Une partie de la population active de l'île est menacée par le chômage, les États-Unis ayant considérablement ralenti leurs achats de minerais stratégiques depuis la fin du conflit vietnamien. La crise du dollar, la mise en exploitation de nouveaux gisements asiatiques et océaniens de nickel accentuent la menace qui pèse sur les 80 000 Calédoniens. Le VIe Plan a décidé, cependant, de porter à 200 000 t la production de minerai de nickel en 1975.

Simultanément, une sévère compétition continue de se développer entre groupes internationaux rivaux, moins soucieux de mettre en exploitation les gisements calédoniens connus que de geler les réserves pour une utilisation ultérieure. Dans ces circonstances, le gouvernement français a exigé des sociétés désireuses de s'implanter un engagement d'exploitation rapide.

En septembre, les autonomistes perdent les élections à l'Assemblée nationale, à l'Assemblée territoriale, et une majorité favorable au maintien du statut politique actuel s'installe au conseil de gouvernement élu en octobre.

Les tensions entre les deux communautés mélanésienne et européenne restent vives.

Nouvelles-Hébrides

Le statut politique de l'archipel des Nouvelles-Hébrides constitue à la fois un anachronisme et une singularité juridique. Français et Britanniques, qui exercent des responsabilités communes sur ce condominium, étudient une réforme de ce statut dans le sens d'une plus large autonomie.

L'élite mélanésienne, fortement influencée par les missionnaires protestants, exige une décolonisation à laquelle le gouvernement de Londres est très favorable, par souci de désengagement.

Cependant, l'effondrement des cours du coprah, unique ressource agricole de l'archipel, affecte sérieusement la population. Celle-ci émigre de plus en plus nombreuse en Nouvelle-Calédonie dans l'espoir d'y trouver du travail. Le gouvernement français, de son côté, commence à racheter des terres à la Compagnie française des Nouvelles-Hébrides (CFNH) pour réaliser progressivement une réforme agraire destinée à freiner l'exode rural.

Comores

Les dirigeants négocient à Paris, en juin 1973, avec le gouvernement français, un calendrier prévoyant l'accession du territoire à l'indépendance avant un terme de cinq années.

Pressions externes et surenchères entre leaders politiques locaux ont conduit à cette situation irréversible. Le Mouvement de libération nationale des Comores (Molinaco), dont les animateurs possèdent plusieurs bureaux à l'étranger, a mené une vigoureuse offensive diplomatique à partir de la Tanzanie, où vit une importante minorité comorienne. Ses chefs ont harcelé les chancelleries africaines, leur demandant d'exercer des pressions sur la France pour accélérer la décolonisation. La dégradation des rapports franco-malgaches a vraisemblablement contribué à hâter ce processus.

Les leaders politiques qu'opposaient de stériles querelles de personnes ont fait une trêve dès le troisième trimestre de l'année 1972. Verts de l'Union démocratique comorienne, parti du défunt président Saïd Mohamed Cheikh, et Blancs du Rassemblement démocratique du peuple comorien (RDPC) du prince Mohamed Jaffar ont défini une plateforme commune d'action ayant pour base l'indépendance et se sont momentanément regroupés auprès de Ahmed Abdallah, ancien sénateur, successeur du prince Jaffar à la présidence du gouvernement.

Originaire de l'île d'Anjouan, nouveau chef de file des Verts, Ahmed Abdallah a mené les négociations de Paris « dans la coopération avec la France ». Représentant de la bourgeoisie d'affaires comorienne, c'est un homme modéré et son action personnelle n'est pas étrangère à la décision franco-comorienne de ménager une série de transitions avant l'accession du territoire à la souveraineté internationale.

Habile diplomate, Ahmed Abdallah espère pouvoir mettre à profit la période quinquennale pour convaincre les habitants de l'île de Mayotte, fidèles au mot d'ordre du mouvement mahorais qui condamne toute « indépendance illusoire », de rester aux côtés de leurs compatriotes de la Grande Comore, de Mohéli et d'Anjouan, et de ne pas mettre en cause l'unité de l'archipel.

Wallis-et-Futuna

La stabilité continue de régner dans ce petit archipel qui, à la suite de l'adoption d'un projet de loi, en mai 1973, est intégré plus étroitement à la métropole. Députés et sénateurs approuvent l'extension aux membres de l'Assemblée territoriale de Wallis-et-Futuna du régime de l'indemnité de fonction, tel qu'il existe déjà dans d'autres territoires d'outre-mer.