroristes dans un premier temps. Puis une confusion se produit et l'école est prise d'assaut. Les 3 fedayin sont tués ainsi que 24 de leurs otages. Une enquête est ouverte par les autorités israéliennes pour déterminer les responsabilités de ce massacre.

Les infiltrations de fedayin se poursuivent. Six d'entre eux sont tués par une patrouille israélienne le 22 mai ; 4 autres sont abattus le 8 juin. Le commando qui attaque, le 13 juin, le kibboutz de Chamir est également liquidé, mais seulement après qu'il ait provoqué la mort de 3 femmes.

L'OLP ne condamne aucune des opérations menées en Israël ou dans les territoires occupés et parfois, même, les approuve explicitement. Les gouvernements arabes ne prennent aucune mesure répressive contre les auteurs des attentats, soit parce qu'ils souhaitent exercer des pressions sur Israël, par le truchement des fedayin, soit parce qu'ils tiennent à ménager les organisations de la résistance avec l'objectif de les amener à négocier un règlement.

Évolution

Dès le 16 octobre, en pleine guerre, le président Sadate déclare, dans une allocution radiodiffusée, qu'il essaiera de « convaincre nos frères de combat (...), les représentants du peuple palestinien », de participer à la conférence de la paix dont il suggère la convocation. La quasi-totalité des chefs d'États arabes paraissent souhaiter une telle évolution. Réunis à Alger, ils proclament, le 28 novembre, dans une résolution, que la paix implique notamment le « rétablissement du peuple palestinien dans ses droits nationaux ». En s'abstenant de définir ces droits et en désignant l'OLP comme « le seul représentant légitime du peuple palestinien », ils paraissent formuler implicitement leur volonté de voir la centrale des fedayin négocier un règlement qui satisferait les aspirations des Palestiniens.

Sous l'impulsion des mêmes chefs d'États arabes, le sommet panislamique, réuni à Lahore le 22 février, adopte une résolution identique à celle qui a été prise trois mois plus tôt à Alger. Des pressions parallèles sont exercées sur le roi Hussein, qui finit, lui aussi, par admettre la représentativité de l'OLP et exprimer ses dispositions à renoncer, le cas échéant, à la Cisjordanie et à Gaza, destinées à faire partie d'un éventuel État palestinien.

Les efforts déployés par les gouvernements égyptien et syrien pour réconcilier le souverain jordanien avec Yasser Arafat se soldent par un échec, tout autant que les tentatives pour convaincre le président de l'OLP de constituer un gouvernement provisoire en exil, organisme qui serait appelé à envoyer des représentants à la conférence de Genève.

Réalisme

Et, si Yasser Arafat critique la décision des pays arabes, prise le 18 mars, de lever l'embargo pétrolier, il s'abstient de condamner les accords de dégagement militaire conclus entre Israël, d'une part, l'Égypte et la Syrie, de l'autre. Le leader palestinien tient visiblement à ménager tout autant les pays arabes, qui offrent à la résistance des sanctuaires indispensables à sa survie, que l'Union soviétique, laquelle lui assure un puissant soutien politique, diplomatique et, vraisemblablement, militaire.

Dès le 28 octobre, soit six jours après la fin de la guerre d'octobre, l'ambassadeur de l'URSS à Beyrouth, Azimov, a lu à Yasser Arafat une note (qu'il avait transmise la veille à Nayef Hawatmeh et Georges Habache) dans laquelle le Kremlin déclarait : « Nous invitons les représentants de la résistance à adopter une attitude réaliste et constructive qui consiste notamment à revendiquer la restitution des territoires perdus en 1967. » En d'autres termes, Moscou conviait les fedayin à substituer à leur objectif stratégique, qui consiste à démanteler l'État d'Israël, un but plus modeste, à savoir la récupération de la Cisjordanie et de Gaza.